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Critique de chachourak


Ce ne sont pas de grandes aventures que nous raconte Véronique Poulainmais des instants de son quotidien. Les scènes qu'elle nous décrit sont comme des photos prises à un moment précis, des instants volés dont elle se souvient. En faisant remonter tous ces souvenirs à la surface, elle fait le point sur ces moments heureux et on sent dans cette autobiographie (comme dans celle de Cohen : le Livre de ma mère), que le livre a un double destinataire, car Véronique Poulainécrit non seulement pour ses lecteurs, mais aussi pour elle.

A nous lecteurs, c'est comme si elle voulait nous dire que cette vie qu'on imagine peut-être n'est pas malheureuse. C'est un message de tolérance que l'auteur transmet à travers ce livre : elle nous rappelle les difficultés qu'on ne soupçonne pas, nos regards blessants notre manque d'attention... Véronique Poulainpointe du doigt nos indélicatesses et se révolte parfois contre notre manque de compréhension, d'effort.

Mais ce qui est surtout intéressant et touchant, c'est que Véronique Poulainécrit aussi ce roman pour elle-même. En mettant des mots sur ses souvenirs, elle se rappelle le chemin parcouru et se rend compte de l'évolution qu'il y a eue.

Il s'agit ainsi d'une vraie déclaration d'amour à ses parents. On sent parfois une certaine culpabilité chez la narratrice : comme si elle s'en voulait d'avoir voulu des parents entendant, de leur avoir reproché leur surdité, etc. Parmi tous ces souvenirs drôles et heureux racontés, Véronique Poulainnous explique également à quel point elle aurait voulu que ses parents lui disent qu'ils l'aiment, elle nous explique la gêne au supermarché ou dans les transports en commun, à quel point elle a pu leur en vouloir d'être bruyants.

Ce livre peut ainsi apparaître comme un moyen de se pardonner elle-même pour ces moments où elle a pu être ingrate, de se prouver qu'il n'y a pas que des moments difficiles.

Pendant cette lecture, j'ai d'ailleurs beaucoup pensé à Où on va, papa ?de Jean-Louis Fournier. le sujet est assez similaire puisque l'auteur raconte dans ce livre sa vie en tant que père de deux garçons trisomiques. le livre est construit de la même manière : des instants de vie y sont racontés au fur et à mesure qu'ils reviennent à la mémoire de l'auteur. L'humour y est également très présent, même s'il est beaucoup plus noir et cynique. En effet, ce ne sont pas les coups en douce d'enfants espiègles qui y sont racontés, mais les désillusions, le chagrin et l'amertume d'un père qui voit ses enfants privés de trop de choses.

La difficulté de communiquer est enfin un des thèmes essentiels de ce livre. L'auteur nous parle en effet de la difficulté qu'elle trouvait à dialoguer avec ses parents et de ce que la langue des signes lui imposait. Elle nous apprend ainsi qu'il n'y a pas de conjugaison, que les dictons sont impossible à traduire, etc. ce qui restreint la palette d'expression. Mais si Véronique Poulainregrette « les mots qu'on ne lui a pas dit », ce roman lui permet de se libérer des mots qu'elle n'a pas su exprimer.

Ce livre m'a beaucoup fait rire, certains sont passages sont vraiment très drôles, très frais. L'écriture de Véronique Poulainest concise, brève, percutante, elle manie aussi bien les mots quand elle raconte des anecdotes drôles que quand elle décrit sa gêne, sa tristesse, son indignation. J'ai eu d'ailleurs du mal à sélectionner un extrait à vous présenter car chaque phrase de ce livre pourrait être une citation à retenir, à inscrire dans un carnet. Chaque mot percute, touche et vise juste.

En définitive, Les Mots qu'on ne me dit pas est un livre qui parle de joie, d'amour et de révolte. Si on sent l'auteur révoltée des inégalités qui persistent, on sent aussi et surtout l'amour qu'elle porte à ses parents. Je rejoins ceux qui ont déjà lu ce livre et qui l'ont adoré ; enfin un très beau livre pour cette rentrée littéraire !
Lien : http://ulostcontrol.blogspot..
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