En furetant dans une librairie de seconde main, je suis tombée par le plus grand des hasards sur ce titre, dont je n'avais jamais entendu parler, ni de l'auteur d'ailleurs. La couverture très sombre, ce titre incongru et ce résumé très noir, décrivant un monde étrange et post-apocalyptique m'ont intriguée, et je n'ai pas tardé à me plonger dans ce court roman hors-norme, que j'ai adoré !
Le roman retrace la vie de
Plop, de son premier cri à son dernier souffle. le monde dans lequel il évolue est sale, humide, noir. La pluie tombe tout le temps, en fine bruine ou en déluge. Dès que l'eau touche le sol, elle devient polluée. Presque plus rien ne pousse, les animaux sont sauvages, tout comme les humains. On aperçoit de temps en temps des vestiges de notre société, fantômes d'un passé maintenant lointain.
Le mode de vie a fortement évolué : les humains vivent en groupe dans lesquels il y a des sous-groupes avec des rôles attribués à chacun en fonction des forces et des faiblesses. Ce sont des communautés qui errent un temps, puis s'installent, puis migrent à nouveau. Chaque groupe a un tabou, et celui du Groupe de
Plop est la bouche : on ne peut jamais voir la langue, les dents, on parle et mange en baissant la tête… Il est fascinant de découvrir tous les us et coutumes du Groupe, si loin de ce que nous connaissons, et de ce qui a déjà pu être écrit.
L'ambiance est très sombre, voire glauque à certains moments. Maladies, morts, violence, famine, dangers de la nature qui les entoure, conflits sont le quotidien de la tribu. Il y a des choses clairement malsaines, qui fait que ce roman n'est pas à mettre entre toutes les mains : les gens qui ne servent plus à rien sont recyclés (tués et on récupère les morceaux intéressants), servent d'appâts lors des chasses ou de monnaie d'échange contre des marchandises. Il en va de même pour les simples d'esprit. La relation au sexe est étrange, on ne fait pas l'amour, on « utilise » l'autre, qu'il soit consentant ou pas. La notion d'individu n'existe qu'à travers le groupe et on ne fait que servir les intérêts de ce Groupe, quoi qu'il en coûte.
Bien que tout en bas de l'échelle sociale quand il commence son existence,
Plop va petit à petit tenter de remonter l'échelle, parfois de façon honnête, parfois par des moyens contournés ou mauvais. C'est un personnage assez étonnant, qui ne parle pas beaucoup, mais dont les idées vont faire avancer les choses pour le meilleur ou pour le pire.
Le roman est rythmé par des chapitres courts, au titre évoquant l'étape de vie que
Plop va expérimenter. le style d'écriture est aussi très haché, cru, mais c'est quelque chose qui m'a beaucoup plu dans cette narration, qui colle vraiment bien au récit et au personnage de
Plop.
Un roman court hors-norme : on évolue dans une société post-apocalyptique originale et fascinante, bien que cruelle, sombre et insensible, dans laquelle les humains vivent en groupes hiérarchisés.
Plop, né tout en bas de l'échelle, tente de monter les échelons et de trouver sa place dans ce monde noir et malsain. Une écriture hachée, des chapitres très courts, qui évoquent des moments de vie marquants. Une lecture captivante, et souvent inconvenante. Comme le dit si bien la quatrième de couverture : « un livre impitoyable ».
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