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Critique de Ys


Bruxelles, dans un avenir proche. L'apocalypse est en cours. Pas de hordes zombies à déclarer, non, juste la nature qui se détraque, ou se décide à éradiquer pour de bon cet encombrant petit parasite humain. Ebola III fait le plus gros du travail, dans la meilleure tradition des grandes épidémies de peste d'autrefois, et le ciel se charge de nuées menaçantes, prélude à des tempêtes fabuleuses qui arracheront les toits, dévasteront les récoltes. Dans les villes, on meurt au coin des rues. L'économie est pire qu'en crise, les gouvernements impuissants, les hôpitaux débordés, les fanatismes exacerbés, la misère et la violence dévastent tout ce que la maladie laisse encore debout.
Dans ce vaste cauchemar, Roxanne survit en vendant des médicaments douteux issus de labos clandestins ; dépressive, désespérée, n'attendant plus rien de la vie, incapable pourtant d'y mettre terme pour de bon. Jusqu'au jour où son époux décède en lui laissant la garde de leur fille, qu'elle a abandonnée bien des années plus tôt en même temps que le père. Une gamine silencieuse, distante, comme incapable de ressentir aucune émotion, pour laquelle Roxanne n'éprouve rien qu'une vague aversion. Mais la culpabilité, même lorsqu'elle se cache sous les replis de la conscience, peut être un moteur aussi puissant que l'amour et la survie, avec cet être à protéger, prend un sens nouveau.
Lorsque les deux femmes échappent de justesse à une bande de pillards venue dévaster leur immeuble, il est temps de ressortir la vieille clef qui dormait au fond d'un tiroir pour gagner tant bien que mal la vieille demeure familiale dont Roxane a hérité. La vie à la campagne ne sera pas plus facile à apprivoiser que la maternité, d'autant que la maison n'est pas tout à fait aussi déserte qu'elle y paraît...

Lorsque vous êtes d'humeur mélancolique et cumulez les looses, quelle bonne idée que d'aller lire un bon petit roman apocalyptico-dépressif pour rester dans le ton ! Difficile de faire la part du talent de l'auteur et de mon état d'esprit personnel, du coup, dans l'impression profondément plombante qu'a eue sur moi une bonne partie de cette lecture. Toujours est-il qu'Emmanuelle Pirotte a créée là un univers extrêmement sombre, renforcé par un personnage très négatif qui ne contribue guère à égayer l'ensemble. Un univers et des personnages très réussis, cela dit. L'un, relevé, enlevé par un imaginaire puissant qui puise aussi bien aux dystopies contemporaines qu'aux contes fantastiques, subtilement gothique et cruellement réaliste. Les autres intéressants par leurs fêlures, leurs interactions, leur évolution, Roxane surtout, assez détestable d'abord mais trop paumée et trop lucide vis à vis d'elle-même pour ne pas susciter une empathie complexe, mêlée de compassion et d'agacement, que l'entrée en scène d'un nouveau personnage vient doubler assez habilement.
Au final, on tient là un roman original et fort, qui reflète des problématiques très contemporaines mais est aussi, de manière bien plus intemporelle, une belle métaphore de la condition humaine et du mal de vivre.
Lien : https://ys-melmoth.livejourn..
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