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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
°°° Rentrée littéraire 2023 # 48 °°°

Ce beau roman s'ouvre en 1978. Trois ans après le retrait des troupes américaines du Vietnam et de la chute de Saïgon, un exode massif se met en place, celui des boat people. Anh, seize ans, ses frères Minh, treize ans, et Thanh, dix ans, partent en éclaireur vers Hong-Kong, attendant que leurs parents et les plus petits les rejoignent avant de partir tous ensemble aux Etats-Unis, mais ils mourront noyés. Cécile Pin raconte l'histoire de Anh et ses frères, de camps de réfugiés, demandeurs d'asile, à leur nouvelle vie dans une Grande-Bretagne thatchérienne hostile aux immigrés.

Le récit semble très classique au départ, centré sur des personnages forts avec lequel on entre immédiatement en empathie. On est admiratif du courage de ces réfugiés qui endurent, survivent, accomplissent, notamment Anh devenue mère de substitution renonçant à ses études pour devenir ouvrière et ainsi permettre à ses petits frères d'étudier, eux.

Ces personnages, on les aime d'autant plus que l'autrice évite tout misérabilisme, et sans renoncer à parler des épreuves ou du racisme subi, elle met au coeur de son récit des scènes chaleureuses de repas partagés ou d'autres célébrant les petits triomphes du quotidien lorsqu'il faut s'intégrer à une société nouvelle. La prose est claire, lucide, lisible, presque en retrait comme par refus de capituler devant l'écueil de la sentimentalité. Et pourtant, elle nous touche, nous émeut et fait couler quelques larmes à la fin.

Et puis le récit commence à multiplier les perspectives en une narration fragmentée très pertinente pour développer le roman au-delà de simples trajectoires personnelles touchantes. Au parcours de Anh et ses frères, s'entrelace la voix de leur petit-frère mort, Dao, petit fantôme qui erre dans les limbes ; puis s'intercalent des articles de faits historiques liés à l'histoire de la guerre du Vietnam et des boat people ; arrive un fil narratif centré sur des soldats américains ayant combattu. Cécile Pin maitrise parfaitement sa structure polyvocale qui peut rappeler Julie Otsuka ( Certaines n'avaient jamais vu la mer ).

Jusqu'à l'intervention d'un narrateur anonyme ( nous ne connaîtrons son identité qu'à la toute fin ) qui parle à la première personne. C'est cette dernière voix, la plus singulière, qui ouvre le roman sur autre chose, permettant de réfléchir sur les enjeux de l'écriture : comment raconter les histoire de réfugiés ? pour quelles raisons ? à qui ? que devons nous faire lorsque les années ont passé et que les témoins sont partis ?

C'est là que le titre du roman ( en version originale et française ) prend tout son sens, né d'une croyance vietnamienne qui raconte que si vous mourrez loin de chez vous, votre âme agitée ne partira pas pour l'au-delà mais sera maudite à parcourir la terre comme un fantôme. Tout le roman ne fait que questionner sur la mémoire : pour les survivants, hantés par la culpabilité du rescapé qui a l'injonction de réussir pour que le sacrifice des siens aient un sens ; mais aussi pour les suivants, un traumatisme héréditaire, transgénérationnel pouvant créer un cercle vicieux du mal-être.

Un premier roman très riche et poignant, portrait sincère et sensible de l'expérience de réfugiés, explorant avec intelligence les conséquences émotionnelles de la survie et de l'assimilation culturelle.
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Les âmes errantes : un titre qui m'a séduite. Et une écoute qui a tenu ses promesses. Une voix qui a su s'adapter aux différent types de textes rencontrés dans le livre.

Le culte des ancêtres au Vietnam est important: S'il n'y a personne pour édifier un autel pour les personnes qui meurent morts, leurs âmes sont condamnées à errer de par le monde, sans connaitre la paix.

J'ai des images qui restent dans ma mémoire, des souvenirs de ces histoires horribles, déjà à l'époque, de ces gens qui s'entassaient dans des bateaux pour fuir leur pays, où un régime totalitaire les condamnait au camp de redressement, voire à la mort : On les appelait les Boat people, et beaucoup y ont laissé leur vie.

C'est ce qui va arriver à une grand partie de la famille de Ahn, qui du jour au lendemain va devenir adulte. le jour où elle devra reconnaitre sur une plage les corps de ses parents, frère et soeurs. Elle était partie en éclaireur avec deux de ses frères, elle devient alors leur maman de substitution et en prendra soin pendant tout le long parcours qui les mènera, de Hong-Kong en Angleterre, dans des camps d'abord puis dans un appartement minuscule.

L'autrice, née d'une mère vietnamienne, écrit un roman qui reprend certains des évènements arrivés à sa famille, elle est une des voix qui prend la parole à la toute fin de ce livre. Et sans jamais essayer de nous tirer des larmes, sans pathos exagéré, simplement, factuellement , elle nous raconte l'itinéraire compliqué de ces trois rescapés.

Ce que j'ai aimé dans ce roman, au delà des faits, c'est l'aspect psychologique, le devoir de réussite des survivants, leur culpabilité, la transmission à leurs enfants d'un certain mal de vivre, ces notions apparaissant en filigrane du comportement de Ahn, la narratrice principale.

Elle laisse par moments la parole à un de ses frères, je vous laisse deviner lequel ( pensez au titre), à des articles de journaux, à la fois sur la guerre, sur les atrocités commises envers les boat people, on entend aussi quelques anciens GI, et puis la fille de Ahn, qui personnifie l'autrice. Tout ceci se mêle naturellement, il faut juste être attentif aux dates données en début de chapitre.

Ce livre m'a rappelé que cette fatalité des migrants, obligés de quitter leur pays, rançonnés par des passeurs, quand ce n'est pas pire, en butte au racisme souvent, n'est hélas pas une nouveauté.

Merci à NetGalley et aux éditions Theleme from W. F. Howes #Lesâmeserrantes #NetGalleyFrance
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Des embarcations de fortune aux premiers pas sur une terre étrangère, en passant par les camps de transit, le voyage est une lutte perpétuelle pour la survie et une blessure indélébile qui donnera une teinte grise à l'avenir, même porté par les promesses faites aux disparus.

La guerre du Vietnam a initié ces traversées de tous les dangers, obtenues pour des sommes considérables, pour fuir une mort certaine dans le pays d'origine. Après une première étape à Hong-Kong et déjà la découverte du pire, Anh et ses deux jeunes frères vivent l'exil et ses déconvenues. L'Amérique tant convoitée restera un rêve finalement rejeté, et c'est en Angleterre que la vie suivra son cours.

A la manière de cette photo d'une petit garçon échoué sur une plage de Méditerranée, les mots qui construisent le récit créent une proximité avec les victimes de ces drames, que malheureusement leur fréquence et leur évocation entre d'autres faits divers ont banalisé. A travers le destin tragique de la famille d'Anh, c'est à chacun des émigrants que l'on rend hommage.

« Savoir permet de se souvenir, et se souvenir c'est rendre hommage, je veux que tous les morts soient honorés . Je veux des monuments, des statues, des poèmes en leur mémoire. Je veux des podcasts, des séries documentaires en dix épisodes, je veux notre Apocalypse Now à nous. »

Entre les chapitres de l'histoire familiale, la parole superbement est donnée aux âmes errantes, perdues sur le chemin, et à qui ce récit rend hommage.
Pour inscrire le roman dans le contexte, l'autrice intercale également des extraits de reportages ou des documents officiels qui attestent de la réalité de ce que l'on lit.


Triste et nécessaire, à la fois pour se souvenir d'un passé pas si lointain mais ne pas oublier que le sujet est encore et toujours d'actualité.

Merci à Netgalley et aux éditions Stock.


288 pages Stock 23 août 2023
Traduction : Carine Chichereau
#Lesâmeserrantes #NetGalleyFrance

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Anh, 16 ans, quitte le Vietnam en compagnie de deux de ses frères pour Hong Kong. Parqués dans un camp de réfugiés, ils apprennent la mort de leurs parents et des petits frères et soeurs qui devaient les rejoindre. Ils sont alors envoyés à Londres, loin de leur rêve d'Amérique, pour tenter de reconstruire leur vie.
Aoife Hinds fait une excellente narratrice pour ce roman. Elle incarne avec talent le point de vue d'Anh, prisonnière des promesses faites à ses parents et qui abandonne ses propres rêves pour s'occuper de ses frères.
L'intrigue est simple, mais vraiment bien menée par l'autrice, d'autant qu'en plus du parcours des trois survivants, elle intercale dans son récit de courts chapitres du point de vue du petit frère décédé, Dao, qui observe avec intérêt, la vie de ses grands frères. Cécile Pin intercale également des articles racontant la guerre du Vietnam, donnant son sens au titre choisi. L'intrigue montre le déracinement des trois enfants et leur reconstruction dans un pays inconnu où ils vont devoir faire leur vie.
Un beau premier roman, plein d'émotion qui ne tombe jamais dans la facilité du pathos et nous offre de jolis portraits de réfugiés.
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Anh, Minh, Thanh sont trois boat people qui ont quitté le Vietnam en 1978. Issus d'une famille collaboratrice avec les américains, le père étant professeur d'anglais donc interprète, ils risquent d'être enlevés et mis dans des camps de rééducation. Seulement le plan familial n'aboutit pas, les 3 enfants partis avant sont saufs mais le reste de la famille périt noyé.
C'est donc l'histoire de ces enfants transportés de camps de réfugiés en camps de réfugiés jusqu'en Angleterre où ils finiront leur vie.
Un beau roman sur l'identité, le déracinement, l'exil, la culpabilité.
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Touchant, bouleversant, ce roman nous entraine sur le chemin des boat people et d'une fratrie de 2 frères et une soeur qui vont devoir affronter la perte de leurs parents et du reste de leurs frères et soeurs dans leur fuite du Vietnam.
Récit d'une reconstruction, voire d'une construction de chacun autour de ce drame originel, dans un pays qui n'était pas leur destination prévue, dans un climat physique si différent et un climat social si compliqué également.
Le récit de l'horreur des camps migratoire, le récit d'une humanité de personnes qui font tout ce qu'elles peuvent pour aider, le récit du chemin pris par chaque enfant au fil de leur évolution dans une société qui a du mal à leur faire une place.
C'est un beau roman qui possède une puissance de narration très intéressante.
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Selon certaines croyances, les âmes des morts continuent à errer tant qu'une sépulture ne leur a pas été prodiguée. C'est le cas d'une partie de la famille d'Anh, réfugiée vietnamienne qui a vécu l'horreur des boat people.
Plusieurs voix narratives se mêlent pour retracer le destin de cette famille sur plusieurs générations : à l'origine, un drame, la jeune Anh est envoyée seule avec ses deux frères sur un premier bateau. Mais la noyade du reste de la famille, moins chanceuse lors de son voyage, la propulse vite au rang des chargés de famille. Après un voyage plus qu'éprouvant (il nous en rappelle malheureusement d'autres !), Anh est accueillie dans des camps transitoires par les services sociaux. Tous les trois se serrent les coudes en espérant atteindre un jour les Etats-Unis et rejoindre l'oncle qui a réussi… mais le sort les envoie en Angleterre lorsqu'ils maitrisent enfin les rudiments de l'anglais. Il faut alors faire son trou, se tasser dans un petit logement social, trouver un travail en bravant les attitudes racistes puis trouver sa voie…Ce roman raconte la souffrance du déracinement mais aussi la force du silence qui trahit les plus grandes douleurs.
« Elle avait eu beau tenter de protéger ses enfants de la tragédie en évitant de leur raconter les moments les plus horribles de ce qu'elle avait vécu, elle comprenait qu'elle leur avait transmis malgré tout certaines choses à travers son comportement, les pores de sa peau, ou bien ce lien invisible qui unit les mères à leurs enfants. »

La construction originale du roman enchaînant des chapitres d'époques et lieux différents, brouille les pistes, nous laisse des indices et surtout crée une atmosphère particulière, celle des « âmes errantes ». Je n'ai vraiment apprécié la saveur du propos qu'à la fin, c'est dommage, mais c'est aussi la force du roman : on y comprend toute la difficulté de quitter son pays pour trouver une terre d'accueil, le bonheur et la satisfaction d'avoir accompli quelque chose de bien.
Je remercie Netgalley et les éditions Stock pour cette lecture.
#Lesâmeserrantes
#NetGalleyFrance
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"Les âmes errantes" ("Wandering Souls") est un premier roman prometteur sur l'immigration, sélectionné pour le Women's Prize.
A découvrir dès le 25 avril prochain en version audio chez les @EditionsThelemefromW.F.Howes grâce à la voix touchante d'Aoife Hinds.

Il s'agit d'un récit historique sur les "boat people" : une histoire familiale très émouvante qui explore les blessures générationnelles d'une famille vietnamienne exilée en 1978, trois ans après le retrait des troupes américaines et la chute de Saïgon.

« Il y a les adieux, et puis on repêche les corps – entre les deux, tout est spéculation. »
Sur le sable d'une plage hongkongaise, une main soulève des draps. La jeune Anh, 16 ans, reconnaît ses parents et quatre de ses frères et soeurs, noyés...

Anh et ses deux frères Thanh, 10 ans, et Minh, 13 ans, sont désormais seuls au monde, livrés à eux-mêmes . Il y a quelques mois à peine, ils étaient encore une famille unie. Une famille obligée de fuir le Vietnam après le départ des dernières troupes américaines qui a entrainé un exode massif des habitants à la recherche d'un avenir meilleur. le père de famille étant professeur d'anglais, et donc interprète, ses enfants risquaient d'être enlevés et mis dans des camps de rééducation. Mais, le plan familial vire rapidement à l'échec car les trois aînés, partis avant, sont saufs tandis que le reste de leur famille meurt noyée.

Alors que les fantômes des absents et la culpabilité du survivant leur collent à la peau, qu'ils dérivent de camps de réfugiés en centres de réinstallation, les trois orphelins finissent par poser leurs valises à Londres, dans la Grande-Bretagne de Thatcher. Une nouvelle vie commence alors... mais pas tout à fait comme ils l'espéraient.

Je remercie les @EditionsTheleme et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de découvrir ce roman poignant.

Ce roman choral alterne entre des extraits d'articles de journaux ; des passages sur le récit de l'exil, du voyage clandestin et de la vie difficile d' Ahn et de ses deux frères dont elle a la charge ; des documents officiels du gouvernement de Mme Thatcher ; des interventions de soldats américains ; les pensées d'une 'âme errante', celle d'un des enfants noyés...

J'ai parfois été déstabilisée par ce changement brutal dans la version audio : il eut été judicieux de le signaler grâce à une petite musique qui séparerait chaque récit et servirait de repère à l'auditeur, ce qui faciliterait la compréhension générale de l'intrigue. de plus, Aoife Hinds a une voix assez monocorde qui manque d'intonations, ce qui ne permet pas toujours de capter l'attention et ne donne pas beaucoup de vivacité au récit. Même s'il s'agit d'une histoire triste, j'ai ressenti un peu trop de pathos dans cette lecture qui en devient très démoralisante.

Mais, il s'agit d'un récit bien documenté, ce qui permet de donner beaucoup de vraisemblance à l'histoire de cette famille fragmentée et déracinée. Ahn et ses deux frères vont errer en foyers d'accueil, comme des vagabonds, jusqu'à la majorité d'Ahn. Ils tentent ensuite de reconstruire un foyer à trois sur leur terre d'accueil, à Londres. Mais, ils vont rapidement être victimes d'ostracisme et de racisme dans l'Angleterre de Mme Thatcher où les migrants ne sont pas vraiment les bienvenus.

Un roman difficile mais nécessaire sur l'immigration, la quête d'identité, le déracinement, l'exil, le deuil, la résilience, le sentiment de culpabilité du survivant, qui se termine sur une note d'espoir.
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Quelle magnifique plume ! J'ai eu un gros coup de coeur pour la belle écriture de Cécile Pin. J'y ai ressenti beaucoup de sensibilité. Cette manière de nous raconter le déracinement de cette fratrie vietnamienne en alternant les époques et les angles (les défunts et les vivants) est incroyable.
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Un récit débute par le départ de trois ados vietnamiens qui fuient le gouvernement post américain, on lui suit sur leur traversée vers Hong kong puis enfin leur arrivée en Angleterre d'abord dans un cas puis en autonomie .
Le roman est intéressant mais j'ai avis lu un sur le même thème bien que le pays de départ ne dut pas le même mais qui m'avait beaucoup plus aimé , c'était l'apiculteur s'Alep
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