Citations sur Boris Godounov - Théâtre complet (44)
MNISZEK : Allons ! Tu n'as jamais pensé, confesse-le, Wiszniewiecki, que ma fille deviendrait tsarine ? Hé !
WISZNIEWIECKI : Oui, bien des miracles... Et as-tu jamais pensé, Mniszek, que mon domestique monterait sur le trône de Moscou ?
Scène 12.
BASMANOV : Il a raison, il a raison, la trahison gagne de tous côtés : que ferai-je, moi ? Dois-je donc attendre que les révoltés me ligotent et me livrent à Otrépiev ? Ne vaudrait-il pas mieux prévenir la tempête, et... aller moi-même... Mais trahir son serment ! Déshonorer sa famille aux yeux de la postérité ! Payer la confiance du jeune souverain par une atroce perfidie ! Pour un exilé d'État, il est facile d'être homme de parti et de conspirer ; mais moi, le favori du souverain, moi... mais la mort... mais mon pouvoir... mais les malheurs du peuple...
Scène 21.
LE TSAR : Ne change rien au train des affaires : la force d'un État est dans le maintien de ce qui existe.
Scène 20.
LE TSAR : Rien ne peut adoucir nos chagrins ici-bas ; rien, rien... si ce n'est peut-être la conscience seule. Oui, pure, elle triomphera de la malice et de l'obscure médisance : mais si une seule tache, une seule y pénètre par hasard, alors malheur à nous : notre âme est brûlée comme d'une peste, notre cœur s'inonde de poison, le reproche bat comme un marteau dans les oreilles.
Scène 7.
SALIERI : Ô ciel ! où est donc la justice quand le don sacré, quand le génie immortel n'est pas la récompense de nos travaux, de notre zèle, de nos vœux et d'un brûlant amour, mais qu'il illumine la tête d'un sot, d'un flâneur désœuvré ?... Ô Mozart ! Mozart !
MOZART ET SALIERI, Scène 1.
MÉPHISTOPHÉLÈS : C'est une loi commune à vous tous, et personne ne peut s'en affranchir. Tout animal raisonnable s'ennuie : l'un de la paresse, l'autre des affaires ; celui-ci a la foi, celui-là l'a perdue ; cet autre n'a pas trouvé le temps de jouir, un autre a joui outre mesure ; chacun bâille, et pourtant tout le monde vit, et le cercueil béant vous attend tous.
UNE SCÈNE DE FAUST.
UN HOMME DU PEUPLE : Tous pleurent — pleurons, frère, nous aussi !
UN AUTRE : J'essaie, frère, mais ça ne vient pas.
LE PREMIER : Tu n'as pas de l'oignon ? On s'en frotterait les yeux !
UN AUTRE : Non, je vais me frotter avec de la salive !
Scène 3.
CLOTILDE : Ne peut-on gracier ce pauvre homme ? Il est déjà suffisamment puni, par sa blessure et par la peur de la potence.
ROTENFELD : Le gracier !... Mais vous ne connaissez pas le bas peuple. Si on n'inspire pas à ces gens-là une sainte frousse et si on épargne leur meneur, demain ils se révolteront à nouveau...
SCÈNES DU TEMPS DES CHEVALIERS.
(*passage entièrement en français et allemand dans le texte original.)
MARGERET : Qu'est-ce à dire " pravoslavni " ?... Sacrés gueux, maudite canaille ! Mordieu, mein Herr, j'enrage : on dirait que ça n'a pas des bras pour frapper, ça n'a que des jambes pour foutre le camp.
ROSEN : Es ist Schaude.
MARGERET : Ventre-saint-gris ! Je ne bouge plus d'un pas — puisque le vin est tiré, il faut le boire. Qu'en dites-vous, mein Herr ?
ROSEN : Sie haben Recht.
MARGERET : Tudieu, il y fait chaud ! Ce diable de samozvanetz, comme ils l'appellent, est un bougre qui a du poil au cul. Qu'en pensez-vous, mein Herr ?
BORIS GODOUNOV, Scène 16.
LE TSAR : J'ai pensé apaiser mon peuple au moyen de l'abondance et de la gloire, acquérir son amour par mes générosités ; mais j'ai renoncé à ces soins inutiles : le pouvoir vivant est odieux à la populace. Ils ne savent aimer que les morts. Nous sommes insensés quand nous nous laissons toucher par les applaudissements du peuple ou par ses vives lamentations.
Scène 7.