Il n'y a pas a tortiller, j'aime les enquêtes, qu'elles se passent dans la drogue et l'ultra-violence, dans la langueur du Bostwana ou encore dans une église galloise du XIIe siècle ! Je me suis donc régalée avec cette première aventure de Cadfael, moine-jardinier-détective entré dans les ordres sur le tard, après une vie de guerres, de voyages et de femmes...
Car le premier charme du livre vient de son héros, ce moine profondément bienveillant mais qui s'ennuie à la messe et encourage les jeunes gens à s'aimer. Serein, intelligent et sympathique, il pourrait être le confident ou le confesseur idéal. Sauf si on a besoin de lui pour d'autres missions, comme jouer le traducteur, voire avec des villageois ou même chercher un assassin...
L'autre intérêt, c'est cette plongée dans le Moyen-âge gallois, celui des puissantes abbayes, des reliques miraculeuses, des mariages arrangés et des rendez-vous dans la forêt. Je ne sais pas à quel point Ellis Peters s'est documentée et reflète la vérité historique, mais j'ai envie de la suivre.
D'autant plus que les travers humains intemporels sont rendus avec beaucoup de justesse et d'humour : bêtise, ambition, exaltation, envie, désespoir, honte, rouerie, lâcheté, désir... Heureusement que Cadfael et Sainte Winnifred sont là pour rattraper tout ça !
Challenge Petits plaisirs 18/xx
Commenter  J’apprécie         549
Je découvre Ellis Peters et frère Cadfael vis-à-vis desquels je lisais tant de bien.
Polar historique à l'époque du bas Moyen-Age, on se situe en Angleterre. Une abbaye cherche à tout prix des reliques. Un "signe divin" les envoie en Pays de Galles, où se trouve les restes de Ste Winifred, délaissée par les habitants aux dires des religieux. Parmi eux, Cadfael, gallois de naissance, ancien guerrier s'étant récemment mis à la vie monacale. Ses origines permettront à ses coreligionnaires d'avoir un traducteur. Il en faut un, effectivement : les débats sont de mise. Les habitants ne semblent pas vouloir que leur Sainte s'en aille. Un parmi eux, notamment, défend leur cause avec engouement. Or, voilà qu'il est assassiné peu de temps après...
L'enquête en elle-même ne m'a pas plus emballée que ça. J'ai trouvé qu'elle tardait à venir mais c'est un premier tome. Il faut donc le temps de poser le personnage. J'espère que les suivantes se mettront plus rapidement en branle. Quant aux soupçons, aux investigations, j'ai un goût de trop peu. La narration ne s'y prête pas, le lecteur ne peut pas trop se mettre dans la peau d'un enquêteur. Pour ce qui est de sa résolution, là j'ai bien aimé. Les moyens entrepris pour le révéler et les conséquences qui s'ensuivent qui, si elles ne sont pas des plus moralement acceptables sont du moins une forme de justice appréciable.
Pour ce qui est du personnage de Cadfael, lui je l'ai beaucoup aimé. On est loin du moine exalté, pieux à l'extrême. C'est un homme qui a vécu. Qui a la foi. Et qui voit dans cette vie monacale une vie qui lui satisfait pour finir sa vie. le fait qu'il soit à la fleur de l'âge et ses expériences passées lui permettent d'avoir du recul, une certaine sagesse, une vision des choses qui n'est pas manichéenne. Un point appréciable quand le protagoniste principal est un moine! Doté d'un bon sens de l'humour, il est aussi empathique, permettant des relations saines avec les autres personnages. Enfin il est aussi humble qu'intelligent. Bref, une personnalité qu'on peut difficilement ne pas apprécier.
Pour ce qui est de l'Histoire, j'ai apprécié de palper cet antagonisme Anglais / Gallois. On sent que nous avons deux cultures différentes et leurs différences sont exposées avec subtilité. On retrouve aussi cette course à la relique qui a marqué l'époque médiévale. Quand je lis un polar historique, j'aime apprendre des choses. J'en ai apprises. Je suis ravie.
Aussi vais-je continuer cette série de polar historique... Ce ne sera qu'une de plus à mon actif. ^^
Commenter  J’apprécie         353
- Sans spoilers -
En raison de mon intérêt pour le moyen-âge, les enquêtes de Cadfael sont au nombre de mes lectures policières préférées et la manière qu'a Ellis Peters de retranscrire cette époque me fait passer outre quelques défauts.
Pour les Historiens, il est bon de rappeler que s'il y a des figures historiques dans ce roman (l'Abbé Héribert entre autres), nous sommes dans une fiction policière.
Le succès de ce roman plébiscité un peu partout lui vaudra de nombreuses suites et si les personnages d'enquêteurs médiévaux ont depuis pullulé, peu seront devenus aussi populaires que Cadfael et encore moins auront été adaptés pour nos écrans (Le Nom de la Rose). Ce n'est pas un hasard. Intelligent, bienveillant et courageux, Cadfael est un personnage mémorable. J'ai lu des dizaines d'autres séries se déroulant au moyen-âge, à la renaissance et je ne me souviens ni des personnages ni des enquêtes.
Trafic de reliques bénéficie d'une excellente galerie de personnages, une enquête solide et un dépaysement médiéval très réussi même s'il manquera de profondeur pour certains lecteurs (en quoi je les comprends mais Ellis Peters ne fait pas dans le pavé).
J'aime la série des Cadfael, j'aime Ellis Peters et je vous recommande chaudement ce roman. Vous l'aurez deviné, je ne suis pas très objectif sur le sujet :)
Commenter  J’apprécie         320
Cadfael, lui, ne trouvait rien de bizarre à cette vie mouvementée ; il n’avait rien oublié et ne regrettait rien. Il ne voyait aucune contradiction entre le plaisir qu’il avait pris aux aventures et aux batailles et celui, très vif aussi, qu’il trouvait maintenant dans sa vie tranquille. Tranquillité qu’il rehaussait, il faut bien le dire, d’un zeste de malice à chaque fois que c’était possible. Il aimait en effet la cuisine relevée, mais il appréciait aussi le calme qu’il avait trouvé là. Les jeunes qui lorgnaient avec tant de curiosité chuchotaient aussi que, dans sa vie passée, il avait dû rencontrer des femmes ; et pas seulement en tant que chevalier. Était-ce là la meilleure façon de rentrer dans les ordres ?
L’herbarium1, en particulier, était son royaume ; il l’avait constitué petit à petit, depuis quinze ans, en y ajoutant des plantes exotiques qu’il avait fait pousser avec amour, et récoltées au cours d’une jeunesse aventureuse qui l’avait amené jusqu’à Venise, Chypre et en Terre sainte. Cadfael était venu tard à la vie monastique, comme un bateau en péril trouve enfin un port tranquille. Il se rendait bien compte que pendant ses premières années de couvent, novices et frères lais se le montraient du doigt avec des murmures effarés.
— Vous voyez le moine là-bas dans le jardin ? Le type râblé avec sa démarche chaloupée de marin ? A priori, on ne dirait pas qu’il a fait la croisade quand il était jeune, pas vrai ? Il était avec Godefroi de Bouillon à la prise d’Antioche. Il commandait un vaisseau quand le roi de Jérusalem tenait toute la côte de Terre sainte et il a servi contre les pirates barbaresques pendant dix ans. Difficile à croire, hein ?
- [...] Il faut faire quelque chose pour avoir aussi nos chances. Il ne faudrait pas qu’on croie au pays de Galles que Jérôme est ce qu’il y a de mieux comme moine à Shrewsbury.
Les métaux stupides que vous entassez et qui vous sont plus chers que l'honneur, ne comptez pas vous en servir pour acheter ma conscience.
Cette nuit, j’ai eu une vision miraculeuse, et je suis venu vous dire ce que la divine Providence m’a révélé. (...)
Il m’a semblé, père, que le mur de la chambre s’ouvrait et qu’une lumière étincelante apparaissait ; dans cette lumière une jeune vierge, très belle, s’est approchée du lit de notre frère, et elle m’a parlé. Elle m’a dit s’appeler Winifred, et qu’au pays de Galles il y a une source sacrée qui a jailli à l’endroit où elle a été martyrisée. Et elle a dit que si on baignait frère Columbanus dans cette eau, il guérirait sûrement. Puis elle a béni cette maison, et elle a disparu dans une grande lumière. Et je me suis éveillé.
Chapitre 1
TV Film "Cadfael", extrait