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Critique de SZRAMOWO


Belle rencontre que celle de ce 17 octobre dans les locaux de Babelio avec Philippe Pollet-Villard l'auteur de l'enfant-mouche.
Philippe Pollet-Villard nous a fait part avec une grande humanité et beaucoup de sensibilité de son rapport avec l'histoire de sa mère qu'il raconte dans ce roman, et la décision de la faire publier difficile à prendre et difficile à faire accepter par certains membres de sa famille.
L'histoire est racontée par Anne- Angèle, une infirmière en poste à Casablanca dont la soeur Mathilde décède à Paris. le voyage dans la capitale va bouleverser son existence et la conduire à prendre en charge, dans des circonstances étranges, Marie, une petite fille abandonnée par sa mère.
Marie est la mère de l'auteur. La France est occupée par l'armée allemande, le récit se passe en 1994, et les deux héroïnes sont contraintes de quitter la capitale pour l'est du pays.
Dans l'adversité, Anne-Angèle est très vite confrontée à ses démons. La petite Marie se trouve bientôt livrée à elle-même. Elle ne possède pas, même si c'est une petite fille très vive et très intelligente, les grilles de lecture qui lui permettraient d'évoluer sans risques dans la société de l'occupation. Les affrontements entre résistants, collabos, allemands, citoyens passifs, commandent le quotidien. La survie ne peut se faire qu'au prix du choix d'un camp ou de la compromission. La guerre est présente partout dans le récit, même si l'on n'assiste à aucun combat.
« Ce soir-là, (…) on vient d'achever un repas constitué de feuilles de poireaux et de fanes de carottes parfumées d'un peu d'ail sauvage. »
Marie apprend très vite que les paysans du coin n'apprécient pas « les mendiantes dont on ne sait d'où elles viennent. »
Sa survie passera par un emploi dans la caserne proche où les soldats allemands l'accueillent.
La description du rapport de Marie à la guerre, au danger, à l'occupant, n'est pas sans rappeler le roman de Jim G Ballard, l'Empire du soleil.
Le roman est bâti en cinq parties, contenant chacune une multitude de chapitres très courts qui racontent l'histoire en alternant les événements, les lieux, les points de vue des différents personnages.
Chacun de ces petits chapitres est conçu comme une histoire avec un début et une fin, qui clôt une aventure ou s'ouvre sur une perspective nouvelle.
Le choix d'une narration au présent de l'indicatif, rend l'ensemble dynamique et attrayant. La lecture est facile et le lecteur rentre dans l'histoire avec plaisir.
Philippe Pollet-Villard parvient à restituer l'histoire de sa mère de façon à la fois pudique et réaliste, en la replaçant dans le contexte de la guerre et en nous faisant vivre la guerre et ses conséquences pour les personnages qui la subissent.
Il se tire avec un grand brio de son devoir personnel de mémoire sans jamais céder à la facilité d'un je encombrant ou geignard. Bravo pour ce roman que j'invite les lecteurs de cette chronique à lire sans attendre.
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