Si j’ai intitulé ce recueil Invasions plurielles, c’est que je ne souhaitais pas me limiter à des belligérants humanoïdes, et que je ne comptais pas me limiter à la SF. « La Bête », « La Mort », par exemple, sont de pures récits de Fantastique, tandis que « Tolérance » relèverait presque de la Fantasy : « un monde imaginaire peuplé d’êtres surnaturels ».
Les gouvernements du monde entier ne furent aucunement réticents à livrer leurs ressortissants. [...]À vrai dire, les gouvernements virent même là une aubaine : ceux qui partaient n’avaient aucun avenir ici. Il s’agissait pour la plupart d’assistés, de laissés pour compte, de citoyens inutiles qui ne faisaient pas tourner la machine économique, mais, au contraire, vivaient à ses crochets. [...] Mais dans l’ensemble, à part quelques émeutes, parce que le grand vaisseau ne pouvait emmener tout le monde en une seule fournée, cela ne généra aucun problème majeur. Et, cerise sur le gâteau, c’était une bonne chose pour la démographie de certains pays, galopante… En résumé : bon débarras !
Eden et caetera
Depuis combien de temps, n’était-il pas retourné sur la Terre ? Mille ans ? Deux mille ans ? Seules des images holos et sa mémoire témoignaient encore de son existence. Mais il ne pouvait s’en détacher : aucun être humain ne le peut. Cela avait été la grande découverte des années d’expansion spatiale : pour résister à la solitude de l’infini, les hommes avaient besoin d’un port d’attache. De se savoir appartenant à un groupe ; d’avoir tel Ulysse, l’espoir, la certitude de retrouver un jour ce berceau, cet Ithaque.
(extrait de la nouvelle « EAU »).