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Critique de florigny


Johnny s'en va-t-en-guerre est l'un des plus beaux fleurons anti-militaristes que les écrivains et/ou cinéastes, aient donné à lire ou voir. Comment qualifier cette oeuvre ? Pamphlet ? Réquisitoire ? Manifeste ? Ecrit en 1938, publié en 1939, une autre sale période pour l'histoire, récupéré, oublié durant les années Mc Carthy au cours desquelles Trumbo a dû s'exiler et écrire sous pseudo, il n'a finalement connu la notoriété qu'en 1971, lorsque l'auteur a décidé d'en faire un film, connu sous le titre de Johnny got his gun. Au moment où une autre boucherie, celle du Vietnam bat son plein avec son cortège de gueules cassées au napalm, version actualisée du gaz moutarde, il rappelle brutalement à l'opinion publique et sa conscience collective que le pacifisme n'est pas synonyme de lâcheté.


Joe Bonham est l'américain type. Il part, la fleur-au-fusil, défendre la démocratie, principe inculqué par son père. Pas de chance pour lui, la veille de l'armistice, quand "mourir le dernier est aussi con que mourir le premier" (dixit Pierre Lemaître), un obus le transforme en homme-tronc, aveugle, sourd et muet. Les médecins à son chevet décident "qu'en cas de mouvements violents et répétés, ils doivent être traités comme des spasmes de réflexe musculaire, donc pas de sédatifs... le cerveau a subi des dégâts massifs et irréparables.... La seule raison de prolonger son existence est d'enseigner à soigner les autres. Il est impossible à un être décervelé d'éprouver douleur, plaisir... Il n'aura ni sentiment, ni pensée, et ce, jusqu'à sa mort."


Et voilà Joe transformé en cobaye, mais les médecins ne savent pas tout : son cerveau est intact, il est capable d'émotions, de comprendre. Il rêve, se souvient de son passé, de sa vie en famille, de Kareen, sa fiancée avec qui il a connu des adieux sexuellement et affectivement très tendres. Il réussit à entrer en communication avec une infirmière, qui ouvre les volets, pour lui demander d'abréger ses souffrances. Celle-ci disparaît brutalement de sa chambre, mutée plus loin.


En plus de l'implacable réquisitoire, faut-il voir aussi dans Johnny got his gun un plaidoyer pour une fin de vie dans la dignité ? A chacune et chacun en découvrant cette oeuvre majeure sur la grande guerre et toutes les autres, de trouver – ou pas – des réponses aux questions universelles posées.
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