Ils mangèrent d'abord en silence , puis échangèrent quelques banalités sur le devenir compliqué et morbide du monde , dont une bonne moitié crevait sous les balles de kalashnikov , se faisait égorger lors de nuits sans lune ou attendait une pluie qui ne venait jamais. Ensuite , ils parlèrent météo et convinrent avec un bel élan que ça ne s'arrangeait pas et que la la nature se vengeait passablement , tsunamis , tremblements de terre , trous d'ozone et éruptions volcaniques faisant plus de ravages que toutes les gueres de libération nationale .
La vie coule comme une traînée de miel sur la concavité d'une bétonneuse et puis, tout à coup, d'absurdes évènements en changent le cours et la teneur
- (…) Le monde a changé. Les mecs et les nanas d’Action Directe pourrissent en taule. L’ex-armée secrète mao a abandonné un combat auquel elle ne croit plus depuis longtemps. Le FLB s’est noyé dans le biniou. Les Basques dérivent, mal. Les Corses, n’en parlons même pas. Nos idéologues d’avant font de la politique ou de la littérature. Et nous, deux pauvres couillons, vingt-cinq après, on repique au jus. On est hors classe, hors âge. Comme des samouraïs dans un film de kung-fu à la con. La seule différence, c’est que personne, mais alors personne ne peut croire qu’il y a, dans Paris, deux types qui reprennent ce genre de guerre de Cent Ans. Avec des flingues dans la poche et de la dynamite dans le coffre.
Benno et Adrien ont regardé les pandores se garer au milieu du terre-plein, chassant la poule glousse, celle qui avait choisi le vieux pot de yaourt vide.
- Tiens...Les tuniques bleues.
- Les hortensias à roulettes...
- On va pouvoir leur dire adieu. Bye-bye. Bon vent. Vous pouvez crever. Chier dans votre képi.
- J'espère que c'est Goldorak.