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Critique de Ingannmic


La vieille édition de poche dans laquelle j'ai lu ce que je pensais être un roman est trompeuse : l'ouvrage est d'un format moyen, intitulé "La dame de pique"... mais il compte en réalité trois textes, dont l'un est par ailleurs subdivisé en courts récits. Une vérification sur internet m'a confirmé que "La dame de pique" est, en effet, une nouvelle.


On entame le recueil avec les "Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine", que l'auteur introduit comme étant ceux d'un gentilhomme campagnard, dont il nous livre une brève -et fictive- biographie. La gazette littéraire de Pouchkine s'opposant alors par diverses polémiques à L'abeille du Nord, revue soutenue par le pouvoir tsariste, ce subterfuge avait pour but de dissimuler la véritable identité de l'auteur des textes.

"Le coup de pistolet" est le témoignage d'un officier de l'armée impériale évoquant sa rencontre avec Silvio, un ancien soldat établi dans son lieu de garnison, aux remarquables talents de tireur. Pourtant, le jour où un affront aurait dû inciter Silvio à venger son honneur en duel, il se dérobe, au grand étonnement du narrateur, qui ne connaîtra que quelques années plus tard le fin mot de l'histoire.

"La tempête de neige" tourne autour de la passion qui unit Vladimir et Maria, et que réprouvent les parents de la jeune fille. Les amoureux décident de se marier clandestinement, mais leurs plans sont contrariés par de très mauvaises conditions climatiques...

"Le marchand de cercueil", sur le ton de l'anecdote, narre l'onirique mésaventure qu'un marchand de cercueils doit à sa susceptibilité.

"Le maître de poste" est, comme "Le coup de pistolet", porté par un narrateur qui relate le souvenir de sa rencontre avec le dit maître de poste et la fille de ce dernier, une beauté qui connaîtra un destin tragique.

"La demoiselle-paysanne" clôt le recueil sur une note plus facétieuse, histoire d'amour entamée sous des auspices défavorables entre le bel Alexeï et une fausse paysanne, qui connaîtra une heureuse conclusion.

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"Doubrovski", considéré comme un roman, bien que sa brièveté l'apparente également à une nouvelle, succède aux "Récits de feu Ivan Pétrovitch Bielkine". Un banal conflit opposant deux voisins et amis, l'un arrogant seigneur -Cyrille Petrovitch Troïekourov- et l'autre lieutenant en retraite et modeste propriétaire terrien (Andreï Gavrilovitch Doubrovski), dégénère en une succession d'actes de vengeance violents. Doubrovski est dépossédé de ses terres par son voisin, et n'y survit pas. Son fils unique se reconvertit alors en brigand, prenant la tête d'une bande qui sème bientôt la terreur dans toute la région.

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"La dame de pique" est le dernier texte du recueil, et à mon sens le meilleur. Paul Tomski, un jeune homme, évoque l'histoire de sa grand-mère autour d'une table de jeu. Son aïeule, désormais âgée, fut lors de ses premières années de mariage une férue de jeu. Ayant perdu une forte somme que son époux refusa de rembourser, l'un de ses amis lui confia le secret d'une combinaison de trois cartes permettant de gagner, de manière infaillible, au "Pharaon".
Cette anecdote ayant attisé la curiosité cupide de l'un des assistants, le pingre Hermann, ce dernier manigance pour approcher la vieille dame afin de lui extorquer ce secret, qu'elle n'a même pas confié à ses enfants et petits-enfants...

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J'ai éprouvé à cette lecture un plaisir inégal. J'ai apprécié la dimension fantastique de "La dame de pique", et son ambiguïté, qui laisse la porte ouverte à diverses interprétations. "Le maître de poste", récit sobre aux accents pourtant tragiques, m'a beaucoup touché. Et malgré sa fin décevante, "Doubrovski", avec sa tension et ses rebondissements, est plaisant à lire.
En revanche, le romanesque confinant à l'eau de rose de la plupart des autres textes, que j'ai trouvés désuets mais sans véritable charme, m'a vaguement ennuyée. Aux histoires tantôt chevaleresques, tantôt viles, de cette noblesse dont l'auteur est lui-même issu, je préfère l'intensité torturée de celles d'un Dostoïevski...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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