Pascal Picq est paléoanthropologue, et, comme souvent les chercheurs brillants, nous invite à vivre sur la terre quand il n'y avait pas encore d'Homo , il y avait des singes.
Le regrettable, dit Picq, c'est que tout en sachant que l'homme descend du singe, nous avons une profonde allergie contre ces derniers, à l'instar de Lady Worcester, contemporaine de Darwin : « Ainsi l'homme descendrait du singe. Pourvu que ce ne soit pas vrai. Mais si cela devait être, prions pour que cela ne se sache pas ». ….
Pour nous connaître vraiment, dit
Pascal Picq, il faut au contraire se pencher sur les millions et millions d'années, pendant lesquels les singes, ou hominoïdes, ont évolué.
40 millions d'années : la vision des couleurs surtout chez les femelles, permettent de repérer les fruits succulents, de cultiver le gout et d'aguerrir la main. Il fait chaud sur la terre, couverte d'arbres et remplie d'eau. Attention cependant à ne pas croquer la pomme !
34 millions d'années : catastrophe planétaire : c'est la Grande Coupure, la glaciation, et bientôt, des millions d'années plus tard, l'apparition des grands singes anthropoïdes modernes, en Afrique, là où subsistent les forêts subtropicales humides. Ils sont des centaines d'espèces différents, se déplacent de branche en branche, ce qui suppose une image mentale à trois dimensions. L'origine de la conscience.
1,8 millions d'année, le genre Homo erectus apparaît en Afrique, plutôt à l'ouest (fossile retrouvé du jeune Toumaï ) qu'à l'Est (Lucy) comme on l'a longtemps cru. Il a été le fruit de toute une évolution, la croissance du cerveau, la bipédie, la vie sociale enfin la cuisson des aliments.
Si l'on étudie les intrigues et les jeux sociaux des chimpanzés actuels, on découvre que bagarres, fourberies, comme tendre la main pour se réconcilier, et en profiter pour donner une bonne raclée, violences et meurtres, vont de pair avec l'empathie, l'épouillage, le partage de nourriture, les aides diverses, la capacité à se représenter l'état d'esprit de son voisin. L'homme actuel n'a rien à leur envier. L'autre espèce de chimpanzés actuels, ce sont les bonobos, qui règlent leurs conflits en faisant l'amour.
Je n'ai bien entendu pas tout compris de la masse scientifique accumulée dans
Premiers hommes,
Pascal Picq récapitulant les recherches de fossiles depuis que Boucher de Perthes ait découvert en 1840 dans les environs d'Abbeville des ossements / outils prouvant la préhistoire, puis un siècle plus tard, les découvertes au Kenya du couple Leakey, fondant la paléoanthropologie africaine.
Car son livre est à la fois réservé à des scientifiques, et, à la fois, il résume heureusement en langage clair l'essentiel ce qui s'est passé sur la terre avant l'homo erectus, élargissant son propos par ce qui a été dit sur les singes, Darwin,
Diderot « parles et je te baptise » citant du Chaillu, explorateur dont les récits de la rencontre entre aventuriers et gorilles a inspiré les cinéastes de King Kong.
Livre complet, donc, et ouvert aux futures découvertes de fossiles préhistoriques, comme en Asie par exemple.