En grande fan de
Mobylette, j'attendais avec impatience la sortie de
Tout blanc. J'imagine la pression, pour un auteur, de sortir un deuxième roman !
Verdict ?
Ploussard a un style bien à lui, la plume est affirmée, on sent le plaisir à la rédaction, il s'amuse, oui, c'est certain. Des noms connotés aux clins d'oeil facétieux (la Dent du diable !), des situations totalement aberrantes aux idées loufoques, oui, Ploussard a trouvé sa marque de fabrique, c'est sûr. Au diable les chemtrails, l'auteur va bien plus loin et déverse un flot de neige sur le monde, apocalypse où certains, plus chanceux que d'autres, trouveront leur résilience.
L'histoire commence avec Blanche, empêtrée dans des violences conjugales et qui décide de fuir ; je l'ai adorée cette intro, tellement humaine et sensible, et forcément un brin déjantée : pas de cadenas ici, mais des explosions, à chaque personnage sa petite lubie 😉
Progressivement, les autres actants de l'histoire apparaissent et s'entremêlent : il faut un peu s'accrocher quand même pour raccorder tout ce beau monde et comprendre qui interagit avec qui… Alors pour le coup, alors que dans
Mobylette aucun personnage n'est « en trop », j'ai trouvé là une petite surcharge pour ma part… Et alors que dans
Mobylette, étrangement, j'ai trouvé les situations complètement crédibles, même les plus aberrantes, j'ai eu ici plus de mal à me projeter dans l'histoire. Et je ne vois à cela qu'une seule raison : dans
Mobylette, j'ai senti la faiblesse et la force de l'auteur, j'ai senti son sensible, Dominique parlant à « je » comme une seconde voix. Dans
Tout blanc, il m'a manqué un Dominique. Bien sûr que Salvetat le tueur narcoleptique est formidablement bien campé. Bien sûr qu'Anthony est passionnément attachant et qu'on est dégoûté pour ce pauvre Geoffrey. Bien sûr qu'on attend qu'il leur arrive des bricoles, au maire, au savant fou, et qu'à la fois on se fout pas mal de Kristie, de la présidente, et même de Matthias Lescut et de sa vision stellaire. Bien sûr que Gilles nous rassure : père rédempteur enfin ! Bien sûr que le décor est surréaliste et pourtant peut-être passablement prémonitoire (les rennes ont-ils survécu, du coup ? Ou ont-ils servi de nourriture aux fauves échappés ?). Mais mon Dominique est absent, c'est le Laurent caché derrière Dominique que j'ai traqué toute ma lecture et je ne l'ai pas trouvé…
Je vais aller de ce pas me commander un tee-shirt Tapelot pour contrer la canicule estivale et un Dep-Dog, aussi, l'idée est géniale. Même si je n'ai pas été aussi enthousiasmée que pour
Mobylette, c'est une chouette lecture, très rafraichissante, qui fait sourire et grincer des dents. Bravo !