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Critique de florigny


Madame Petitcollin est très forte, c'est elle qui l'écrit. J'ajoute qu'après sa dispensable découverte, je reste durablement fâchée avec le développement personnel, sans doute à cause de mes mauvais choix, ne pouvant imaginer une seconde qu'une majeure partie de l'offre éditoriale est inepte.

Boum ! Boum ! Badaboum ! Pourquoi trop penser rend manipulable oppose surefficients aux gros cerveaux aux morveux sournois. Les surefficients sont bien sûr les clients – clients et non patients - de Christel Petitcollin à qui en deux temps et trois mouvements elle inculque de vagues notions sorties de wikipedia pour contrer tous les prédateurs dont ils sont les victimes comme par exemple répondre à certaines questions avec les tripes et non avec la tête. Quelques citations prêtées à Bouddha ou au Dalaï-Lama – on ne prête qu'aux riches – servent de cautions invérifiables, assaisonnées de l'éternel QQOQC et de l'inaltérable expérience de Milgram. Tous ces propos sont évidemment « scientifiquement prouvés » ce qui me fait penser à ces pubs où l'on voit de pseudos-dentistes-vetos-docteurs-barrez la mention inutile – qui la veille vendaient des bagnoles -, vêtus de blouses blanches, chaussés de lunettes, affublés d'un défaut de sous-titrage comme s'ils parlaient un étranger mal doublé, nous vanter par exemple les vertus d'un dentifrice aux allégations scientifiquement prouvées, fermez le ban !


Christel Petitcollin se revendique entr'autres de la thérapie provocatrice de Frank Farrelly. J'y ai vu pour ma part des méthodes brutalistes et manichéennes, bâclées, écrites avec les pieds, souvent contradictoires, étayées par des affirmations à l'emporte-pièces. Certains commentaires m'ont choquée soit à cause de l'idéologie véhiculée, soit en raison de leur formulation plus proche de la rhétorique d'un Jean-Marie Bigard que de Freud. Deux exemples pour justifier mes commentaires critiques : « On ne tape pas, on n'insulte pas. Cela devrait être fermement enseigné dès l'école maternelle, on éviterait bien des ennuis. Mais le discours des adultes à ce sujet manque de cohérence. Voilà pourquoi s'installe la loi de la jungle dans la cour de récréation ». Outre que cette affirmation ne veut rien dire, elle ne manque pas d'écornifler les enseignants. Je souhaite donc rappeler que les enseignants enseignent et que l'éducation reste le domaine de la famille. L'auteure a-t-elle jamais été confrontée à la loi de la jungle, liane entre les dents ? Personnellement, je connais de nombreuses cours de récréation y compris dans des quartiers étiquetés difficiles où règne l'harmonie grâce au boulot exemplaire d'enseignants.


Plus grave, celle qui vend ses conférences aux patrons d'entreprises qui souhaitent faire gober à leurs esclaves qu'ils prennent en compte leur souffrance au travail, se permet un commentaire sur France Telecom qui m'a révulsée : « A l'époque, on en était déjà à 30 suicides chez France Telecom. Trente salariés s'étaient foutus en l'air pour cette maudite boîte ! Devant les caméras et les micros des journalistes, Didier Lombard, le PDG déclare agacé : Il faudrait en finir avec cette mode des suicides ». Chez France Telecom, on se suicide pour être à la mode ! L'inhumanité de ces propos était tellement inconcevable que les journalistes ont pensé à un « dérapage » provenant d'une personne bouleversée ».


« On » en était déjà à... C'est qui ce on ? Les salariés « se foutent en l'air », quelle désinvolture pour parler d'hommes et de femmes qui au terme de leur détresse, ont mis fin à leurs jours, laissant conjoints, enfants et proches... Et France Telecom, grâce à la magie minimaliste de Christel Petitcollin est réduite à une maudite boîte !! Rien d'étonnant pour celle pour qui une entreprise est une boîte... Mais le pompon, c'est la chute lorsqu'elle parle des journalistes qui selon mes critères ne sont que des journaleux à la botte qui croient à « Un dérapage provenant d'une personne bouleversée ». C'est mignon et angélique, il a dû bien se marrer l'émotif Didier Lombard en lisant ça, lui qui était payé pour nettoyer les écuries d'Augias pour le compte d'actionnaires cannibales …. Et les familles ont dû se sentir soutenues dans leur létal calvaire subi...


Bref, pour Christel Petitcollin, même la méchanceté ne peut être gratuite, puisque tout se vend... Je termine sur ces truismes adaptés aux conférences vendues aux entreprises : « Le bonheur, c'est peut-être de renoncer au plaisir d'être malheureux ». Et toc ! « Soit un problème a une solution, et on la met en oeuvre, soit le problème n'a pas de solution, et, dans ce cas, ce n'est pas un problème ». Et paf ! Quoi que vous en pensiez …


Ouais, le problème c'est que j'en pense quelque chose et que le pseudo-développement personnel à marche forcée chaussé de godillots à clous n'en sort pas grandi. Au suivant !
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