Sois en moi comme la plainte éternelle
Du vent glacial et non
Comme les choses éphémères,
Eclats de fleurs.
Prends-moi dans la puissante solitude
Des falaises sans soleil
Et des eaux sombres.
Que les dieux nous disent doucement
Dans l’autre monde,
Les fleurs d’Hadès dans leur ombre
Se souviennent de toi.
Mais vous, bande de foutus ignorants,
Dites-moi seulement l’âge d’une tortue ?
Je ne suis plus humain, pourquoi faudrait-il
Simuler l’humanité ou revêtir cette parure fragile ?
Des hommes ai connu, des hommes encore, mais il
N’y en eut un seul qui fût essence aussi libre que moi
Qui fût pur et simple élément comme moi,
La brume quitte le miroir et je vois.
De grands esprits t’ont recherchée –manquant à une autre.
Tu as toujours été dans leur ombre. Tragique ?
Non. Tu préférais cela au sort commun :
Un homme de plus en plus terne et soumis,
Un esprit moyen –une idée de moins par an.
Oh tu es patiente, je t’ai vue assise pendant
Des heures, attendant qu’à l’horizon surgisse quelque chose.
A présent tu paies, oui, tu paies grassement.
Tu es intéressante, on vient à toi
Et on repart bizarrement enrichi.
Un bref examen permet de montrer que le poète original a pour souci l’existence, et que le poète de deuxième ordre s’en détourne pour la littérature. Le poète « dérivé » prend la littérature pour la vie, et c’est un défaut de lecture qui est le plus souvent à l’origine de cette confusion. L’existence ordinaire des personnes ordinairement cultivées consiste en une bouillie de littérature et d’existence.
La truite saumonée dérive dans le courant
Son âme flotte au-dessus de lui
Comme une hostie de lumière.
Des amis ? Sommes-nous moins amis parce que quelqu’un nous a découverts ?
L’homme passe au travers des rets que tissent les heures et les jours ;
Quand le temps se fait à l’infime mesure de la semence du temps ;
Nous qui participons à l’Etre, dans cette lumière nous reconnaissons
A travers voiles et voix chuchotantes, et nous participons à l’amour.
Notre amour ressemble
A la branche sur l’aubépine
Qui tremble la nuit
Sous la gelée et sous la pluie
Jusqu’à ce que le soleil inonde ses feuilles vertes.
u les soirs paisibles quand tombe la pluie,
Quelque chose fait trembler les gouttes, alors tout entier
Je vibre, devinant que m’a frôlé ta pensée
Qui te porte comme le vent une branche fleurie.