On peut toujours trouver quelques défauts à un 1er roman. Fait est qu'
Organigramme en présente quelques-uns. Mais….
Mais on les oublie vite tant le scénario est ciselé. J'ai longtemps attendu un thriller en entreprise. Certes
Marin Ledun m'avait servi Des Visages écrasés, mais ce roman était trop vrai pour être considéré comme un roman.
Fixer l'histoire dans le milieu de la mode est une excellente idée. Peu courant si on omet le diable s'habille en Prada (mais ce n'était pas un thriller donc ça ne compte pas).
Vu à travers les lignes de
Jacques Pons, la vérité en entreprise des cadres sup/dirigeants est criante de vérité. Conf-calls copieuses à l'utilité douteuse, si ce n'est à se positionner vis à vis du patron, séminaires absurdes accouchant de stratégie fumante dans un lieu soi-disant exceptionnel où les thématiques cachent une évaluation des cadres, délais et cadences de production absurdes. Bref un lieu où l'humain se trouve pressuré, réduit à un outil de travail sur l'autel du cash flow. Moralité, les burnouts deviennent communs, les réunions sont au mieux un lieu où l'on s'ennui au pire, un défouloir où les mauvaises langues crucifient un des membres pour l'exemple.
Organigramme est une belle mise en scène autour d'une thématique de plus en plus connue, malheureusement, la souffrance du travail. Salarié, quelque soit ton rang, tu plies ou tu casses.
On se doute bien que la fin ne peut pas être à la Disney. Au mieux, une fin à la Ledun car dans ces chapitres alternant les faits subits par les employés de la maison Louis Laigneau et les pensées du tueur, Pons, manipule le lecteur. L'atout majeur de
Jacques Pons est de placer le lecteur au centre. C'est lui qui mène l'enquête.
La vision sans exécution n'est qu'une hallucination. C'est le mantra du président. Et bien en ce qui concerne l'exécution, celle de son CoDir, (comité de direction) il est servi. le tueur sévi de l'intérieur. Il connaît tous les rouages et les travers de ses collègues. Il met un point d'honneur à oeuvrer selon les principes de l'entreprise Laigneau, CRÉATIVITÉ- VISION- EXÉCUTION. Nous,
Organigramme sous les yeux, on cherche. On biffe les morts et on souligne les suspects.
A ce titre, la Drh est particulièrement réussie à mon gout. Les autres membres du CoDir sont des archétypes. J'ai un poil d'empathie pour Yasmina. Très vite le mépris et la haine prennent le dessus pour le reste de l'exécutif. le middle management, les consultants, les petites mains employées ne sont que des rouages. Les prestataires et les actionnaires se noient dans le paysage.
Le tout est rythmé. ça part comme une balle et ça se dévore. Il faudra que je me méfie lors de mon retour au travail.
En conclusion,
Organigramme est un thriller réussi. le prix décerné est mérité car ce fut une belle surprise, effectivement un coup de coeur.
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