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Critique de Eve-Yeshe




Nicolas Poussin, à peine débarqué à Paris, se rend au domicile du maître de la peinture, Porbus (qui travaille pour Marie de Médicis), entre autres, afin de recevoir ses conseils. Dans la montée d'escalier, il croise Frenhofer, un vieux maître qui travaille sans cesse sur son tableau, « La Belle Noiseuse ».

Pénétrant ainsi chez Porbus, Frenhofer se livre à une critique de ses tableaux, car selon lui, Porbus peint des corps mais ses oeuvres n'ont pas d'âme alors qu'un tableau doit être habité, vivant. Il n'hésite pas à prouver ce qu'il affirme en retouchant le tableau de Porbus « Marie l'Egyptienne » qui n'en avait pas forcément besoin. En quelques coups de pinceau le grand Maître va prouver comment rendre le tableau vivant.

Poussin va lui proposer de prendre pour modèle sa compagne, Gillette, pour l'aider à achever sa Belle Noiseuse, et une surprise de taille va attendre Porbus et Poussin lorsqu'il se rende à son atelier pour admirer enfin le tableau.

Les noms ne sont pas choisis au hasard, Frenhofer évoquant la peinture flamande, afin d'illustrer le propos. La discussion sur la peinture et l'art en général est passionnante.

Balzac nous propose dans cette courte (trop courte) nouvelle de soixante deux pages, toute une réflexion sur l'Art, comparant la peinture allemande et la peinture italienne, la manière d'introduire la lumière dans un tableau, et ce que peut provoquer l'acharnement afin d'obtenir l'oeuvre parfaite, la perfection, le perfectionnisme, l'absolu…

Vous autres, vous croyez avoir tout fait lorsque vous avez dessiné correctement une figure et mis chaque chose à sa place d'après les lois de l'anatomie !

Cette nouvelle m'a beaucoup plu, Balzac sait nous donner des bases pour notre propre réflexion. Il ne se contente pas d'évoquer l'art, il parle de la beauté, du prix à payer, parfois, pour tenter d'atteindre la perfection et tutoyer l'impossible quitte à y perdre son âme.

La mission de l'art n'est pas de copier la nature, mais de l'exprimer ! Tu n'es pas un vil copiste mais un poète.

On est dans une réflexion philosophique, sur la beauté, l'esthétisme même ; l'homme peut-il tutoyer les étoiles, avec ses pinceaux, quitte à se brûler les ailes comme Icare et donnant la vie ou une âme au tableau, ne le fait-il pas au détriment de l'humain ? Car Gillette risque de ne pas sortir indemne de l'expérience.

J'ai souvent pensé, au cours de cette lecture à « la peau de chagrin » et au « portrait de Dorian Gray » d'Oscar Wilde, deux romans que j'ai particulièrement aimés car l'auteur nous entraîne dans le domaine du fantastique ou encore « La recherche de l'absolu » dans un autre domaine qu'il publiera quelques années plus tard, en 1934 (lequel m'attend dans ma bibliothèque) …

J'aime beaucoup ce titre : le chef- d'oeuvre inconnu évoque un oxymore (Boris ! Sors de ce corps !). C'est drôle : un texte de trente pages sur lequel on pourrait parler pendant des heures.

Ce n'est un secret pour personne, Balzac est mon auteur favori, talonné de près par Maupassant et Dostoïevski, tandis que Tolstoï et Zola patientent au pied du podium… j'ai pris un peu de retard dans ma progression dans « La Comédie humaine » ces deux dernières années car j‘ai laissé un peu de place aux auteurs contemporains, mais cette nouvelle va me remotiver…
un grand merci à la Bibliothèque électronique du Québec qui m'a permis de lire ce livre.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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