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Citations sur Le coût de la virilité (53)

De nombreux enjeux majeurs seraient à analyser à l’aune du paradigme de
la virilité : excès du capitalisme et de la mondialisation, souffrance au
travail, exploitation sexuelle, et autres questions liées aux inégalités.
Le modèle viriliste a façonné l’humanité et ses sociétés depuis des
millénaires et il a, encore au XXIe siècle, des conséquences toujours plus
graves et coûteuses sur la vie de la majeure partie d’entre nous.
En refusant d’éduquer nos garçons comme nos filles, nous condamnons
l’État et la société à payer le coût de la virilité – 95,2 milliards d’euros par
an, pour rappel – et nous nous condamnons tous à être victimes des
souffrances physiques et psychologiques causées par les comportements asociaux des hommes.
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En France, d’après les estimations présentées dans cet essai, la fin du
« système viriliste » permettrait à l’État d’économiser 95,2 milliards
d’euros chaque année. Au-delà de l’aspect purement financier, des centaines
de milliers de vies seraient sauvées, des souffrances psychologiques et
physiques évitées... La virilité apparaît bien comme une entrave au
développement humain et économique des sociétés.

Ce montant paraît absolument colossal au regard du budget annuel de la
France. Il représente plus d’un tiers des recettes nettes perçues par l’État
chaque année, soit 250 milliards d’euros1. À titre de comparaison, l’ISF,
source de débats publics depuis presque quarante ans, a rapporté seulement
4,1 milliards d’euros en 20172, la réforme de l’assurance chômage doit
rapporter 4,5 milliards d’euros d’ici à 20223 et la fraude fiscale est estimée
entre 25 et 100 milliards d’euros par an.
Le gain potentiel permettrait de transformer la société de façon inédite et
de sortir des politiques de « redressement » qui consistent à augmenter les
impôts et à diminuer les dépenses de l’État – impactant fortement les
services publics –, ou à augmenter la dette publique qui représente
aujourd’hui 100 % de notre PIB, soit 2 415 milliards d’euros4. Il serait ainsi
possible, en une année, à la fois de diviser de moitié l’impôt sur le revenu
(lequel a rapporté 70,4 milliards d’euros à l’État en 20195), de rembourser
la dette des hôpitaux français qui s’élève à 29 milliards d’euros6, de
financer les trois quarts de la relance économique de l’industrie (suite à la
crise du Coronavirus) qui nécessite 40 milliards d’euros7 ou de financer la
quasi- totalité du revenu universel, estimé entre 36 et 42 milliards d’euros
par an.
Il serait tout aussi possible de financer des politiques sociales ambitieuses
qui sont au cœur des préoccupations politiques depuis des années. Le gain
potentiel correspond à la fois aux moyens nécessaires pour éradiquer la
grande pauvreté (estimée à 7 milliards d’euros par an8), combler le déficit
du système de retraite jusqu’en 2030 (qui atteindra 27 milliards par an9),
augmenter de 50 % le budget de la recherche (représentant 49,5 milliards
d’euros par an10), compléter de 15 milliards d’euros par an le budget de
l’écologie (32,2 milliards par an11) pour réussir la transition dans les
transports et le logement, financer en grande partie la prise en charge des
personnes âgées dépendantes (qui s’élève à 30 milliards par an12) qui
doublera d’ici à 2060, etc.
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La virilité a un coût. Un coût extrêmement élevé. Hommes et femmes,
nous en payons tous le prix, financier ou humain. Cette virilité qui
n’épargne personne, gangrenant notre société et notre économie, se
transmet pourtant de génération en génération. Dans un même mouvement
« schizophrénique », nous la valorisons tout en consacrant des moyens
colossaux pour enrayer ses effets négatifs. Pourquoi acceptons-nous cette
perpétuation des modèles éducatifs archaïques, cette « acculturation »
systémique des garçons à la virilité ? Pour quelles raisons consentons-nous
à dépenser des milliards d’euros pour endiguer cette violence évitable ?
Pourquoi ne refusons-nous pas les souffrances physiques et psychologiques
engendrées chaque jour par ce paradigme ? Quand cesserons-nous enfin de
promouvoir les valeurs de la virilité dans toutes les strates du modèle
social ?
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La voiture demeure fortement associée à une manifestation identitaire de
la virilité pour les hommes. Conduire est souvent pour eux l’occasion de
défier les règles : ils représentent 90,7 % des condamnés pour conduite sans permis et jusqu’à 93 % des auteurs d’infractions de 5e classe et 85,3 %
des titulaires d’un permis invalidé après retrait des points. Ils sont
responsables de la majorité des accidents de la route graves. Ils sont
fortement impliqués dans des accidents résultant de prises de risque
(accident avec dépassement ou perte de contrôle en courbe). Près d’un
tiers d’entre eux prennent des risques pour le plaisir, soit 4 fois plus que les
jeunes conductrices. La vitesse est présente chez 29 % des hommes
auteurs présumés d’accidents mortels (contre 18 % chez les femmes) et l’alcool chez 21 % d’entre eux (contre 10 % chez les femmes). Au total,
dans 8 accidents mortels sur 10, le conducteur responsable est un homme.
Et, sans surprise, ils représentent 75 % des personnes gravement blessées ou tuées sur la route. Avec de tels niveaux d’implication dans la délinquance routière, je me demande sérieusement si, à la place du A (désignant un jeune conducteur), on ne devrait pas plutôt mettre un H (désignant le sexe masculin du conducteur) tout au long de sa vie d’automobiliste !
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Du fait de leurs comportements violents ou à risque, les passages aux
urgences des hommes sont plus nombreux que ceux des femmes et
notamment en traumatologie : 63 % des hommes de 16 à 25 ans et 52 % de
ceux de 26 à 50 ans consultant un service d’urgence ont subi un
traumatisme contre seulement 43 % et 39 % des femmes des mêmes
âges. Ils constituent la majorité des victimes d’accidents dont ils sont
eux-mêmes responsables. L’alcoolisme, le tabagisme, les bagarres, les
drogues, la vitesse automobile, les sports extrêmes, etc., sont autant de
facteurs qui tuent les hommes... Ces derniers se mettent plus en danger que
les femmes tout au long de leur vie, et ce dans une même situation.
Quel que soit l’âge, le taux de mortalité prématurée des hommes (avant
65 ans) est 2,1 fois plus élevé que chez les femmes et leur taux de
mortalité prématurée évitable (avant 65 ans et causée par un comportement
à risque) est 3,3 fois plus important. S’agissant des décès provoqués par des
cancers liés à la consommation d’alcool et de tabac, les hommes
représentent 76,9 % à 84 % des cas.
Je précise que les accidents du travail sont quantité négligeable dans cette
estimation : si les hommes constituent 64 % du total des victimes, les
accidents graves (avec au moins 4 jours d’arrêt) sont au nombre de 588 427,
ce qui est très peu par rapport aux 21 millions d’entrées aux urgences
totales annuelles.

Les usagers des services d’urgence sont donc majoritairement des
hommes ; chez les adultes de 16 à 50 ans, ils représentent 57 % des
personnes admises. J’utilise cette donnée pour calculer leur responsabilité
dans le coût de la santé.
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Parmi les 316 100 incendies annuels, 10 % sont considérés comme des
feux volontaires.
Les principales motivations invoquées par les incendiaires, quels que
soient les types de feu, sont : le vandalisme, la fraude à l’assurance et la
vengeance ; mais, au regard des statistiques que nous venons d’évoquer, le
facteur déterminant reste bien le sexe de leurs auteurs... Même les feux de
forêt sont souvent d’origine criminelle. Les études indiquent que 90 %
d’entre eux sont allumés par des êtres humains et, selon les experts, 99 %
des pyromanes sont des hommes.
De plus, la lutte contre ces feux coûte cher. Par exemple, en 2017, le
département du Var a dépensé 57,5 millions d’euros, auxquels se sont
ajoutés 600 000 euros de travaux pour stabiliser les sols ayant perdu leur
végétation. Les dégâts sur la biodiversité, les habitations, la structure des
sols et les moyens pour stopper les flammes peuvent être colossaux,
notamment dans les régions les plus arides.
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Le sexe biologique chez les êtres vivants est apparu il y
a 600 millions d’années1. La procréation « par sexe » n’a pas
toujours existé, elle est une innovation de l’évolution et ne concerne
pas l’ensemble des espèces. La science explique son apparition par
un accroissement des capacités d’adaptation à certains milieux
hostiles. Les mécanismes à l’œuvre sont extrêmement nombreux.
Chez les animaux, de multiples facteurs entrent en ligne de
compte2 : la présence ou non de chromosomes spécifiques et leur
nombre total – il existe une grande variété de caryotypes3 très
différents de ceux des humains –, la température durant le
développement des œufs ou même le stress. Concernant l’être
humain, les scientifiques n’ont pas encore identifié tous les gènes
qui permettent la fabrication d’un sexe biologique. Les recherches
sur le sujet ne cessent d’évoluer. Dans les années 1990, on pensait
que le gène SRY4 (pour Sex-determining Region of Y chromosome)
sur le chromosome Y était le seul responsable de la différenciation
sexuelle puisque, lors de la sixième semaine de vie de l’embryon,
son action oriente les glandes génitales, jusqu’alors indifférenciées,
vers la formation de testicules. Or « il existe de nombreux gènes de
différenciation testiculaire, de même qu’il existe, chez l’embryon
femelle, des gènes qui inhibent la masculinité et induisent la
formation des ovaires5 », précise Marc Fellous, généticien
à l’université Paris-VII. À ce jour, on a seulement identifié trois
gènes ovariens. D’autre part, les cas d’intersexuation (personnes
nées avec des caractéristiques sexuelles qui ne correspondent pas
aux définitions typiques de « mâle » et « femelle ») remettent en
question les frontières bien distinctes entre les deux sexes. Cette
question est épineuse pour les compétitions sportives6 lorsqu’il
s’agit de déterminer à partir de quels critères définir les catégories
hommes et femmes : que faire d’une participante qui aurait la
« carrure d’un homme », des taux d’hormones « anormalement »
élevés et un appareil génital féminin ? Les réponses apportées par
les comités ne cessent d’évoluer et diffèrent des uns aux autres.

Je reviendrai sur ce point de la définition du sexe plus en détail
dans la deuxième partie de cet ouvrage. Les avancées scientifiques
apportent en tout cas de la nuance concernant la notion de sexe
biologique : c’est une donnée qui n’a pas toujours existé dans
l’histoire de l’évolution des espèces vivantes, et dont la réalité
biologique chez l’être humain pose toujours question.
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Dans nos sociétés développées, les garçons meurent davantage de blessures non intentionnelles que les filles. Au sein des Pays de l'OCDE, ceux de moins de 14 ans ont 70% de risques de plus que les filles de mourir dans un accident.* De façon générales, ils ont des accidents plus fréquents et plus graves. L'exposition au risque n'est pas la principale explication, puisque des études** ont démontré que lors d'une même activité, les hommes prennent davantage de risques que les femmes. Il estiment, quel que soit leur âge, qu'ils sont moins vulnérables et qu'ils maîtrisent la sitation.
*Unicef, A league tablr of child deaths by injury in rich nations, 2001, Innocenti report card n°2, Unicef Innocenti Research Centre, Florence.
**Byrnes JP Miller DC, Schafe WD, "Gender differences in risk taking : a meta analysis. Psychological bulletin, Vol 125 (3) 1999.
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Ma volonté est plutôt de remonter à l'origine de cette violence et de déconstruire les mécanismes qui en rendent les hommes majoritairement responsables. S'il n'existe, selon les connaisances scientifiques les plus récentes, aucune prédisposition génétique qui les y conduise, le problème ne viendrait-il pas nécessairement des sociétés qui valorisent et perpétuent les valeurs viriles de force, de compétition, de résistance à la douleur, et des mécanismes éducatifs plus ou moins subtils qui façonnent les comportements, poussant les hommes à étre violents ou dangereux? La virilité, en tant que construction sociale, est donc la véritable cible de cet essai.
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Sortir de la virilité produirait ainsi non seulement une société plus pacifique et plus riche, mais surtout une société dans laquelle nous serions tous et toutes plus libres.
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