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Critique de BazaR


Cette nouvelle m'a été conseillée par Fifrildi. Encore une fois son conseil s'est révélé payant.

Une tranche de vie de la partie « à l'aise » de la société russe du premier tiers du 19e siècle (la nouvelle date de 1833). A l'aise et avec quelques titres de noblesse et des galons aux épaulières si possible. On se réunit lors de grandes soirées pour se montrer en société, déblatérer sur untel et, surtout, pour jouer.
Hermann est à ce titre un gaillard qui fait gaffe à ne pas sombrer dans le péché du jeu. Ses camarades se fichent bien de sa gueule d'ailleurs.
Jusqu'au jour où il entend l'histoire de cette comtesse qui avait une espèce de technique magique pour gagner à un certain jeu de carte. Dès lors, connaître cette technique et l'appliquer vont devenir une idée fixe.

La nouvelle vaut beaucoup par les deux personnages qu'Hermann va être amené à rencontrer pour cela. D'abord la brave Lisavéta Ivanovna, la dame de compagnie de la comtesse, qui est un peu traitée par cette dernière comme Cendrillon dans le conte. J'exagère un peu ; de nos jours on parlerait de harcèlement moral. Hermann et elle vont vivre une histoire de séduction par regard aux fenêtres et billets courtois que n'aurait par renié Jane Austen. Lisavéta joue les effarouchées et s'enflamme à l'intérieur. Hermann… ma foi, il joue déjà.
Ensuite il y a la comtesse. Aaah celle-là c'est le soleil en hiver, la pincée de sel sur le plat fade. Son comportement hautain et désagréable fait plaisir à lire. Il m'a rappelé la grand-mère du roman le joueur, de Dostoïevski, sinon dans le caractère, au moins dans la bouffée d'air qu'elle apporte (un aparté : le joueur parle aussi du jeu d'ailleurs. Dostoïevski se serait-il un peu inspiré de la Dame de pique ? Possible, apparemment Pouchkine a inspiré la plupart des auteurs russes qui suivront).

Et puis il y a la dimension fantastique : la technique magique, un fantôme et une plaisanterie de la part des forces supérieures dont on ne réclame pas les secrets sans paiement.

Le petit Folio Classique avec dossier que j'ai lu contient aussi un essai de biographie d'Alexandre Pouchkine de Gustave Aucouturier. Il est très intéressant dans la mesure où il montre que le gouvernement russe de l'époque n'était pas plus tendre avec son peuple que celui d'aujourd'hui (l'a-t-il jamais été en fait) ? Pouchkine a eu droit à une censure permanente de l'empereur lui-même, et à au moins deux bannissements dans des villes de province (horreur !). Bon, vous me direz, le Printemps des Peuples est encore à venir et aucun pays en Europe ne pratique abondamment la liberté.
Pouchkine meurt jeune d'une blessure de duel, comme Évariste Galois. le génie emporté à cause de l'honneur ; c'est bien triste.
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