Citations sur The Beast, tome 1 : Un bouton de nacre (9)
— Sais-tu ce que c’est de supplier jusqu’à que l’espoir quitte ton esprit ?
Puis, j’approchai ma bouche jusqu’à son oreille et murmurai avec dédain :
— Sais-tu ce que l’on peut ressentir quand on croit son calvaire terminé, et qu’on découvre qu’il ne fait que commencer ? En as-tu seulement une vague idée ?
Mes doigts quittèrent leur prise, puis je reculai.
— Non, n’est-ce pas ? Alors, ne te pose plus jamais devant moi comme le détenteur de toutes les réponses à mes problèmes et rends-moi ce qui m’appartient, lui ordonnai-je en tendant la paume de ma main.
Je me laissai emporter dans un tourbillon d’émotions inexploré. Je perdis toute notion d’espace et de temps. Il ne se contentait pas d’embrasser Sky. Il ressuscitait Kate. Entre ses bras, je renaissais. Quelques heures plus tôt, je m’étais demandé ce que je ressentirais s’il m’embrassait et je venais d’obtenir la réponse. C’était à son image : divin.
Pax restait cet être inébranlable que rien ne pouvait altérer, sauf une chose, juste une… Un détail qui s’immisçait parfois au fond de son regard que j’étais la seule à percevoir. Une lueur, terne, malveillante, sournoise, qui s’éternisait chaque fois un peu plus longtemps et qui, au-delà de ses yeux, voilait son âme. L’unique manifestation de la culpabilité qui le rongeait de l’intérieur.
— Embrasse-moi, dit-il sur le ton de l’humour, la bouche en cul de poule.
— Quoi ? Sortez-moi de là, ce mec est dingue ! hurlai-je tout en riant.
Ses lèvres dessinèrent un cœur. Il minaudait de manière exagérée. Tout ce cirque était destiné à me dérider un peu. D’une main, j’attrapai son visage que je repoussai avec force.
— Tu n’es pas censé être gay ? le taquinai-je.
D’une main, je tâtonnai sur les draps à la recherche de son boxer. Dès que je mis le doigt dessus, je le lui balançai à la figure.
— Casse-toi maintenant ! Je te conseille de respecter les clauses du contrat.
Surpris, il se redressa sur ses coudes.
— Je pensais que…
— Tu n’as pas été payé pour penser. Dégage, je te dis !
Sa bouche s’arrondit et son regard trahit son incompréhension. L’égo du bel étalon parut en prendre un coup.
Il me fixa avec une telle intensité qu’il parvint à me déstabiliser. J’eus un mal fou à avaler ce satané saumon qui se coinça dans ma trachée. Les larmes au bord des yeux, toussotant, je saisis mon verre d’eau et le bus d’une traite.
Sauvée !
Enfin presque. Keith, le sourire aux lèvres, leva sa coupe de champagne dans ma direction.
Le cinéma, c’était son envie à Elle, pas la mienne. J’avais été conçue dans un seul et unique but : exaucer le rêve de ma génitrice. Cette chère Sandy Patters n’avait eu qu’un objectif : me permettre de réussir là où elle avait échoué. Formatée depuis toujours, programmée pour être célèbre, salie au nom de son idéal.
Pax et moi avions un genre de relation difficile à qualifier. Ça dépassait les liens du sang et du cœur. La Terre avait besoin de la lune et du soleil pour exister. Question d’équilibre.
Sky avait étouffé Kate, la laissant sur ce vieux banc abîmé, dans le vestiaire du théâtre. Agonisante, dans cette odeur de bois de santal qui empestait les lieux.
L’âme de Kate est toujours prisonnière de ces murs décrépis.