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Citations sur Henri IV - Le jeu de rôles (10)

HENRI IV. - [...]

Il n'en est pas moins vrai que nous nous obstinons tous
dans l'idée que nous nous faisons de nous-mêmes,
tout comme, en vieillissant, nous teignons nos cheveux.
Peu importe que la teinture des mes cheveux ne puisse pas être pour vous une réalité,
si du moins, pour moi, elle est un tout petit peu réelle.

- Vous, madame, vous ne teignez certainement pas vos cheveux pour tromper les autres,
ni vous-même,
mais simplement pour tromper un peu, un tout petit peu,
votre image au miroir.
Moi, je me teins pour rire.
Vous, vous vous teignez pour de bon,
mais vous avez beau le faire sérieusement,
vous n'en êtes pas moins masquée, vous aussi, madame.
Oh ! je ne parle pas de la vénérable couronne qui ceint votre front...
Je m'incline devant elle.
Je ne parle pas de votre manteau ducal ;
je parle uniquement du souvenir de vos cheveux blonds
que vous avez voulu fixer sur vous artificiellement,
parce que vous vous complaisiez autrefois à être blonde...
ou bien du souvenir de vos cheveux bruns,
si vous étiez brune.

Ce souvenir, vous le fixez sur vous comme un masque
pour retenir l'image de votre jeunesse qui a fui.
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Vous trouvez ça rassurant, vous, qu'il y ait quelqu'un qui s'évertue à persuader les autres que vous êtes comme il vous voit, lui, à fixer dans l'opinion des autres le jugement qu'il s'est fait de vous ? (p.89)
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HENRI IV. - Quand nous refusons de nous résigner, les velléités apparaissent.
Une femme qui veut être un homme...
un vieillard qui veut être jeune...
Velléités, velléités, chimères ridicules, c'est certain.
Mais réfléchissez, Monseigneur,
toutes nos autres velléités ne sont pas moins ridicules,
même quand elles ne débordent pas les limites du possible humain.
Nul mensonge pourtant, nulle fiction de notre part.
Nous sommes de bonne foi, immobilisés dans une noble idée de nous-mêmes.
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HENRI IV. - [...]
Nul ne veut admettre le pouvoir obscur et fatal qui limite notre volonté.
Et pourtant, puisqu'on naît, puisqu'on meurt !...
Naître, Monseigneur, est-ce que vous avez demandé à naître ?
Moi, non.
Et entre ces deux hasards - naître et mourir -
indépendants tous deux à notre volonté,
combien d'autres choses encore que nous n'aurions pas voulues
et auxquelles nous nous résignons à contre-coeur !
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DONNA MATHILDE. - Je n'oublierai jamais cette scène !
Ces visages grimés, fardés, décomposés en présence soudain de ce masque terrible
qui n'était plus un masque, qui était la Folie !
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BELCREDI. - Je ne prétends pas qu'il simulait, l'exaltation.
Non, tout au contraire ; souvent, il s'exaltait véritablement.
Mais je peux vous assurer, docteur, qu'instantanément il se voyait lui-même,
en proie à son exaltation,
il en prenait conscience et il se mettait à contempler cette exaltation comme un spectacle.
Cela devait lui arriver jusque dans ses mouvements les plus spontanés.
Je suis certain qu'il en souffrait :
il entrait parfois contre lui-même dans des rages du plus haut comique !

LE DOCTEUR. - Ah ! vraiment !

DONNA MATHILDE. - Oui, c'est exact !

BELCREDI, au docteur Genoni. - Il en souffrait,
parce que ce dédoublement, cette lucidité immédiate
l'exilait de ses sentiments les plus profonds, les lui rendait étrangers...
Ses sentiments lui paraissaient aussitôt
- non pas faux puisqu'ils étaient sincères -
mais des choses, auxquelles il fallait donner sans retard une valeur... comment dire ?
la valeur d'un acte intellectuel,
pour remplacer la chaleur de la sincérité qu'il sentait se retirer de lui.
Et alors il improvisait, il exagérait,
il s'exaltait pour s'étourdir et "ne plus se voir"...
C'est ce qui le faisait paraître inconstant, léger et, disons le mot,
parfois même ridicule.
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Il arrive aux femmes, mon cher docteur, entre mille disgrâces,
de rencontrer parfois un regard chargé de la promesse contenue,
intense d'un sentiment éternel !

(Elle éclate d'un rire aigu.)

Rien de plus drôle !
Ah ! si les hommes se voyaient avec ce "sentiment éternel" dans le regard...
Je n'ai jamais pu m'empêcher d'en rire !
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Nous quatre et ces deux malheureux-là
(il montre les deux hommes d'armes)
quand ils se tiennent immobiles au pied du trône, raides comme des piquets,
nous sommes comme des personnages qui n'ont pas rencontré un auteur,
comme des acteurs à qui on ne donne pas de pièce à représenter...

Comment dire ? La forme existe, c'est le contenu qui manque !

Ah ! Nous sommes beaucoup moins favorisés que les véritables conseillers d'Henri IV ;
eux, personne ne leur donnait de rôle à jouer.
Ils ignoraient même qu'ils avaient un rôle à jouer !
Ils le jouaient au naturel, sans le savoir...
Pour eux, ce n'était pas un rôle, c'était la vie, "leur vie".
Ils faisaient leurs affaires aux dépens d'autrui :
ils vendaient les investitures, touchaient des pots-de-vin, toute la lyre...

Tandis que nous, nous voilà habillés comme ils l'étaient,
dans cet admirable cadre impérial...
Pour faire quoi ?
Rien du tout...
Nous sommes pareils à six marionnettes accrochées au mur,
qui attendent un montreur qui se saisira d'elles,
les mettra en mouvement et leur fera prononcer quelques phrases.
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Il y a eu fixation de ce qui n'était qu'une obsession passagère. Et en se fixant, elle s'est prolongée. Et c'est le crétinisme ou la folie. (p.52)
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Sono guarito, signori: perché so perfettamente di fare il pazzo, qua; e lo faccio, quieto! -Il guajo è per voi che la vivete agitatamente, senza saperla e senza vederla, la vostra pazzia.
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