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Heureuse de recevoir enfin ce texte d'Anne Philipe, que je m'étais commandé chez un petit éditeur dont j'admire le travail et la fabrication de petits livres magnifiques, entre la maquette originale à rabats, et à chaque texte, un illustrateur contemporain...

Pour cette réédition du texte d'Anne Philipe, les éditions du Chemin de Fer ont choisi l'artiste, Anne Colomes... qui, par ses formes énigmatiques ajoutent du mystère à ce texte personnel, déjà rempli de poésie...

Un texte d'une pudeur extrême pour dire la vie après la perte de l'être aimé... Poésie, énergie de vie pour apprécier le présent au mieux pour respecter la personne aimée qui manque, et tenter de transmettre le merveilleux de la vie à ses enfants...même si ...!

"L'autre continue à dormir et tout à coup nous nous disons: " Si cette respiration-là, pour moi unique, s'arrêtait, le monde serait-il le même, et le ciel et la transparence de l'eau, l'éclat du soleil, le bruit de la pluie, l'ombre au pied du platane ? Et serait-ce force ou faiblesse que le monde ne changeât point ? "(p. 82)

Je ne m'attendais pas du tout à ce ton... J'avais imaginé plus d'évocations
du parcours entier d'Anne Philipe; Mais là dans ces lignes poétiques
et retenues dans l'émotion...Il s'agit d'un écrit, sorte de travail de deuil
et de vie... Comment survivre à l'absence de l'être aimé, en tentant de
faire aimer l'existence à ses enfants...en dépit de la tragédie: le départ
brutal du papa ... ??

Texte déstabilisant, bouleversant... car il questionne les profondeurs
de la vie... lorsqu'on a perdu sa raison principale d'exister...et qu'il
faut poursuivre le chemin, envers et contre tout.. !!

L'élégance du style et l'intensité des questionnements "existentiels"
nous emportent très haut !

Je transcris quelques extraits... significatifs...pleins de lyrisme et d'amour de la Vie....même si le chagrin est là, tenace, tapi dans chaque recoin de cette lumineuse maison d'été de Ramatuelle... où les souvenirs heureux de la petite famille sont nichés...

De très beaux passages sur les odeurs, senteurs, couleurs des arbres, de la mer...de cette belle nature méditerranéenne !
Des lignes aussi extraordinaires sur la maternité, le cadeau merveilleux d'avoir des enfants...le don précieux de la Vie... même si Anne Philipe ne se résout pas à l'idée de la Mort de ceux qu'elle aime; des interrogations universelles comme celle de notre finitude !

"Je voudrais poser sur mes enfants un regard qui leur permette de s'aimer et plus tard de savoir aimer. "(p. 74)

"Comment aider à construire une société où l'homme ne soit déjà, ne devienne bientôt, consommateur ou bureaucrate ?
Une société à laquelle on ait envie de prendre part, qui ne soit pas l'ennemi dont il faille se protéger, où le bruit du vent dans le platane ait le droit d'être écouté, où l'on apprenneaux enfants à regarder le ciel aussi bien que les hommes ? ( p. 57)

"Quand le soleil sera au plus haut de sa course, j'irai vers la maison et dès le seuil chaque être redeviendra unique, j'appartiendrai à une civilisation, j'aurais des obligations, des liens de famille et de coeur, je serai animée du désir d'apprendre, même si je sais que chaque connaissance nouvelle accroît la responsabilité et s'accompagne d'un doute presque équivalent. "(p. 99)

Un très, très beau texte...lyrique et poignant, habillé, de surplus, d'une très élégante maquette-enveloppe, à rabats... transformant de façon magique ce petit volume en coffret partiel...sans omettre les formes insolites, épurées d'Anne Colomes !
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Par ces mouvements de la pensée, indéfectiblement liée au deuil, Anne PHILIPE exprime une maturation partagée avec grande sensibilité et pleine liberté, sans intention de convaincre ou de suggérer des leçons à retenir.
C'est déjà muni d'une certaine maturité que le lecteur est invité à constater qu'il est possible de ne pas se recroqueviller, de fuir toute intention de l'indifférence malgré le poids de ce que coûte l'attention au passé et à certaines horreurs du présent, décomptes tragiques qui font de nos impuissances plus que des sentiments.
Inspirations, aspirations trempées dans un sens aigu et aiguisé de l'attention à la nature donneront une nouvelle découverte du mot spirale.
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Un petit bijou de littérature introspective d'Anne Philippe animé par les formes grattées, colorées d'Anne Colomès.
L'absence, le deuil, la mélancolie émaillent les souvenirs d'été au bord de l'eau. La nostalgie se respire entre les observations d'éclats de soleil, les fragments de paysages saisis et goûtés, les observations d'enfants jouant et les douces langueurs décrites. le récit est totalement météorologique et suit la temporalité des saisons et des journées : brume, nuage, brouillard, soleil, ombre, crépuscule, étoile apparaissent et conditionnent le regard de la narratrice qui se réjouit d'être en vie et d'assister quotidiennement au miracle de la nature quand l'absence de l'autre l'étreint.
C'est beau et fragile à la fois.
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Anne Philipe est une femme multiple, Licenciée en philosophie, ethnologue, cinéaste, écrivain, Anne Marie Nicole Ghislaine Navaux, natif de Bruxelles, le 20 juin 1917 elle y naitra. Épouse du comédien Gérard Philipe, c'est une femme discrète et exigeante, de Spinoza, son philosophe de chevet, elle vivait cet adage.
« La tristesse est le passage de l'homme d'une plus grande à une moindre perfection»,
Elle aura de sa vie, une philosophie de naturelle, d'être elle-même, en osmose avec le paysage l'environnant, en proie à une vie simple, de souvenir, de recherche de liberté dans sa maison de Ramatuelle en Provence, lieu centrale de son livre Spirale, une caresse intemporelle, une prose poétique, une philosophie existentialiste de vie où le souvenir s'estompe lentement, la Spirale.
Ce livre Spirale est un tourbillon inextricable de mots, où la prose oscille dans ce va et vient de cette trinité, la poésie, la réflexion philosophique et la découverte de souvenir de vie. La nature comme peinture poétique aux teintes musicales perle sa magnificence sous la plume légère et douce d'Anne Philipe, la poésie du temps se pose lentement sur un paysage figeant le passé, une espérance de la nature si belle, berçant l'instant présent. Cette continuité harassante, l'érosion permanente du temps s'écoulant, s'évaporant, se diffusant, lentement sous le regard attentionné et de lucidité d'Anne Philipe. Un matin, un platane sous la lumière diffuse d'un levé de soleil, Anne Philipe éveille de sa tendresse, une lenteur tranquille de l'aurore réchauffant l'âme heureuse, la mer et sa plage en toile de fond, les feuilles dorées par le soleil, les oiseaux en migration, la mouette s'invite dans ce tableau, petit clin d'oeil à la pièce d'Anton Tchekhov, une dualité oxymorique plonge notre auteure dans le chaos d'une catastrophe apocalyptique et au contraire à l'espoir humaine d'une plénitude de vie.
Le regard se fixe en un point, un chien, le mistral, une mouette, la poésie coule sa litanie heureuse. Puis le souvenir ou je n'oublie pas, se confondent, dans un trouble brouillard, le passé s'effrite, le souvenir disparait, la mémoire en berne, la vie passée, moribonde se pavane dans un oubli de plus en plus lourd, lorsque la route mène à son ancienne habitation et les rues se perdent, tous s'entremêle.
Pouvoir être tout à la fois, oiseau, arbre, devenir un grain de sable, une goutte d'eau pour rejoindre et nourrir la terre, cette philosophie de vie d'un tout, de vivre et survivre, sur l'existence, Anne Philipe laisse le monde qui l'entoure prendre ses émotions, la mort enfantine brésilienne laisse une allégorie de chiffre, de calcul redondant comme pour nous rendre plus coupable de cette tragédie, se pose la question de la souffrance d'autrui troublant ou pas notre existence selon sa proximité.
La nuit où l'homme posa les pieds sur la lune devient un moment unique pour Anne Philipe, pour en faire une prose sur la misère actuelle indifférente au spectacle spatial, le progrès n'améliore pas l'homme face à l'inégalité, comme « Les arbres cachent la forêt » dit le prince de Hombourg à son ami Hohenzollern. Anne Philipe des événements comme Che Guevara blessé, va vers ses pensées intérieures, pour jauger son esprit, voulant à tout prix avoir la réflexion réchauffant son âme, toujours être en alerte, vouloir fusionner avec le temps, l'espace, la dimension, l'architecture, la perspective environnante dans une volupté de vie.
Puis au fil des pages Anne Philipe se pose des questions et défile son regard au fil des paysages, ses humeurs vagabondes vers une vie féconde comme l'énergie biologique pour une morale humaine. Au fil des pages nous une forme de parabole poétique de la nature vivante gravitant autour de notre auteure, sa vie, son passé, ce paysage présent colore l'existence des pages, la mort aussi accompagne le chemin de notre auteure. Cette maison est le lieu intime de cette auteure, le chat-huant réveille au plus loin de ses souvenirs sa famille, comme cette madeleine de Proust, le passé s'installe auprès de soi, tel un vêtement au près du corps, caressant votre chair, Anne chante de sa poésie ses souvenirs lointains et proche de ses enfants, son mari, sa vie comme une source coule le long de son désir, de ses mots creusent son lit pour devenir une rivière calme et tendre, le flot de sa prose ruisselle le bruit incertain des enfants s'amusant, de l'eau translucide pure comme la vie de cette procréation du hasard, d'un nénuphars , tableau de la nature, celle de la vie.
Anne aime cette imaginaire créative, pour l'avenir de demain, un rêve qui devient réalité c'est comme s'approcher de Dieu, comme l'espoir est l'union entre le réel et l'imaginaire.
La liberté d'un cerf-volant, dans les mains d'un enfant laisse Anne dans une méditation sur l'imaginaire humain, celui qui l'oppose à « l'homme-robot » crée par la société de consommation, imaginant un monde plus sensible à la nature, laissant le regard libre…
La misère au brésil de la mort enfantine de la famine attriste Anne Philipe, usant d'une énumération lourde de chiffre de calcule, pour user le lecteur, l'abrutir de cette litanie du nombre de morts par jours, heures, minutes….
Puis la souffrance s'installe, d'une fleur coupée à l'agonie, l'acceptation des autres ou l'ignorance, mais la vie étincelle de ses étoiles dans le ciel, être en osmose avec la nature la terre puis vivre.
Souvenir du mercure, le va et viens dans la main comme un entracte à ses réflexions, de ces moments de vie Anne laisse son passé faire revivre sa philosophie de vie féconde, vivre à pouvoir aimer encore.
Ce livre est une petite étincelle de vie tendre, une nostalgie heureuse.
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Pour ce dernier jour de l'année... j'ai fait une très belle découverte!
Spirale dormait tranquillement au fond d'une de mes bibliothèques et je suis certaine a attendu de se dévoiler au moment où il me correspondrait le plus... Anne Philippe est décidément mon double... ses mots étaient les miens, ses peurs également, ses joies aussi... Je n'avais jamais entendu parlé de cette auteure. C'est un livre qui a était écrit dans les années 70 et qui reste pourtant d'actualité. Il n'y a pas d'histoire à proprement parler, au final on n'apprends rien sur l'écrivaine, elle ne cherche pas à se dévoiler juste à partager ses sentiments sur des choses simples de la vie. Tout comme le titre l'indique le roman est construit tel une spirale, il y a le passage des saisons qui reviennent sans cesse et si ressemblantes et pourtant qui rappellent le temps qui passe et notre vie éphémère. Spirale est un gros coup de coeur qui m'accompagnera désormais jusqu'à la fin et rejoint mon étagère des livres incontournables.

"Arriverai-je un jour sans effort à accepter que la plénitude d'aujourd'hui, le raisin mûrissant, les figues éclatées, l'arbre superbe, les enfants, moi même, ne soyons qu'un moment? "
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J'ajouterais ceci à ces bonnes critiques : les personnes chères qui nous quittent ne meurent pas : elles vivent dans la nature, dans cette chouette dont les plumes ont rempli le grenier, dans cet enfant qui tente de réussir sa division, dans l'eau, la fleur, les vagues... Non, je ne suis pas mort, dit le disparu, je suis dans la beauté que tu perçois autour de toi, dans tes relations avec ta famille, dans la spirale de la vie.
Tout cela, l'auteur de ce petit bijou nous le fait bien comprendre.
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