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Jean-Louis Backès (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070388981
336 pages
Gallimard (23/01/1996)
  Existe en édition audio
4.23/5   615 notes
Résumé :
Le plus célèbre roman de la littérature russe, et qui a produit un chef-d'œuvre de l'opéra, était d'abord un poème, en strophes rimées. L'auteur y a mis sa vie - et sa mort. L'héroïne, Tatiana, tombe amoureuse d'un héros byronien, qui tue en duel le fiancé de la sœur de celle-ci. Les années passent, Onéguine revient, découvre qu'il aime passionnément Tatiana, maintenant mariée ; elle l'aime aussi ; que choisira-t-elle? "Et le bonheur était si proche, si possible" ch... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (84) Voir plus Ajouter une critique
4,23

sur 615 notes
Il est bien dommage qu'en français " sublime " ne rime avec Pouchkine car ç'eût été justice, pour un flamboyant tel, qu'un mot tel que " sublime " rimât avec son patronyme. le français est mal fait et c'est une méchante langue, car l'on perd en le parlant les trésors uniques et la mélodie douce du Russe-Chantant.
Le Russe-Chantant est un très timide enfant, qui ne se montre que fort rarement. Si vous regardez clair, si vous écoutez bien, au creux du calamus noirci d'encre de spleen la plume qui servit jadis à Pouchkine pour brosser son Onéguine, vous croiserez son petit regard espiègle, sa musique et sa voix. N'allez surtout point quêter ailleurs — Malheureux ! — vous seriez horriblement déçus.
Quel drôle de truc, franchement, que cet Eugène Onéguine ! Un roman, oui, mais un roman en vers, ce qui est déjà plus rare, et qui plus est rythmé uniformément de strophes de 14 vers, comme autant de poèmes soudés les uns aux autres (pas tout à fait exact puisque certaines strophes se poursuivent sur la suivante, mais dans l'ensemble, c'est à peu près cela).
Chaque strophe onéguienne est composée de trois quatrains (le premier en rimes croisées, le second en rimes plates et le troisième en rimes embrassées), lesquels 12 vers sont flanqués de deux derniers vers en rimes plates qui viennent clôturer la strophe.
Il y a donc une rythmique et une musique forte et incomparable dans cet étonnant roman et je tiens à signaler dès à présent la gageure (pour ne pas dire l'hérésie folle et vaine) que d'essayer de le traduire comme tel en français.
Personnellement, avant de me lancer dans cette lecture, j'ai comparé la traduction rimée d'André Markowicz chez Babel et la traduction non rimée de Jean-Louis Backès pour Folio. Ma préférence est allée, et de loin, à cette dernière, car il a compris qu'il n'arriverait jamais à tout retranscrire de l'écriture de Pouchkine et a donc fait un choix, que je juge judicieux.
Il a laissé tomber les rimes et les nombres de pieds, par contre, il a choisi de conserver le rythme et la fluidité du verbe. le résultat est vraiment remarquable, car à plein de moments, j'avais l'impression de lire de la poésie, de la belle et vraie poésie, sans la moindre rime ni le plus petit respect de la quantité syllabique.
Chapeau bas, donc, pour Jean-Louis Backès avec cette belle traduction très osée.
Vous dire que l'ensemble de l'oeuvre me laisse rêveuse serait mentir, j'ai surtout goûté l'esprit espiègle de l'auteur et sa flamboyance stylistique, son romantisme pur jus première pression à froid, directement inspirée de Byron.
Eugène Onéguine, c'est l'histoire d'une rencontre. C'est l'histoire d'un avortement amoureux. C'est l'histoire d'une erreur de timing qui rend chacun malheureux.
Eugène est un dandy russe, viveur mais déjà blasé, des choses comme des gens, des amours également. Fuyant l'univers mondain, il se réfugie à la campagne, tâcher de redonner quelque sens à sa vie.
Tatiana, elle, est jeune, intacte, non encore abîmée dans ses rêves et dans sa vie, prête à croire et à s'enflammer.
Onéguine est celui qu'elle attend, au creux de ses rêves. Mais elle, est-elle celle qu'Onéguine espère ?
Olga, la soeur de Tatiana en pince pour Lenski, l'ami d'Onéguine.
Deux amours, un orgueil offensé, en faut-il davantage pour convoquer un duel ? le reste, je vous le laisse à découvrir.
C'est surprenant de savoir, après coup, combien le duel dépeint dans Eugène Onéguine annonce la fin réelle d'Alexandre Pouchkine, mort lui aussi dans un duel, par un froid hiver...
Adieu Pouchkine, adieu l'ami...
Onéguine
Tatiana
Tatiana
Onéguine
À défaut du reste, au moins les rimes se seront-elles embrassées... dans ce bel ouvrage en vers, qui vaut plus, probablement, pour sa facture que pour son intrigue, du moins c'est mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Que dire sur cet "Eugène Onéguine", oeuvre ô combien sublime, portant le nom d'un personnage ô combien à part... J'aimerais rendre grâce à la magnificence de ce chant avec mes simples mots, et je sens d'emblée que cela va s'avérer une tâche ardue… Mais je me lance quand même !

Parlons d'abord intrigue. Eugène Onéguine, c'est une histoire d'amour entre Onéguine et Tatiana, histoire d'amour évidemment impossible – même si ici elle est plutôt rendue impossible et perdue pour toujours à cause de l'aveuglement et du mépris d'Onéguine, personnage blasé et fatigué par tout ce qui constitue la vie, et notamment par les hommes et surtout l'amour. le tout est ponctué par l'intervention du poète qu'est Pouchkine, qui nous délivre avec délice son trait d'esprit.
A travers ce roman, nous faisons également une rencontre magnifique, celle du touchant et tendre Lenski, jeune poète romantique qui ne répond qu'à la voix du coeur, et suis d'ailleurs cette même voie - celle-là même qui lui fera perdre sa précieuse vie pour l'Amour. Il apparaît ainsi comme un anti-Onéguine dans ses épanchements amoureux et sa foi en la vie, et son sacrifice fait de lui un héros splendide.

Pour ce qui est de la forme - de grâce, ne passez pas à côté de tant de beauté -, j'ai trouvé l'écriture en vers juste divine, et je n'ai pas pu résister à l'envie de lire à voix haute cet extraordinaire chant que nous offre Pouchkine, le Grand Alexandre Pouchkine...

Bref, j'ai adoré ce roman, qui, pour moi, ne constitue rien d'autre qu'un chef d'oeuvre de la littérature, aussi bien russe que mondial.
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Quelques années avant le Jocelyn de Lamartine, Pouchkine publie son Eugène Onéguine. le grand poète a choisi le tétramètre iambique pour composer ce roman en vers. Cela a causé un véritable malaise aux traducteurs qui se voyaient dans la perplexité de choisir entre une traduction en vers ou en prose, garder la forme ou l'essence. Ainsi la traduction que j'ai trouvée dans cette édition « J'ai lu » était en prose ; une oeuvre de Michel Bayat. Peut-être moins connue que celle d'André Markowicz, mais si l'on prend la remarque d'un certain O. W. Milosz selon laquelle « une traduction est excellente quand, tout en suivant pas à pas le texte original, elle peut être lue avec plaisir à haute voix », je crois que Bayat a bien réussi son défi.

Revenons maintenant à l'histoire de ce jeune homme qui se nomme Eugène. Il s'agit bien d'une intrigue assez simple qui s'éloigne de la tendance littéraire de cette période du XIXème siècle ou comme dit l'un de ses premiers traducteurs « on n'y trouve ni banqueroute, ni suicide, ni prostituées, ni adultères » (Paul Béesau). Mais ce n'est point là l'intérêt de cette oeuvre singulière. Ce qui fait d'elle un livre majeure de la littérature russe, c'est l'omniprésence de Pouchkine dans le roman par ses commentaires et ses digressions pleins de finesse malicieuse et d'ironie espiègle. Il présente ce qu'on nommerait l'âme russe dans toute son étendue.

Le roman nous apprend davantage sur l'art poétique de Pouchkine et sur ses préférences artistiques que sur son personnage blasé qui trouve un refuge dans la campagne, rencontre un poète assez médiocre que l'auteur lui-même s'amuse à mettre en dérision et une fille rêveuse et romantique et qui finalement change de caractère en brûlant de passion, lui le séducteur léger. Ainsi le roman s'avère comme une parodie ingénieuse des oeuvres romantiques de ce siècle (et surtout Childe Harold de Byron) mais aussi comme une représentation réaliste de la vie russe.

Ce roman inaugurera peut-être la thématique de l'individu oiseux et ennuyé qui trouvera un écho dans d'autres ouvrages russes. Cet ennui qui conduira Eugène à se jouer de la pauvre amoureuse et de contrarier son ami lors d'un bal, ce qui engendrera des suites funestes. Cet amour de la liberté qu'on retrouve chez Eugène rime avec cette liberté avec laquelle Pouchkine transgresse les formes littéraires connues dans son pays ainsi que les clichés romantiques. Alexandre nous livre aussi des descriptions pittoresques et vivantes des lieux et des personnages.

Sans doute, il s'agit là d'un ouvrage central dans le parcours de Pouchkine mais aussi dans la littérature russe ; Un vol libre qui nous transporte par sa nostalgie, son ironie, sa culture et son humour à travers l'art de ce poète unique au destin tragique et à travers la Russie de Tolstoï, de Dostoïevski et de Tourgueniev.
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Ce chef-d'oeuvre d'Alexandre Pouchkine mérite toute notre considération. Ce roman en vers est d'une beauté admirable et la plume de cet auteur est vraiment d'une finesse exceptionnelle.
Voici le portrait d'un jeune homme, Eugène Onéguine, le héros de ce livre, parfaitement singulier, qui s'ennuie de la société russe et vit cloîtré dans son manoir, las des femmes et des amis, recherchant la paix essentiellement dans ses livres. C'est également l'histoire d'une rencontre, celle de Onéguine avec Vladimir Lenski, un poète de dix-huit ans, qui le surprendra par sa joie de vivre et ses espérances concernant son futur. Pouchkine oppose ces deux caractères : l'un, misanthrope et l'autre, assoiffé de société et d'amour. Malheureusement, cette amitié conduira Lenski à la plus fatale des possibilités...
Enfin, c'est une histoire de femmes : tout d'abord, Olga, la fiancée de Vladimir, d'une grande beauté, mais infidèle et qui oublie bien vite Vladimir ; et bien évidemment, Tatiana, celle qui tombera sous le charme d'Eugène, une femme touchante, fidèle et sincère, qui séduit avec facilité le lecteur.
Nous suivons donc l'histoire d'amour qui unit Tatiana à Eugène mais qui hélas, ne pourra point aboutir à une fin heureuse.
Ces quatres personnages, chacun à sa façon, écrit l'histoire d'Eugène Onéguine, et de Pouchkine lui-même.

Mais quel bonheur de lire ces vers, de les sévourer délicatement ou passionnément selon le moment de l'histoire, bref, de dévorer cette magique tragédie !
Tout simplement sublime.

A lire absolument !!
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Il est minuit passé, votre coeur bat à tout rompre. La serrure que vous êtes entrain de crocheter va céder d'un instant à l'autre. Ces courtes secondes vous paraissent durer une éternité mais il faut garder votre sang froid jusqu'au déclic métallique et libérateur de la gâche. D'un léger coup d'épaule, vous enfoncez la porte qui s'ouvre sur l'immense salon de votre victime. Bingo! Cela va être une véritable razzia d'objets de valeur ! le seul problème est que le propriétaire, téléphone en main, vous observait depuis de longues minutes. À peine, avez-vous le temps de réagir face à cet imprévu que les forces de l'ordre vous plaquent déjà au sol. Vous êtes hors la loi et venez de faire connaissance avec les limites clairement définies par un État de droit.

Ce cadre juridique, en plus de protéger chaque individu, structure les rapports sociaux. Nous sommes soumis à des règles qui régissent nos vies afin de garantir un minimum de vivre-ensemble. Personne, par exemple, ne voudrait vivre dans une société sans garde-fous où les crimes resteraient impunis. Mais cette réglementation de l'existence prend une tournure totalitaire quand la somme des individus que nous sommes, se plaît à ériger des injonctions populaires qui varient suivant les époques. Ne suivez pas le courant et vous voilà déjà d'une certaine manière hors la loi aux yeux du plus grand nombre.

À ce titre, Alexandre Pouchkine a rédigé, entre 1823 et 1830, une oeuvre phare où un héros flirte avec ses propres limites mais aussi celles de la société. Je vous propose ici une courte analyse d'un classique de la littérature russe, à savoir Eugène Onéguine.

L'Histoire est celle d'un jeune Pétersbourgeois, enclin à la mélancolie, qui bouscule l'existence de plusieurs personnes rencontrées sur son passage. Il côtoie la vie à la campagne et le servage, la vie mondaine et ses réceptions, l'amour et ses variations, la trahison et ses célèbres duels. Tout cela avant que le destin ne le rattrape en lui offrant des regrets sur un plateau d'argent.

Eugène Onéguine est considéré comme le premier roman de l'âge d'or (XIXème siècle) de la littérature russe. Il suffit de lire les oeuvres d'auteurs qui lui ont succédé, tels que Lermontov, Tolstoï ou Dostoïevski, pour se rendre compte que Alexandre Pouchkine a écrit une trame narrative qui changea la manière d'écrire des fictions. Ce long poème, écrit en vers et divisé en huit chapitres, évoque des thèmes qui jalonneront l'écriture russe pendant plusieurs décennies. L'auteur russe utilise sa plume avec une légèreté inhabituelle pour l'époque et devient, à lui seul, le point de bascule entre une littérature qui imite sa voisine européenne et une littérature qui creuse son propre sillon.

“ […]

Mais, Seigneur Dieu, quelle corvée !

Rester au chevet d'un malade

Nuit et jour sans pouvoir bouger !

Et quelle vile hypocrisie !

On fait risette à un mourant,

On redresse ses oreillers,

On arbore un air lamentable

Pour lui apporter sa potion ;

Et l'on pense: qu'il aille au diable ! ”

C'est grâce à ce roman que Pouchkine devient le vecteur d'une écriture moderne en Russie. Il s'écarte des allusions récurrentes aux mythologies afin narrer des faits qui parlent à la majorité. Il s'immisce dans la psychologie de ses personnages. Ainsi, nous pouvons lire, en parallèle, l'évolution d'Eugène Onéguine et Tatiana. L'auteur nous fait entrer dans les pensées des protagonistes. Pour l'un l'ennui désincarné qui le poussera jusqu'à un duel morbide et pour l'autre une passion dévorante dont elle finit par faire le deuil. Pouchkine nous montre cette progression au fil des pages et trouve son paroxysme dans les deux lettres que les amoureux s'échangent … à des années d'intervalle.

Au niveau de l'écriture, l'auteur russe savait jouer avec le rythme et les bons mots. Il est d'ailleurs difficile de le traduire en français sans perdre la saveur originale du texte. La version française a fait le choix, intelligent à mon sens, d'éliminer les rimes afin de ne pas tomber dans une traduction littérale pataude. Cette option permet au lecteur francophone de rentrer directement dans l'oeuvre de Pouchkine et de goûter aux différentes variations d'une histoire qui a marqué un tournant littéraire dans la Russie du XIXème siècle. Un des nombreux intérêts de ce roman réside aussi dans les nombreuses incursions d'un narrateur … qui n'est autre que l'écrivain lui-même:

“ Fleurs, amour, campagne, loisir,

Champs ! Toute mon âme est à vous.

J'ai toujours plaisir à noter

Ce qui me distingue d'Eugène,

de peur qu'un lecteur malicieux

Ou je ne sais quel inventeur

de calomnies alambiquées

Ne fasse une comparaison

Et ne déclare impudemment

Que j'ai, tel l'orgueilleux Byron,

Barbouillé ici mon portrait.

Dirait-on pas que le poète

Est condamné quand il écrit

A ne parler que de lui-même? ”

Enfin, les aventures de ce roman peuvent sembler naïves à un premier degré de lecture. Il faut pourtant s'approcher du protagoniste principal pour se rendre compte qu'Eugène Onéguine se confronte aux limites de sa vie de dandy. Il sera d'abord cet anti-héros désincarné qui vit au-dessus des choses avant qu'une provocation de sa part ne l'entraine dans un duel. Il devra tuer ou être tué. Affronter la mort ou sa conscience. Et puis il y a cette soudaine révélation de l'amour qui lui remet les yeux bien en face des trous.

Trop tard. 😉

Pour ceux qui s'intéressent à la langue russe, sachez que certaines phrases issues de ce roman-poème sont devenues des dictons populaires encore utilisés à l'heure actuelle. Ainsi ne vous étonnez pas d'entendre des russophones prononcer:

- Quand nous n'aimons pas une femme, nous lui plaisons plus aisément, et la prenons plus sûrement au filet de la séduction.

- Il vous faut du fruit défendu. Sans quoi l'Éden est insipide.

- Moscou, on entend en écho dans les syllabes de ton nom, tout ce qu'aime le coeur des Russes.

Lien : https://lespetitesanalyses.c..
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Citations et extraits (198) Voir plus Ajouter une citation
LETTRE DE TATIANA A ONEGUINE

Je vous écris - quoi d'autre à dire ?
J'ai tout dit si je vous écris.
Je sais, cela peut vous suffire
Pour me punir par le mépris.
Mais dans ma peine, mon martyre,
Vous qui gardez un coeur qui bat,
Vous ne vous détournerez pas.
Au début, j'ai voulu me taire ;
Croyez-moi, vous n'auriez pas su
Mon déshonneur, si j'avais pu
Nourrir l'espoir, même éphémère,
De vous revoir de temps en temps
Dans la maison de mes parents.
Juste écouter ce que vous dites,
Répondre un mot, et, seule, après,
Penser, penser, oui, sans arrêt,
Attendre encore une visite.
Les gens, dit-on, vous les fuyez ;
Tout vous ennuie dans nos retraites ;
Chez nous, si vous vous ennuyez,
Pour nous, vous voir est une fête.

Par quel hasard être venu ?
Dans mon désert, dans mon silence,
Je ne vous aurais pas connu,
J'aurais pu vivre sans souffrance,
Le feu d'un coeur sans expérience,
Avec le temps se serait tu,
Quelqu'un aurait compris mon âme,
Je serais devenue sa femme,
Mère et modèle de vertu.

Un autre !... Non, personne au monde
N'aurait jamais reçu ma foi ;
C'est un décret des cieux qui grondent :
Ils ont tranché - je suis à toi !...
Ma vie entière fut un gage
De notre alliance dans l'amour -
Des dieux tu portes le message,
Gardien fidèle de mes jours.
C'est toi qui me venais en rêve,
Invisible et déjà chéri,
Tes yeux brûlaient dans mon esprit,
Ta voix me poursuivait sans trêve
Depuis longtemps... Rêver cela ?
Non, tu entras, j'en fus certaine,
Un froid brasier emplit mes veines,
Je lus dans l'âme : le voilà !
Eh quoi ? Ta voix m'est familière,
Tu me parlais, douce lumière,
Lorsque j'aidais les miséreux
Ou soulageais par la prière
Du coeur le trouble douloureux.
Et là, à la minute même,
N'est-ce pas toi, vision que j'aime,
Qui dans la transparente nuit
Viens effleurer ma chevelure,
Toi dont la voix aimante et pure
Ressuscite l'espoir enfui ?
Qui donc es-tu, es-tu un ange
Ou un démon au charme étrange :
Résous le doute qui me prend.
Peut-être tout cela est vide,
L'erreur d'un coeur encor candide !
Mon sort, peut-être, est différent...
Mais soit ! accepte mon offrande :
Mes jours sont tiens, si lourds qu'ils soient,
Je suis en larmes devant toi,
J'implore que tu me défendes...
Tu vois que je suis seule ici ;
Qui me comprends ici ? - personne ;
Je me languis, je déraisonne,
Et je dois donc me perdre ainsi.
Viens me chercher. J'attends. Ranime
D'un seul regard ce feu qui joue
Ou, par un blâme légitime,
Romps l'illusion d'un songe fou.

C'est fait. Je ferme cette lettre,
L'effroi, la honte au fond du coeur...
Mais mon garant est votre honneur,
J'ai foi en lui de tout mon être.
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Les générations se succèdent ;
Ainsi notre tribu frivole
Grandit, s'agite, se démène
Et pousse au tombeau les aïeux.
Notre temps viendra à son tour.
Nos descendants auront leur heure
Et nous chasseront de ce monde.

Enivrez-vous, en attendant,
Amis, de cette vie légère.
Je sais qu'elle a peu de valeur
Et n'y tiens pas outre mesure.
J'ai dit adieu aux illusions ;
Mais de lointaines espérances
Viennent parfois troubler mon cœur.
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Mais il est triste de se dire
Qu'on a gaspillé sa jeunesse,
Qu'on l'a trahie à chaque instant
Et qu'elle nous l'a bien rendu,
Que les meilleurs de nos désirs,
Que les plus pures rêveries
Sont allés à la pourriture
Comme les feuilles de l'automne.

Chapitre huitième, Strophe 11.
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Trouver quelqu'un qu'on puisse aimer,
Quelqu'un qui ne trahira pas;
Quelqu'un qui apprécie les choses
Et les mots selon notre goût;
Qui ne dit aucun mal de nous;
Qui prend soin de notre confort;
Qui nous pardonne nos défauts
Et qui jamais ne nous ennuie.
Vous chercherez en vain ce fantôme,
cessez de perdre vos efforts.
N'ayez d'amour que pour vous-même,
Mon très respectable lecteur.
L'objet en est digne; jamais
vous ne trouverez plus aimable.
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Moscou compte autant de beautés
Que la nuit d'aimables étoiles;
Mais la lune sur le ciel noir
Brille, et éclipse ses compagnes.
Mais celle que je n'ose pas
Troubler par le chant de ma lyre,
Comme une lune en majesté
Brille seule parmi les femmes.
Elle semble fouler la terre
Avec une fierté céleste !
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