AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Lenocherdeslivres


Tout commence par un massacre. Une guerre oppose deux camps. Classique. Une conférence de tous les chefs des Extérieurs est un objectif tentant pour le Conglomérat : si on les abat tous d'un coup, le conflit s'arrêtera. Mais pour cela, une seule solution, détruire un continent entier, abritant des milliers de personnes et, surtout, la jungle consciente de Pelpatarn. Des victimes en quantité pour en éviter davantage. La capitaine du Conglomérat fait le choix d'obéir aux ordres et le vaisseau Chien à problèmes, accompagné de trois autres navires de classe Carnivore, accomplit la mission. La planète s'embrase.

Mon introduction raconte le prologue de Braises de guerre, premier roman d'une trilogie entièrement parue en France chez Denoël, dans la collection Lunes d'encre (le dernier, L'éclat d'étoiles impossibles, vient de sortir). La suite, c'est l'histoire du vaisseau, ou plutôt de la vaisseau, car l'I.A. qui la dirige se pense au féminin, car sa personnalité a été bâtie à partir de cellules souches provenant d'une femme. Cette personnification des navires, qui ont des sentiments, des expressions humaines, par avatars interposés, est réussie. La greffe prend parfaitement : quand j'arrivais dans les chapitres dont elle était le centre, je ne voyais pas de différence avec les parties consacrées aux humains. Elle va se trouver au prises avec son passé guerrier auquel elle a renoncé puisque dorénavant elle doit sauver les naufragés de l'espace. Mais elle va également affronter un nouveau risque de conflit gigantesque, mettant aux prises de nombreux groupes armés et velléitaires.
Les autres personnages donc : Sal Konstanz,une ancienne combattante du camp opposé, devenue capitaine du Chien à problèmes ; deux espions appartenant aux deux forces en puissance ; une poétesse sont on se demande bien ce qu'elle vient faire là-dedans. Et d'autres, moins importants dans l'histoire. Mais tous sont brisés de l'intérieur ou, en tout cas, ont déjà bien ramassé dans leur vie. Sans compter qu'ils ne sont pas satisfaits de leur situation actuelle. Sal Konstanz appartient à une association qui a pour but d'aider toute personne en détresse. Une sorte de S.N.S.M. de l'espace, quoi ! Mais dès le premier chapitre, elle est mise en difficulté et perd un membre de son équipage.

Cette idée de société de secours n'est pas arrivée par hasard. En fait, il existait une race qui s'était donné cette même mission de sauver les êtres en danger, voilà des millénaires. Et puis elle a arrêté (pour plus de détails, il faut lire le roman : je ne vais pas tout raconter, non plus !). Certains humains ont fini par prendre le relai. Mais avec des moyens plus que limités. Or, au début du roman, l'équipe de Sal Konstanz est appelé au secours d'un paquebot attaqué par on ne sait qui. Cela a eu lieu dans une zone étrange : une race extra-terrestre très ancienne a un jour choisi de transformer les planètes de ce système solaire en oeuvres d'art. On leur a donné des noms assez parlants : le Cerveau, la Cité inversée ou le Dodécaèdre. Nul ne connaît leurs vrais noms, ni leur véritable raison d'être. Mais cette zone est devenue un lieu touristique. Où, normalement, on pouvait se promener sans se faire tirer dessus. Mais je voulais signaler que, dans les romans de cette trilogie, les humains ne sont pas seuls dans l'univers : ils le partagent avec d'autres races, plus anciennes et, forcément bien plus puissantes qu'eux.

Cela dit, le principal atout de Braises de guerre, c'est son rythme : les chapitres sont courts et la psychologie, si elle est importante, ne ralentit pas le déroulement des évènements. D'autant que, vu le thème, on peut s'imaginer débarquer en plein récit de SF militaire, comme la série Honor Harrington de David Weber. Mais là, je vous arrête tout de suite : si Braises de guerre est bien centré sur des questions de conflits, si ses personnages sont quasiment tous reliés à l'armée et à la guerre d'une manière ou d'une autre, nous ne sommes pas dans un roman de SF militaire. Les combats à proprement parler, les échanges de tirs dans l'espace avec calculs de trajectoires et description des fuselages des vaisseaux, tout ça est quasiment absent de ce récit. Les bastons se règlent rapidement sans détails propres à la mouvance militariste. Cela ne gâche rien, voire accélère le rythme de l'action. Et permet d'accéder plus rapidement à la péripétie suivante.
Peut-être est-ce cette rapidité qui m'a laissé, à la fin, un goût d'inachevé. En effet, je me suis dit : déjà ! J'en attendais plus, en fait. Les idées sont sympathiques : le système solaire transformé en oeuvre d'art a été suffisamment mystérieux pour faire s'agiter mes neurones (et cela m'a rappelé une nouvelle de Liu Cixin, « La Mer des rêves », dans le recueil L'Équateur d'Einstein https://lenocherdeslivres.wordpress.com/2022/02/18/lequateur-deinstein-liu-cixin/); les vaisseaux dirigés par une I.A. aux sentiments bien développés m'ont convaincu assez rapidement (même si j'avais du mal à imaginer le comportement des humains à l'intérieur et surtout du capitaine qui n'est parfois qu'un figurant) ; le massacre d'une forêt sentiente au début m'a interpelé (surtout que les forêts qui sont plus qu'une simple collection d'arbres semblent fleurir dans la littérature qui passe entre mes mains ces mois-ci : le Courage de l'arbre de Léafar Izen, les premier et deuxième tomes de la trilogie Rempart de M.R. Carey, pour ne citer que les derniers). Bon, la bonne nouvelle, c'est que je peux en avoir plus sans attendre. Il me suffit pour cela de plonger dans L'Armada de marbre, le deuxième volume. Ce que je ne saurai tarder à faire.

Cela faisait un petit moment que je tournais autour de cette série, mais sans avoir franchi le pas. La parution du dernier tome m'a décidé et j'en suis ravi. J'ai pris un grand plaisir à lire Braises de guerre et à découvrir ses personnages tourmentés à souhait dans un univers suffisamment intrigant pour me donner envie de continuer l'aventure. Je n'en ai pas fini avec le Chien à Problèmes et sa capitaine Sal Konstansz.
Lien : https://lenocherdeslivres.wo..
Commenter  J’apprécie          254



Ont apprécié cette critique (24)voir plus




{* *}