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Critique de polacrit


Présentation de l'ouvrage :

Lucien Febvre, éminent historien moderniste qui a révolutionné la discipline en apportant un regard neuf, une méthodologie fondée sur l'explication plutôt que sur la description, avait, dans les années 1940, évoqué la « civilisation du livre » issue de l'invention de l'imprimerie. A son exemple, on peut qualifier le XIXe siècle de « civilisation du journal », tant son impact sur l'évolution de la société a été déterminant. En effet, par son mode de production de plus en plus industrialisé, permettant des tirages allant jusqu'au million ( tirage du quotidien le Petit Journal en 1890, en pleine crise boulangiste), et par son coût modique, la diffusion du journal devient de plus en plus massive.
Parce qu'il interagit avec la littérature (publication de romans en feuilletons), les sciences en plein développement et les arts visuels, le journal modifie en profondeur les habitudes des Français, bientôt avides d'informations périodiques et abondantes. L'engouement du public pour les faits divers largement relayés par la presse à partir de la seconde moitié du 19e siècle en témoigne.
Mesurer les effets du journal lu quotidiennement et de cet afflux d'informations toujours plus abondant sur l'évolution de la société et la configuration des esprits constitue un défi sociologique particulièrement intéressant.

Dans le même temps, les relations entre les sexes évoluent, les femmes refusent d'être tenues à l'écart de cette évolution culturelle, intellectuelle, sociologique. Elles refusent de rester sur le quai regarder passivement défiler le train. Elles veulent monter dans les wagons et, pourquoi pas, conduire elles-mêmes la locomotive. En effet, la plupart des publications cantonnent les femmes dans la sphère domestique privée, réservant aux hommes l'accès à l'espace public. La vie quotidienne des femmes est relayée à travers la broderie, la cuisine, la confection des vêtements, l'éducation des enfats, les bonnes manières ou les conseils d'ameublement dans des revues dont les titres à eux seuls sont très évocateurs : le Petit écho de la mode, L'Art d'être Jolie, La Boîte à Ouvrage, le Cabinet des modes , Les Dimanches de la Femme, La joie de la maison et j'en passe.

Dans une approche transdiciplinaire inédite, mêlant histoire des médias, études sur le genre, littérature, science politique et histoire de l'art, cet ouvrage très complet traite de corpus divers et propose des rubriques aussi variées que la presse généraliste, les revues de mode masculine, les journaux féminins et féministes, les chroniques judiciaires, les reportages, les publicités...Il analyse les ressorts des inégalités entre les hommes et les femmes dans la presse du 19e siècle, apportant dans le même temps un nouvel éclairage sur celles qui caractérisent notre époque.

Les auteurs :
Christine Planté est professeur émérite de littérature française à l'université Lumière de Lyon 2 et membre de l'IHRIM (Institut d'Histoire des Représentations et des Idées dans les Modernités). Pionnière des études sur le genre en France, elle a notamment pubié aux Presses universitaires de Lyon La Petite soeur De Balzac, un essai sur la femme auteur, en 2015, et une anthologie intitulée Femmes poètes du XIXe siècle en 2010.

Marie-Eve Thérenty est professeur de littérature française et directrice du RIRRA 21, laboratoire d'étude de l'université Paul-Valéry Montpellier 3. Spécialiste des rapports entre presse et littérature, de poétique des supports et d'imaginaire des sociétés médiatiques, elle a publié, entre autres, en 2019, Femmes de presse, Femmes de Lettres : de Delphine de Girardin à Florence Aubenas, Cnrs Editions.

Ses rubriques variées aux articles écrits par des collaboratrices venues d'horizons divers font toute la richesse de cet essai passionnant qui se feuillette au fil des sujets abordés, selon la curiosité ou les centres d'intérêt de chacun. Son principal atout repose sur deux aspects : pénétrer dans le monde de la presse telle que pratiquée au XIXe siècle en appréhendant la place faite aux femmes par les hommes, mais également la place que les femmes se créent peu à peu grâce à des pionnières ( je ne citerai que Louise Michel ou Hubertine Auclert) ; apporter un point de vue éclairant sur l'évolution de notre société moderne en considérant la place que les femmes y occupent aujourd'hui. Instructif et passionnant
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