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Critique de Apoapo


Extrait de la note de l'éditeur (qui pourrait figurer en 4e de couverture, plus explicative mais sans doute moins frappante et efficace que la série de slogans issus du discours idéologique, grotesque et obsessionnel des offres d'emploi typiques, qui se poursuit infiniment d'une couverture à l'autre) :
"La lettre de motivation est un jeu social dont personne n'est dupe, un exercice obligatoire dans le rituel du recrutement. J.P. joue à ce petit jeu comme [...] quelqu'un qui écrirait de vraies lettres [...] et qui petit à petit deviendrait fou [...]. Son propos n'est pas celui du pastiche ou de la caricature (imiter, grossir le trait). C'est tout l'inverse : chacun des personnages qu'il incarne tour à tour fait apparaître, précisément par son franc-parler, ce jeu social comme ce qu'il est : un jeu factice, mensonger et, en définitive, d'une incroyable violence. [...]
C'est cet exercice imposé de la fausseté, du mensonge sur soi et de l'humiliation, que les lettres ici rassemblées, dans leurs formes variées, proliférantes, souvent dingues et toujours opiniâtres, font dysfonctionner. A l'heure du "travailler plus" pour vivre moins, ces lettres de non-motivation nous réapprennent quelque chose de fondamental. Retrouver cette capacité, jouissive, libératrice, de répondre : non."

Vous souvenez-vous d'Exercices de style de Raymond Queneau ? Voici à peu près à quoi ressemble cet ouvrage (que très idéologiquement la tout nouvellement inaugurée Bibliothèque M. Duras de Paris 20e indexe à la cote 700 : livres d'art !!!) : reproduction photographique d'offres d'emploi réelles ; lettre de non-motivation de l'auteur, dans toute la variété de ses refus déclinables dans le fond, la forme, le style ; et pour une bonne moitié des exemples, des réponses sur papier à entête de l'entreprise, rarement plus subtiles que les rejets de candidature standards : d'où le redoublement du comique. L'intelligence de l'oeuvre se mesure, bien entendu, à la pertinence des critères de refus par rapport aux spécificités de l'offre, ainsi qu'au degré de causticité de l'humour.
Rarement déçu par l'une ou par l'autre, j'ai cependant trouvé par moments que la critique sociale cédait un peu à l'esthétisme du pur exercice de style, de la recherche de l'exhaustivité des formes et des fonds.
Mince reproche, tout de même, pour ce qui possède également de quoi satisfaire par d'autres moyens...
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