AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Haulle


Il faut certes s'approprier de nombreuses notions scientifiques et sociologiques pour appréhender tous les aspects de cet essai de Pascal Picq, mais à la clé, c'est la compréhension du mécanisme du processus coercitif masculin, tout au long de l'histoire de l'évolution des humanités et même de celle des primates, jusqu'à nos jours, qui se révèle par bribe, tel un puzzle, dont bien trop de pièces ne sont sans doute encore que de futures découvertes paléolithiques restant à découvrir.
Mais c'est aussi toutes nos croyances simplistes qui volent en éclat dans ce livre, alors qu'elles arrangeaient bien les positions masculines dominantes actuelles pour les justifier. Car non, les anciens peuples de chasseurs cueilleurs, n'étaient organisées en de courageux chasseurs qui nourrissaient les communautés d'alors et de gentilles cueilleuses qui faisaient l'appoint de ces riches repas tout en élevant les progénitures. En dehors des latitudes très froides et donc plus proches des pôles, il est largement démontré que la cueillette constituait l'essentiel des apports, avec les incidences sociales qui vont avec.
Il fût ainsi un temps où au moins trois humanités coexistaient dont les sapiens, les néandertaliens et les dénisoviens, et où déjà on trouve des indices de violences faites aux femmes mais sans pouvoir démontrer une dominance de ces modes de fonctionnement, où coexistaient probablement diverses formes de communautés, tout comme chez les hominoïdes actuels, que sont les gibbons, les bonobos et les chimpanzés, où les deux formes de sociétés existent, avec celle des bonobos où la coercition sur les femelles est quasi inexistante et celle des chimpanzés où celle-ci est quasi la norme.
Et l'on en vient à se demander si Sapiens l'africain n'aurait pas tout bonnement généralisé cette forme de dominance et s'appropriant les femmes néandertaliennes et dénisoviennes contribuant par la même occasion à engager le déclin de ces autres humanités.
Et comme il n'existe aucune société entièrement matriarcale, mais seulement matrilocale ou matrilinéaire, si de telles sociétés ont existé, elles ont tout simplement disparu car Sapiens a eu le « génie » de déployer l'arsenal de plus étayé du règne vivant pour instaurer une coercition féminine des plus durables, par ses cultures, ses religions et ses croyances les plus folles, comme celle de ne pas risquer le mélange du sang des proies consommées à celui des cycles menstruels qui fait qu'encore aujourd'hui, les bouchers sont majoritairement des hommes.
On découvre dans ce livre une sorte d'évidence intuitive, mais non démontrée, « comme l'avaient écrit Marc et Engels, la condition des femmes se trouve à l'origine de toutes les inégalités humaines et leur évolution (p375) ».
Une belle leçon d'humilité si l'on avait encore quelques doutes. Merci à vous M. Picq pour ce bel exercice de tentative réhabilitation de la place de la Femme et pour ce regard honnête de nos pratiques coercitives masculines dont certaines n'appartiennent qu'aux Sapiens et que nulle autre espèce de primate ne pratique, le féminicide.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}