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26 février 2012
L'identité, définie une fois pour toutes, n'est qu'une fiction

J'ai hésité à rendre compte de ce livre, non à cause de profondes divergences d'approche (réellement existantes) ou de choix politiques (non partagés) ; mais plutôt pour leurs modes d'expression, que je trouve quelquefois caricaturaux, sans oublier certains propos ou raccourcis plutôt insupportables (parallèle entre Christine Delphy et Anne Zelenski ; ou le bien peu matérialiste « le respect des cultures dans leur diversité ne signifie pas qu'il faille les considérer comme équivalentes » digne d'un Claude Guéant).

Le « sans conclure » de Geneviève Fraisse « Regard sur le congrès », m'a convaincu d'essayer néanmoins, même si je ne le fais que sommairement.

Geneviève Fraisse souligne les liens entre « d'une part l'idée de radicalité, d'autre part celle de subversion » et incite à « ne pas cliver les analyses de la domination et celles de l'émancipation ». Dans cette « conclusion », elle « propose quatre thèmes qui nous serviront de repères : la temporalité et l'historicité, la mesure et la démesure, la marchandise et sa représentation, l'un et le multiple ». Les textes de la plupart des auteures de la première partie du livre, n'ont justement, à mes yeux, pas tenu compte du premier thème. Geneviève Fraisse indique aussi « Il me semble que nous nous sommes trop peu situées, pendant ces deux jours, face à l'analyse de la domination ». Pour certaines contributions, le manque de « situation », de non contextualisation ou de non historicisation, entraîne des présentations euro-centrées, drapées dans un universalisme un peu rabougri.

L'auteure évoque la ritournelle « La ritournelle c'est comme refrain, en pire. Il est en effet frappant de voir à quel point, les stratégies de domination, comme celles d'émancipation, se réfugient dans la répétition argumentative, idéologique… Reconnaître l'historicité, c'est avant tout lutter contre l'atemporalité, toujours supposée, du rapport des sexes. »

Geneviève Fraisse note, entre autres « nous avons acquis des droits et nous savons qu'ils sont réversibles », « nous sommes devenues des sujets sans cesse d'être des objets », « il faut non pas dénoncer, mais désigner les deux repères du rapport au réel, la marchandisation et la fétichisme de la marchandise », « L'universel n'est pas une essence, et il n'est pas non plus, comme d'aucun-e-s le pensent, une norme », « Rabattre l'universel sur une norme, c'est oeuvrer à une dépolitisation ».

J'ai plus particulièrement apprécié les articles de Sophie Bessis « Les femmes, enjeu renouvelé du conflit Nord-Sud », de Rose-Myrlie Joseph « Relations sociales et rapports sociaux dans le care : entre survisibilisation des employeuses et invisibilisation des employées », de Michèle Ferrand « Contraception, avortement, ici et ailleurs », de Janice G. Raymond « Prostitution, traite sexuelle et débat international sur l'exploitation sexuelle commerciale », de Sheela Saravanan « le commerce transnational de la maternité de substitution en Inde », de Monique Selim « L'émancipation des femmes au XXIème siècle : une pierre dans la gouvernance du capitalisme globalisé », et de Chahla Chafiq « Féminisme et islamisme ». Je n'en ai pas moins trouvé dans d'autres articles des sources de réflexion précieuses, y compris en présence de forts désaccords.

Malgré une focalisation de certaines sur l'Islam (et du « golfe arabo-persique comme foyer d'influence géopolitique majeure »), l'oubli parfois des autres formes dominantes d'oppression et d'exploitation, malgré les limites signalées sur la contextualisation et l'historicisation, de nombreuses contributions interpellent et nous rappellent, pour ceux qui l'auraient (volontairement) oubliée, que l'émancipation n'est ni pensable ni possible sans l'auto-organisation des femmes, sans la subversion féministe des rapports sociaux…
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