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EAN : 9781090062109
Editions iXe (13/02/2012)
3/5   1 notes
Résumé :
Les 3, 4 et 5 décembre 2010, un congrès international réunissait à Paris quelque 400 chercheuses et militantes féministes venues débattre de la nouvelle donne mondiale et de ses effets sur les exigences féministes en matière d'égalité et d'émancipation. Ce livre publié sous la direction de Françoise Picq et de Martine Storti rassemble plusieurs des contributions présentées au cours de ces trois journées. A l'heure de la mondialisation, entre marchandisation triompha... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'identité, définie une fois pour toutes, n'est qu'une fiction

J'ai hésité à rendre compte de ce livre, non à cause de profondes divergences d'approche (réellement existantes) ou de choix politiques (non partagés) ; mais plutôt pour leurs modes d'expression, que je trouve quelquefois caricaturaux, sans oublier certains propos ou raccourcis plutôt insupportables (parallèle entre Christine Delphy et Anne Zelenski ; ou le bien peu matérialiste « le respect des cultures dans leur diversité ne signifie pas qu'il faille les considérer comme équivalentes » digne d'un Claude Guéant).

Le « sans conclure » de Geneviève Fraisse « Regard sur le congrès », m'a convaincu d'essayer néanmoins, même si je ne le fais que sommairement.

Geneviève Fraisse souligne les liens entre « d'une part l'idée de radicalité, d'autre part celle de subversion » et incite à « ne pas cliver les analyses de la domination et celles de l'émancipation ». Dans cette « conclusion », elle « propose quatre thèmes qui nous serviront de repères : la temporalité et l'historicité, la mesure et la démesure, la marchandise et sa représentation, l'un et le multiple ». Les textes de la plupart des auteures de la première partie du livre, n'ont justement, à mes yeux, pas tenu compte du premier thème. Geneviève Fraisse indique aussi « Il me semble que nous nous sommes trop peu situées, pendant ces deux jours, face à l'analyse de la domination ». Pour certaines contributions, le manque de « situation », de non contextualisation ou de non historicisation, entraîne des présentations euro-centrées, drapées dans un universalisme un peu rabougri.

L'auteure évoque la ritournelle « La ritournelle c'est comme refrain, en pire. Il est en effet frappant de voir à quel point, les stratégies de domination, comme celles d'émancipation, se réfugient dans la répétition argumentative, idéologique… Reconnaître l'historicité, c'est avant tout lutter contre l'atemporalité, toujours supposée, du rapport des sexes. »

Geneviève Fraisse note, entre autres « nous avons acquis des droits et nous savons qu'ils sont réversibles », « nous sommes devenues des sujets sans cesse d'être des objets », « il faut non pas dénoncer, mais désigner les deux repères du rapport au réel, la marchandisation et la fétichisme de la marchandise », « L'universel n'est pas une essence, et il n'est pas non plus, comme d'aucun-e-s le pensent, une norme », « Rabattre l'universel sur une norme, c'est oeuvrer à une dépolitisation ».

J'ai plus particulièrement apprécié les articles de Sophie Bessis « Les femmes, enjeu renouvelé du conflit Nord-Sud », de Rose-Myrlie Joseph « Relations sociales et rapports sociaux dans le care : entre survisibilisation des employeuses et invisibilisation des employées », de Michèle Ferrand « Contraception, avortement, ici et ailleurs », de Janice G. Raymond « Prostitution, traite sexuelle et débat international sur l'exploitation sexuelle commerciale », de Sheela Saravanan « le commerce transnational de la maternité de substitution en Inde », de Monique Selim « L'émancipation des femmes au XXIème siècle : une pierre dans la gouvernance du capitalisme globalisé », et de Chahla Chafiq « Féminisme et islamisme ». Je n'en ai pas moins trouvé dans d'autres articles des sources de réflexion précieuses, y compris en présence de forts désaccords.

Malgré une focalisation de certaines sur l'Islam (et du « golfe arabo-persique comme foyer d'influence géopolitique majeure »), l'oubli parfois des autres formes dominantes d'oppression et d'exploitation, malgré les limites signalées sur la contextualisation et l'historicisation, de nombreuses contributions interpellent et nous rappellent, pour ceux qui l'auraient (volontairement) oubliée, que l'émancipation n'est ni pensable ni possible sans l'auto-organisation des femmes, sans la subversion féministe des rapports sociaux…
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Quel lien entre féminisme et géopolitique m'a-t-il demandé en voyant cet ouvrage? le lien n'est pas si évident, en effet, pour celles et ceux qui ne pensent pas le statut des femmes, ne réfléchissent pas à l'évolution de leur condition de vie; pour celles et ceux qui ne sont pas habitués à interroger le rapport entre la société et ce fameux « deuxième sexe ». Ce livre, résumé d'une conférence organisée à Paris en 2010, est-il donc fait pour eux? Favorise-t-il la compréhension? Tisse-t-il convenablement le lien entre gépolitique et féminisme? La réponse aurait été plus efficace si elle venait de mon fiancé moins familier avec les thèmes évoqués. Pour moi, féministe convaincue, le lien est parfaitement tissé, le propos n'est pas à contester. Les changements économiques, politiques et sociales s'imposent aux féministes qui sont obligées de les prendre en considération pour penser l'émancipation des femmes. C'est la Chute du Mur de Berlin, la Révolution dite islamique en Iran, l'émergence de nouvelles puissances, l'évolution des rapports entre le Nord et le Sud, la mondialisation économique, le capitalisme financier brutal et meurtrier; c'est l'immigration et son rejet, la montée en puissance du religieux et son ambition politique problématique parce que démesurée. Ce sont des questions qui s'immiscent dans le débat intellectuel, politique et académique des féministes parce qu'elles interrogent les droits et libertés des femmes, parce qu'elles menacent les droits acquis, parce qu'elles prennent toujours en otage le corps féminin, objet de toutes les inquiétudes, de toutes les préoccupations. La vigilance oblige les féministes à reposer les termes du débat, à révéler les nouveaux mécanismes qui permettent encore et toujours la domination culturelle, politique, économique et sociale. Car s'il y a bien quelque chose qui n'a pas changé dans ce monde que l'on dit en constante évolution, c'est la représentation qui se fait de la femme, toujours objet mais progressivement sujet. Et l'ouvrage le montre avec efficacité. Sur la scène internationale – et bien sûre nationale – le statut des femmes est souvent un bon prétexte pour faire avancer des pions sur un échiquier autrement plus important que celui de l'émancipation des femmes. Mais comme l'écrit bien, en conclusion, Geneviève Fraisse, « Oui, l'on se sert de nous et de notre libération. A nous d'être les plus fortes, « à ruse, ruse et demie », disais-je. Est-ce que cela ne s'appelerait pas, justement le politique? ».
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La ritournelle c’est comme refrain, en pire. Il est en effet frappant de voir à quel point, les stratégies de domination, comme celles d’émancipation, se réfugient dans la répétition argumentative, idéologique… Reconnaître l’historicité, c’est avant tout lutter contre l’atemporalité, toujours supposée, du rapport des sexes.
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L’univers de la vie privée et celui de la vie publique
sont inséparablement liés.
Les tyrannies et les servilités de l’un
sont aussi les tyrannies et les servilités de l’autre. »
Virginia Woolf : Trois guinées
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Rabattre l’universel sur une norme, c’est œuvrer à une dépolitisation
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L’universel n’est pas une essence, et il n’est pas non plus, comme d’aucun-e-s le pensent, une norme
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L’identité, définie une fois pour toutes, n’est qu’une fiction
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Video de Françoise Picq (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Françoise Picq

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Rencontre avec Francoise Picq, qui a publié Libération des femmes, quarante ans de mouvement, chez editions-dialogues.fr. Réalisation : Ronan Loup.
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