AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,54

sur 36 notes
Merci aux éditions Albin Michel et Babelio qui, à travers l'opération Masse critique m'a une nouvelle fois accordé sa confiance. Merci de me donner l'occasion d'émettre un avis détaillé.

Ce petit livre ne se lit pas si vite que ça ! L'auteur Pauline de Préval a certainement beaucoup travaillé son texte. Une très belle plume, une culture solide et de très belles idées ! le sujet ne manque pas d'envergure. Un peu plus d'audace lui aurait si bien convenu !

Nous sommes plongés dans la première partie du quattrocento italien. Toute l'Italie est en effervescence et en particulier Sienne et Florence qui se partagent le coeur de l'Italie. C'est un coeur qui bat vite et fort. Cosme de Médicis, riche et puissant, donne une impulsion sans précédent aux activités artistiques, soutient l'extravagance, la créativité. C'est le Pater Patriae. On parle de Summum. Aujourd'hui on aurait dit le top du top…. le mouvement que ce soit dans les tournois de la place Santa Croce, ou dans les ateliers semble incroyable. le marbre, l'argile, la pierre, les pigments, la soie, l'or s'imposent comme les matériaux servant la cause de la Renaissance. Les artistes tournent le dos avec fierté et détermination à la sagesse du Moyen-âge. C'est ce qu'il me plait de retenir de l'Italie foisonnante de cette époque. le trop plein de beauté. L'émotion parce que justement tout est cadeau.

Et c'est comme ça que j'ai rêvé à cette période lorsque je me suis baladée en Toscane, la sublime Toscane le summum ! Des talents, des yeux qui s'extasient, des mains qui travaillent, des tempéraments passionnés, exaltés, sans limites.

J'ai été emballée il y a quelques années par un livre dont l'histoire se situe quelques dizaines d'années plus tard mais toujours dans cette merveilleuse Florence. L'histoire d'Artémisia Gentileschi m'avait entrainée dans les ateliers où il ne fallait pas moins de sept ans (de mémoire) à un apprenti pour faire ses preuves et devenir autonome. Une ambiance, de la matière, des envolées, du bruit, des galères et puis des commandes, une notoriété. Un long chemin fait de couleurs de plus en plus travaillées. Je m'égare…..

L'or du chemin s'inscrit dans ce décor enflammé, fougueux et créatif. J'ai aimé la délicatesse de cette prose, le raffinement de certaines formules, la cadence des tournures mais je n'ai pas senti la brûlure des flammes, la fougue des artistes, l'envie qui tambourine et donne des ordres et la volonté féroce du personnage principal. le personnage de papier a pourtant été l'ami de Brunelleschi. Il dit être habité par cette passion. Malheureusement Il est resté un personnage de papier. Son itinéraire n'a pas été particulièrement facile mais je n'ai pas senti cette hargne, cet amour violent, cette vocation artistique. Aucune trace de sueur sur le livre. Aucune trace de larmes.

L'histoire:
Giovanni veut devenir peintre. Il devient apprenti chez Maitre Starnina et écrit une lettre pour raconter son histoire à un destinataire inconnu. Une longue lettre, ou plus exactement plusieurs lettres, puisque ce livre contient dix-sept chapitres. Il raconte son père, teinturier, sa passion pour la peinture, son maitre Starnina chez qui il entre en apprentissage, et son amour pour la belle Léonora.
Parfois, oui c'est vrai, j'ai lu quelques passages sur la réalisation de soi dans l'absolu mais je n'ai senti ni les idées qui creusent et creusent encore, ni la texture des tripes mises à nu. Il me manquait ce petit supplément d'âme. Cette vibration intérieure.


L'or du chemin est un roman courtois et j'ai bien peur que Florence ne s'oppose violemment au style courtois tout au moins à cette époque.
Giovanni : Un peintre trop sage dans une ville bouillonnante.
Commenter  J’apprécie          6714
Pauline de Préval, journaliste et réalisatrice, auteure d'Une Saison au Thoronet, m'a fait rêver et méditer le temps de la lecture de ce petit livre qui se parcourt très facilement et très rapidement.

Ce roman m'a été offert par les Editions Albin Michel à l'occasion de la dernière Masse critique privilégiée et je tiens à les remercier ainsi que Babelio.

Je l'ai reçu comme une boufffée d'oxygène, un grand moment d'évasion et de rêverie dans cette période de fin d'année si troublée.

L'auteure m'a transportée en Italie, au temps du Quattrocento à Florence, c'est dire si le voyage était magique.

Si vous êtes sensible comme moi à la peinture « a fresco » et si vous admirez Masaccio, Ucello, Fra Angelico, Pierro de la Francesca, Giotto, Brunelleschi , ce petit livre vous permettra de vous évader dans l'atelier de Starnina à l'époque du Quattrocento et d'y rencontrer Giovanni.

Nous sommes au début du 15ème siècle. La Renaissance pointe le bout de son nez dans une période particulièrement frénétique et violente. La plume de l'auteure restitue très bien cette vibrante atmosphère et les conflits entre les grandes familles.

Giovanni, peintre imaginaire, écrit à un destinataire inconnu du lecteur et lui raconte son histoire.

Giovanni nait cinq ans après la révolte des Ciompi. Son père est teinturier spécialisé dans le rouge et jaune. Curieux des méthodes employées par son père pour la teinture des vêtements, Giovanni ne cesse de poser des questions, bien décidé à étendre sa connaissance à l'art de la peinture. A neuf ans, Giovanni est totalement possédé par le désir de peindre. Un Christ Pantocrator le fascine, l'absorbe, « les couleurs semblent douées d'une vie bienheureuse », la vision de ce Christ le transporte dans un autre monde, il entre en contact avec une réalité transcendante. Son expérience mystique va l'inciter à tenter de reproduire dans la cour de sa maison, ce Christ Pantocrator. C'est un échec. C'est là que son père, à son grand désespoir, comprend qu'il ne fera pas de Giovanni un teinturier . Cette soudaine prise de conscience déclenche chez lui une colère terrible.

Giovanni n'aura pas le temps de se réconcilier avec son père. Florence est sujette à la violence et son père meurt criblé de coups de poignards par les hommes des Albizi, famille puissante régnante.

Devenu orphelin de père, Giovanni part en quête de son art. La chance lui sourit sous les traits de Maître Starnina dans l'atelier duquel, il devient apprenti. Et c'est cette quête que Giovanni raconte avec toutes ses difficultés. Sa remise en question perpétuelle, passant du mysticisme à la découverte de la dure réalité. Ses combats intérieurs, le doute, le désespoir, cherchant à dompter ses passions par la rigueur et les contraintes de son art. Giovanni est un grand idéaliste, il pense pouvoir transformer le monde par la peinture mais par moment, il comprend que certains hommes préfèrent détruire la beauté, la lumière, tant leurs ténèbres sont puissantes. Alors il lui arrive de tout détruire et j'aime ce que Starnina lui dit :

« Je comprends ta peine, Giovanni. Mais il ne faut pas demander à la peinture ce qu'elle ne peut pas faire. Depuis que je te connais, tu voudrais faire descendre le ciel sur la terre. Tu voudrais transformer les hommes en saints. Tu voudrais ressusciter les morts par la grâce de ta main. Tu voudrais accomplir ce que le Christ lui-même n'a pas pu accomplir par sa parole. Mais sais-tu qu'il existe un démon plus pernicieux que celui du mal : le démon du bien qui s'en prend particulièrement aux êtres généreux et talentueux comme toi et les fait pêcher par orgueil ? On peut vouloir rendre les hommes meilleurs mais le résultat de nous appartient pas. Et on ne peut pas prétendre transfigurer le monde si on ne s'est pas laissé soi-même transfigurer. »

Aux obstacles rencontrés sur le chemin de la connaissance, (connaissance et non savoir), vient s'ajouter une belle rencontre sous les traits de Léonora. Cet amour se communiquera à chacun de ses coups de pinceaux, il se ressentira et transformera ses moindre gestes mais c'est encore sans compter sur sa destinée.

Ce petit livre à vocation spirituelle, est une invitation à réfléchir sur le sens de la Vie, à tenter de trouver le geste juste, le mot juste, en toute humilité. Cet or du chemin, j'y vois la progression de l'oeuvrier qui le mène sur le chemin du connais toi toi-même et tu connaîtras l'Univers et les dieux. Il est comme un miroir tendu au lecteur qui lui-même, à travers son questionnement, peut évoluer chaque jour sur le chemin de sa vie. Il me rappelle les mots d'une amie « Ce n'est pas le chemin qui est difficile mais c'est le difficile qui est sur le chemin ». Il y est aussi question de transmission comme cette phrase de Lavoisier « rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » qui est très bien illustrée à la fin du livre.

Le bémol de cette narration provient d'une écriture distante, sans passion, et le lecteur ne peut ressentir d'empathie pour Giovanni, il ne peut qu'analyser intellectuellement ce texte. Si Pauline de Préval a aussi écrit "Une saison au Thoronet", j'en déduis qu'elle est certainement une personne qui est en quête mais la démarche vient du coeur pas de l'intellect sinon elle reste à distance et c'est ce que j'ai constaté tout au long de ma lecture.







Commenter  J’apprécie          5810
"La simplicité est la sophistication suprême."
(Léonard de Vinci)

Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour ce roman, qui, au premier abord, avait tout pour me plaire.
La quête personnelle de Giovanni, un peintre florentin, qui est à la recherche du véritable sens de l'art et de sa propre vie, m'a malheureusement laissée remplie de sentiments mitigés.
Et pourtant, quelle glorieuse époque, ce Quattrocento italien !
L'époque d'une véritable rupture, où l'artisan sort de l'anonymat pour devenir un artiste à part entière. Les noms sont enfin retenus pour la postérité : Giotto, Ucello, Boticelli, Fra Angelico, Masaccio, Brunelleschi - les deux derniers étant aussi les personnages de cette histoire.
C'est la lutte des cités italiennes pour le pouvoir, mais aussi une effervescence artistique sans précédent. L'art est en train de sortir des codes figés du moyen âge; tout est à redécouvrir !

Il n'est pas étonnant que le petit Giovanni, fils de teinturier, doué pour la peinture, ait envie de participer à ces merveilleuses expériences. Comment rendre la nature vivante par la peinture ?
Après la mort de son père, il entre en apprentissage dans l'atelier de maître Starnina, dont le style se réclame de la pureté de Giotto. Avec son ami Brunelleschi, véritable artiste polyvalent de la Renaissance, il découvre aussi les fastes dorés de l'art de Sienne. Quel style choisir ? Comment concevoir les saints sur ses fresques, pour qu'ils entrent en relation entre eux, mais aussi avec le spectateur vivant ?
C'est son amour pour la belle Léonora qui lui donne des ailes... Elle est sa muse et son inspiration, mais elle appartient à un autre monde que Giovanni - au monde des riches. Cet amour d'enfance devient un amour véritable, mais impossible; et sa fin est tragique.
Commence alors pour Giovanni une vie d'errances à travers l'Italie; une vie qui l'amène à la compréhension et à la résilience. Puis le retour à Florence, pour y découvrir non seulement le Duomo de son ami Brunelleschi, défiant toutes les lois de la gravité, mais aussi une surprise inattendue. La boucle est bouclée. Une belle parabole.

Comment expliquer, alors, que le livre ne m'a pas touchée ? Que "l'avant-lecture" était strictement pareil à "l'après- lecture", comme si cette histoire ne m'avait rien donné ? Ce ne sont pas les personnages stéréotypés (la belle fille pure, le vénérable maître barbu...) qui m'ont gênée; je vois le livre comme une allégorie. Ce ne sont pas non plus les erreurs "techniques" (la liberté d'un peintre à l'époque était bien moindre que le livre le laisse deviner; et aussi la mise en oeuvre d'une fresque)... pas tant que ça.
Je crois que c'est le style de l'écriture. Cette histoire humble et simple n'avait pas besoin de cette exaltation, ni de ces phrases d'un poétisme compliqué, qui parfois veulent dire très peu, au fond. C'est dommage ! Ce ne sont pas les phrases qui m'incitent à la réflexion, mais plutôt à la relecture répétée - afin de comprendre le sens exact de certains moments de cette sacrée quête artistique.

Je ne sais pas comment dire... mais si vous avez envie d'un roman initiatique simple, lisez Coelho. Si vous voulez savoir plus sur les artistes de la Renaissance, lisez Vasari. Ou Greenblatt, pour l'esprit de l'époque. Et vous pouvez compléter tout ça avec les notes de Léonard de Vinci; il n'y a pas de plume plus juste pour vous expliquer les relations entre l'art et la nature.
Mais si vous êtes pressés et vous cherchez une sorte de Reader's Digest de tout ça, lisez alors "L'or du chemin".

Je suis déçue que le livre m'ait déçu. J'ai bien aimé le thème. Et on a quelques belles pensées. Mais elles sont vêtues des habits trop dorés, qui, comme l'avait remarqué Giovanni lui-même, empêchent de voir les vrais visages des saints.
Commenter  J’apprécie          5212
Pas pour moi. A tel point que j'en ai oublié le jour où rendre la critique. Néanmoins je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour cet envoi!
Pas pour moi pour autant de raisons qu'il sera sans doute pour d'autres :
Un roman sur la peinture de la renaissance italienne florentine du quattrocento. Ca pourrait aller. Mais ça ne va pas ; trop mystique de l'art, trop, je vois des couleurs, des lumières, des formes, des madones, des Christs, des anges dorés partout, des coupoles...Pouh, c'est trop artificiel. Je préfère un beau livre d'images.
Des personnages...De conte de fées. Ce n'est pas parce qu'ils vivent il y a six cents ans qu'ils sont aussi caricaturaux ! Je comprends bien l'idée : nous faire rentrer dans une sorte d'image d'époque ; mais ça ne marche pas, en tout cas pas sur moi. Léonora la parfaite, son méchant père, ses méchants prétendants...Encore des anges, des madones, des diables dans des coloris bleus, or, feu...Pouh !
Un panorama de Florence au quatorzième siècle...On sent l'auteure très au point et passionnée, mais la reconstitution est trop scolaire.
En fait, ça manque de chair, d'incarnation, de failles dans les personnages. C'est trop court, trop peu approfondi, trop linéaire, trop superficiel. Trop bleu or et feu, anges, madones et démons...Si les modèles sont identiques voire supérieurs à leur représentation et jouent dans le même espace, quel est l'intérêt de celle-ci ? Léonora aurait dû être un homme ou une fille de joie unijambiste, muette, syphilitique, moche, Giovanni un voyou vulgaire comme Mozart dans Amadeus, le Maître ne devrait pas être sage ou juste par intermittence, Brunelleschi doit cesser de parler comme le guide bleu de Florence, voilà voilà.
Commenter  J’apprécie          486
Un peu désorienté au début par cette longue lettre à un destinataire inconnu – la révélation intervient dans les dernières pages – j'ai accroché complètement dès l'apparition de Léonora, cette créature céleste, d'un autre monde, qui illumine L'or du chemin, premier roman de Pauline de Préval.
Arrivé à la fin de son parcours, Giovanni, peintre florentin imaginaire, revient sur son passé, sur une vie foisonnante qui m'a bien permis d'entrer dans ce XVe siècle italien, le fameux Quattrocento, durant lequel la Renaissance a pris son envol.
Pour l'instant, la religion est omniprésente. Il faut peindre des fresques dans les églises, les monastères mais toutes ces scènes destinées à édifier le peuple permettent au peintre de donner des visages connus, aimés ou honnis, aux personnages. C'est ainsi que Giovanni donne le visage de Léonora à une Vierge à l'Enfant.
Élève de Starnina, il devient, à 16 ans, son premier assistant : « Parmi tous les peintres qui se réclamaient de Giotto, il était un des rares à en poursuivre vraiment l'esprit et la manière. Il peignait la vie de l'âme avec une puissance et une finesse où semblait se refléter l'âme même de Florence. »
Si l'art se développe très vite, la violence est sans limites, les rivalités entre les puissantes familles enrichies très rapidement déclenchent des règlements de compte atroces alors que la religion sert de paravent.
Pour Giovanni qui ne veut pas se contenter de reproduire mais donner une vraie vie à ses créations, c'est l'amour qui le transfigure. Hélas, la lune de miel avec Léonora est brutalement interrompue puis la peste se met à faire des ravages.
Comme c'est souvent le cas avec un roman de ce genre, le personnage principal côtoie des gens qui ont réellement existé comme Brunelleschi, architecte, sculpteur, peintre, orfèvre, qui réalisera le dôme de la cathédrale de Florence.
Au fil des tribulations de Giovanni, Pauline de Préval m'a offert une belle plongée dans l'Italie du XVe siècle et dans le monde de la peinture où tout commence avec ces pigments naturels qu'il faut sélectionner et mélanger patiemment. Elle fait dire si justement à son héros qui voudrait que sa peinture donne à voir l'or du chemin aux pèlerins : « Surtout n'oublie jamais que la peinture n'est pas d'abord une question de technique, mais de vision. » Si l'amour est mis à mal par un père préférant sacrifier son enfant, j'ai aimé ces pages découvertes grâce à Babelio et aux éditons Albin Michel.

Le livre qui ne sera en librairie qu'à la fin du mois de janvier, est court, ne parle pas que de peinture. Il est plein de poésie, fait voyager de Florence à Empoli puis passe par Padoue, l'Émilie, la Romagne et la Vénétie, un petit régal dont il ne faut pas se priver car la quête effrénée menée par Giovanni, à la recherche de sa vraie personnalité, va jusqu'au paroxysme. .

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          440
Attention, petit bijou !

Petit, parce que ce roman est très court – 140 pages. Après un pavé de 1100 pages comme le triomphe de Thomas Zins, voilà un retour de balancier sans transition… Merci donc à Albin Michel, et à Babelio, puisque nous avons découvert ce livre grâce à une opération Masse critique !

Bijou, parce que l'auteure parvient à faire ce que tout personne qui écrit rêve de faire : par ses mots, elle crée des formes, des couleurs et rend compte de la lumière. Et elle parvient même à décrire des sentiments, qui sont pourtant de l'ordre de l'indicible. En tout cas, c'est ainsi que cela s'est joué pour moi.

On retrouve dans ce livre de nombreux thèmes : qu'est-ce que l'art, quel est son rôle ? La peinture doit-elle représenter aussi précisément que possible le réel, ou doit-elle être codifiée pour exprimer plus que le réel ? Peut-on remettre en question ces « codifications » existantes – au moment où la Renaissance débute, la réponse est évidemment oui, mais cela ne va, naturellement, pas sans résistances et réticences…

Mais il ne s'agit pas d'un essai. Ces questionnements sont en filigrane dans la description que Giovanni fait de lui-même et de son parcours. Description qu'il livre à un inconnu, dans une lettre. Pourquoi ? Cela, je vous laisse le découvrir. Mais il est question de transmission, de renaissance et de Renaissance, presque de rédemption, de mort, de deuil et de survie. Et, surtout, comme le titre l'indique, il s'agit bien du cheminement d'un homme parmi les obstacles de sa vie et de son art.

Cette lecture m'a renvoyé à d'autres livres, lus voilà quelques années. Je pense notamment à la trilogie de Sophie Chauveau, La passion Lippi, le rêve Botticelli, L'obsession Vinci, qui m'avaient fait forte impression, mais également à La course à l'abîme, de Dominique Fernandez, consacré au personnage du Caravage. Alors que je n'y connait pas grand chose à la peinture, ces cinq livres, pour moi, réussissent le tour de force de me rendre accessible cet art qui me demeure mystérieux – parfois, devant certains, tableaux, je me sens vraiment comme une poule devant un couteau, je n'ai pas le mode d'emploi, la grille de décodage – par les mots.

La quête de sens de ce jeune peintre est devenue mienne. Son désespoir également, sa fuite aussi. Fuite des lieux du malheur, mais surtout fuite de lui-même, puisqu'il abandonne la peinture. Pour supporter de continuer à vivre, il abrutit son corps, il s'abrutit l'esprit. Ce processus du deuil est également remarquablement rendu. Peut-être ai-je moins confiance que l'auteure, en revanche, dans l'idée que, par-delà la mort, Léonora puisse accompagner son Giovanni, mais il s'agit sans doute d'approches culturelles et familiales différentes…

L'ensemble est porté par une plume d'une grande douceur, mais également d'une grande finesse. Pas de démonstration tapageuse de talent, pas de formules alambiquées, mais une simplicité qui permet de dire l'indicible… Vous l'aurez compris, j'aime ! L'or de ce chemin, j'ai aimé le voir scintiller sous mes yeux…
Lien : https://ogrimoire.wordpress...
Commenter  J’apprécie          404
Dans une lettre adressée à un destinataire dont nous ne découvrirons l'identité qu'à la fin du roman, Giovanni, peintre “a fresco”, passionné, habité par son art, par le désir de “fixer la lumière”, d'apprivoiser la matière et les couleurs, nous raconte sa vie…

Nous sommes à Florence, au début du XVe siècle. Giovanni, fils et petit-fils de teinturier et bientôt orphelin de père est un “peintre-né” (au grand dam de sa famille) à qui un maître talentueux et bienveillant, Starnina, qui deviendra son ami et son guide, enseigne son art. Nous voyons l'enfant qu'il est encore, puis le jeune homme, découvrir, apprendre et progresser auprès du maître, innover à son tour, expérimenter des techniques nouvelles, affûter son regard, approfondir ses connaissances au gré de ses voyages et de ses rencontres, se découvrir peu à peu au travers du prisme du regard et de l'amour d'une femme, se révéler enfin à lui-même par la perte de cet amour…

Sur fond de rivalités, de règlements de comptes sanglants et de luttes de pouvoir entre les grandes familles de Florence, de Sienne et de Milan, dans l'Italie bouillonnante - bientôt ravagée par la peste - du début de la Renaissance, Pauline de Préval fait de ses lecteurs les témoins discrets des questionnements, des erreurs, des expériences et du travail d'un homme en quête de lui-même, du sens de sa vie et de son art, pour qui la voie de la peinture est aussi et surtout un chemin spirituel.

Je ressors quelque peu dépitée de la lecture de ce roman dans lequel je n'ai pas vraiment réussi à entrer. le thème était beau, pourtant, et riche de promesses artistiques et romanesques. Mais le ton du récit, trop distancié, trop froid, n'a provoqué chez moi aucune émotion et ne m'a pas permis de m'attacher au personnage. Pauline de Préval a-t-elle commis une erreur dans le choix de son point de vue ? Lorsque le récit est écrit à la première personne, le lecteur s'attend instinctivement à se trouver au plus près des émotions et de la vérité intime de celui qui raconte. Pourtant, il m'a été impossible de ressentir à son égard la moindre empathie tant l'histoire qu'il est censé nous raconter - son histoire, pourtant - privilégie les considérations intellectuelles sur la peinture, son pouvoir et son rôle, tant les émotions purement humaines (l'amour, le deuil, le chagrin) auxquelles est confronté ce peintre, faute de chaleur et de chair, m'ont parues artificielles.

Car l'écriture - pourtant agréable et fluide - manque, au moins à mes yeux, de cette flamme, de cette fougue et de cette passion véritables qui seules permettent à un personnage de réellement prendre vie - faute de quoi il reste ce qu'il est : une créature de papier. Et c'est d'autant plus dommage que les sujets traités : l'effervescence picturale de la Renaissance en train de naître, le bouillonnement des luttes, des ambitions et des passions - tant humaines que politiques - dans cette Italie du XVe siècle, et la tragédie personnelle d'un homme inconsolable, auraient pu donner naissance à une fresque autrement puissante et ambitieuse.

L'or du chemin” n'est pas pour autant un mauvais roman, mais j'en attendais autre chose que je n'y ai pas trouvé. Un rendez-vous un peu manqué.

[Challenge MULTI-DÉFIS 2019]
Commenter  J’apprécie          393
Pauline de Préval a signé plusieurs essais dont Jeanne d'Arc, La sainteté casquée (Le Seuil) et Une saison au Thoronet (Le Seuil). Elle nous revient avec son premier roman, au titre fort, « L'or du chemin« . Ce chemin justement, parlons plus sûrement d'une quête mystique et artistique dans la vie, dans le coeur d'un artiste florentin. La vie a réservé son lot d'épreuves à Giovanni, un peintre florentin imaginaire du XVème siècle. Il a perdu celle qui donnait sens à sa vie, à son art. Sa muse Léonora n'est plus et Giovanni entame une réflexion sur ce qui fait l'essence de nos vies, sur ces ruptures, ces cassures dans notre chemin de vie, ces souffrances, ces douleurs mais avec toujours en creux cette idée d'un réconfort spirituel et artistique qui nourri, enveloppe notre corps et notre âme. Car oui le livre de Pauline de Préval est de ceux qui ont une âme, une authenticité qui font de ce roman un voyage enrichissant et nécessaire pour qui souhaite contempler les mystères de la création artistique. On mesure à la lecture de ce livre au style épuré, chatoyant et lumineux, l'effervescence ou l'ivresse de celle qui souhaite partager, à travers ce roman, son histoire, son contexte, la part de mystère et d'ineffable du cheminement de chacun(e) vers sa propre vérité. le texte est habité, à la fois riche et dans un même élan dépouillé. La lecture de « L'or du chemin » laisse à chacun la liberté d'en tirer une leçon ou pas. Car cet or au bout du chemin c'est aussi la question du Salut. L'art et le mysticisme religieux se conjuguent ici pour donner sens au chemin de vie, à ces épreuves qui peuvent nous amener à grandir, à tendre vers la sublimation. Un roman, « L'or du chemin », et une écrivaine, Pauline de Préval, à découvrir absolument !
Je remercie chaleureusement, l'écrivaine Pauline de Préval, merci également aux éditions Albin Michel ainsi qu'à la Masse critique privilégiée et Babelio pour ce très beau moment de lecture !


Lien : https://thedude524.com/2019/..
Commenter  J’apprécie          292
Ce roman promettait de m'immerger dans la Florence de la Renaissance que j'aime tant, au milieu des peintres et autres grands artistes de l'époque… hélas, tout cela n'est évoqué que brièvement et je reste très déçue de l'ensemble.
Je ne suis pas parvenue à m'identifier au personnage principal qui manque de corps et dont la longue confession m'a paru d'une grande fadeur.
La présentation de l'ouvrage indique le format d'une lettre : je ne l'ai pas trouvé. Comment croire à une lettre alors que le texte est divisé en chapitres ? le fond et la forme ne correspondent pas, c'est fort dommage !
La soi-disante révélation finale est tellement « téléphonée » que je l'avais devinée depuis la moitié du roman. Quand bien même quel est le but de cette lettre ? Pourquoi écrire plutôt que de parler ? J'avoue que cela me laisse pantoise. le roman se termine sans explication, on ne comprend pas le « pourquoi du comment » !

En résumé un roman gentillet, à l'intrigue trop évidente pour ne pas dire inexistante, sans aucune originalité mais au goût de « déjà lu ».

Je remercie toutefois les éditions Albin Michel pour l'envoi de ces « épreuves non corrigées » et Babelio pour la MC Privilégiée.

(j'en profite pour signaler une coquille: page 135 il manque le « r » de Starnina)
Commenter  J’apprécie          244
Florence, XVe siècle : le jeune Giovanni est fils de teinturier et son père, qui commence à être âgé, compte sur lui pour prendre la relève. Mais le gamin passe plus de temps à contempler les fresques de Santa Croce que devant les bassines rouges et jaunes de son père. Non, sa passion à lui, c'est la peinture et il commencera par peindre un Christ dans sa cour avec les teintures de son père, ce qui plongera ce dernier dans une colère terrible qui le conduira… à la mort !
Le jeune Giovanni cherche sa voie, son style dans cette fascinante Italie de la Renaissance. Il tente de s'installer dans un atelier, de fabriquer lui-même ses couleurs. Mais c'est difficile : il va trouver un maître, un guide : le bon et généreux Starnina, dans l'atelier duquel il va entrer en apprentissage et faire ses premières armes, apprendre à travailler les matières... Trois années plus tard, il s'attaquera aux pigments pour enfin se lancer dans la grande aventure des « procédés picturaux »… Il rencontrera sa muse Léonora qui le guidera vers la lumière qu'il recherche tant et les commandes deviendront de plus en plus importantes. Mais Giovanni est un jeune homme idéaliste et il veut atteindre la perfection, une forme de sublime. Y parviendra-t-il ?
J'ai aimé cette brève plongée (le roman est court) dans cette époque fascinante mais aussi très violente du Quattrocento : la lecture de ce roman permet de voyager entre Sienne et Florence. Il suffit que j'entende parler du Ponte Vecchio, de Santa Maria del Carmine, des fresques de Giotto, de Simone Martini et l'envie de repartir me prend ! L'écriture ciselée et poétique est somme toute assez classique et ce petit roman se lit presque d'une traite. Un bon moment de lecture dont il serait dommage de se priver !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          203




Lecteurs (60) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3189 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}