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Critique de Floyd2408


Anne Philipe est une femme multiple, Licenciée en philosophie, ethnologue, cinéaste, écrivain, Anne Marie Nicole Ghislaine Navaux, natif de Bruxelles, le 20 juin 1917 elle y naitra. Épouse du comédien Gérard Philipe, c'est une femme discrète et exigeante, de Spinoza, son philosophe de chevet, elle vivait cet adage.
« La tristesse est le passage de l'homme d'une plus grande à une moindre perfection»,
Elle aura de sa vie, une philosophie de naturelle, d'être elle-même, en osmose avec le paysage l'environnant, en proie à une vie simple, de souvenir, de recherche de liberté dans sa maison de Ramatuelle en Provence, lieu centrale de son livre Spirale, une caresse intemporelle, une prose poétique, une philosophie existentialiste de vie où le souvenir s'estompe lentement, la Spirale.
Ce livre Spirale est un tourbillon inextricable de mots, où la prose oscille dans ce va et vient de cette trinité, la poésie, la réflexion philosophique et la découverte de souvenir de vie. La nature comme peinture poétique aux teintes musicales perle sa magnificence sous la plume légère et douce d'Anne Philipe, la poésie du temps se pose lentement sur un paysage figeant le passé, une espérance de la nature si belle, berçant l'instant présent. Cette continuité harassante, l'érosion permanente du temps s'écoulant, s'évaporant, se diffusant, lentement sous le regard attentionné et de lucidité d'Anne Philipe. Un matin, un platane sous la lumière diffuse d'un levé de soleil, Anne Philipe éveille de sa tendresse, une lenteur tranquille de l'aurore réchauffant l'âme heureuse, la mer et sa plage en toile de fond, les feuilles dorées par le soleil, les oiseaux en migration, la mouette s'invite dans ce tableau, petit clin d'oeil à la pièce d'Anton Tchekhov, une dualité oxymorique plonge notre auteure dans le chaos d'une catastrophe apocalyptique et au contraire à l'espoir humaine d'une plénitude de vie.
Le regard se fixe en un point, un chien, le mistral, une mouette, la poésie coule sa litanie heureuse. Puis le souvenir ou je n'oublie pas, se confondent, dans un trouble brouillard, le passé s'effrite, le souvenir disparait, la mémoire en berne, la vie passée, moribonde se pavane dans un oubli de plus en plus lourd, lorsque la route mène à son ancienne habitation et les rues se perdent, tous s'entremêle.
Pouvoir être tout à la fois, oiseau, arbre, devenir un grain de sable, une goutte d'eau pour rejoindre et nourrir la terre, cette philosophie de vie d'un tout, de vivre et survivre, sur l'existence, Anne Philipe laisse le monde qui l'entoure prendre ses émotions, la mort enfantine brésilienne laisse une allégorie de chiffre, de calcul redondant comme pour nous rendre plus coupable de cette tragédie, se pose la question de la souffrance d'autrui troublant ou pas notre existence selon sa proximité.
La nuit où l'homme posa les pieds sur la lune devient un moment unique pour Anne Philipe, pour en faire une prose sur la misère actuelle indifférente au spectacle spatial, le progrès n'améliore pas l'homme face à l'inégalité, comme « Les arbres cachent la forêt » dit le prince de Hombourg à son ami Hohenzollern. Anne Philipe des événements comme Che Guevara blessé, va vers ses pensées intérieures, pour jauger son esprit, voulant à tout prix avoir la réflexion réchauffant son âme, toujours être en alerte, vouloir fusionner avec le temps, l'espace, la dimension, l'architecture, la perspective environnante dans une volupté de vie.
Puis au fil des pages Anne Philipe se pose des questions et défile son regard au fil des paysages, ses humeurs vagabondes vers une vie féconde comme l'énergie biologique pour une morale humaine. Au fil des pages nous une forme de parabole poétique de la nature vivante gravitant autour de notre auteure, sa vie, son passé, ce paysage présent colore l'existence des pages, la mort aussi accompagne le chemin de notre auteure. Cette maison est le lieu intime de cette auteure, le chat-huant réveille au plus loin de ses souvenirs sa famille, comme cette madeleine de Proust, le passé s'installe auprès de soi, tel un vêtement au près du corps, caressant votre chair, Anne chante de sa poésie ses souvenirs lointains et proche de ses enfants, son mari, sa vie comme une source coule le long de son désir, de ses mots creusent son lit pour devenir une rivière calme et tendre, le flot de sa prose ruisselle le bruit incertain des enfants s'amusant, de l'eau translucide pure comme la vie de cette procréation du hasard, d'un nénuphars , tableau de la nature, celle de la vie.
Anne aime cette imaginaire créative, pour l'avenir de demain, un rêve qui devient réalité c'est comme s'approcher de Dieu, comme l'espoir est l'union entre le réel et l'imaginaire.
La liberté d'un cerf-volant, dans les mains d'un enfant laisse Anne dans une méditation sur l'imaginaire humain, celui qui l'oppose à « l'homme-robot » crée par la société de consommation, imaginant un monde plus sensible à la nature, laissant le regard libre…
La misère au brésil de la mort enfantine de la famine attriste Anne Philipe, usant d'une énumération lourde de chiffre de calcule, pour user le lecteur, l'abrutir de cette litanie du nombre de morts par jours, heures, minutes….
Puis la souffrance s'installe, d'une fleur coupée à l'agonie, l'acceptation des autres ou l'ignorance, mais la vie étincelle de ses étoiles dans le ciel, être en osmose avec la nature la terre puis vivre.
Souvenir du mercure, le va et viens dans la main comme un entracte à ses réflexions, de ces moments de vie Anne laisse son passé faire revivre sa philosophie de vie féconde, vivre à pouvoir aimer encore.
Ce livre est une petite étincelle de vie tendre, une nostalgie heureuse.
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