Un paléoanthropologue dans l'entreprise : S'adapter et innover pour survivre

...trois types de facteurs qui font que le monde évolue :
Les événements naturels, la course de la reine rouge à l'échelle du monde et l'incidence grandissante des activités humaines à l'échelle globale.

Depuis des décennies et malgré les efforts et les livres du paléontologue américain Stephen Jay Gould et de moi-même, on n'arrive pas à démonter la vision linéaire et hiérarchique qui mène à une seule lignée et une ultime espèce indépassable, la nôtre. Tant que ces conceptions du changement dans la nature domineront, distillant une seule possibilité d'évolution dont nous serions le sommet, l'érigeant en loi naturelle qui s'applique à nos sociétés, nous serons handicapés pour suivre un monde qui, de toutes façons, évolue. C'est ce genre de conception du monde qui nous rend inquiets et pessimistes.

Il n'est pas anodin de constater que les groupes de personnes qui contestent l'évolution de la vie et de l'homme sont celles qui nient l'influence de l'homme sur le réchauffement climatique et la dégradation de la biodiversité.

La créativité est la capacité cognitive de proposer des innovations

Mais pour mettre en œuvre cette évolution durable, il importe de savoir ce qu'est le changement, de connaître l'évolution dont nous sommes devenus l'un des acteurs majeurs. Car si l'Homme n'est rien dans la biodiversité actuelle, il joue un rôle considérable dans son devenir, auquel il est lié par quatre milliards d'années d'histoire, pour le meilleur et pour ce qui n'est pas encore le pire. L'idée ici n'est pas de dire que hors de l'évolution point de salut. mais quelque soient nos modes de pensée, il y a eu évolution avant l'apparition des hommes sur cette Terre et cela continuera après leur disparition.

Les mutations et les recombinaisons génétiques se produisent sans aucune relation avec leur caractère avantageux ou désavantageux potentiel pour les individus face à leur environnement. Mais ce dernier sélectionne.

La théorie darwinienne n'a jamais été la loi du plus fort, ni de l'individualisme égoïste, ni de la guerre de tous contre tous

L'entreprise darwinienne (...) est une entreprise qui s'adapte aux changements en mobilisant les mécanismes de l'innovation, qui s'articulent sur le couple variation/sélection. Elle n'agit pas contre les autres, mais fait partie d'une communauté écologique plus ou moins large et participe de sa coévolution. Ses capacités d'adaptation reposent sur l'aptitude à réorganiser ses routines internes et à comprendre les changements du monde externe, ce qui suppose d'admettre les contraintes d'innovation et, aussi, d'abandonner certains acquis pour en obtenir d'autres.

Ce n'est pas dans l'addition des talents que réside la créativité, mais dans la façon d'organiser les talents