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Critique de ASAI


CHRONIQUE PRILEPINE PATHOLOGIES
Un récit davantage qu'un roman, tant on sent et on sait le vécu et la part d'autobiographie.
Sur la guerre entre les Russes et les Tchétchènes, le conflit entre la Russie et l'Ossétie du sud, une lutte entre un Orient slave et un Orient musulman, entre un pouvoir autocratique certes et un régime islamiste radical.
Car il faut dire les choses et Zakhar les nomme, de son point de vue, de Russe, de non croyant, d'écrivain qui doit témoigner.
Prilépine est un écrivain qui, si j'ai compris, se sent devoir témoigner, et surtout nous rapporter à nous extrême-occidentaux que la Russie n'est pas celle que nos imaginaires, notre histoire, nos dogmatismes ont forgée.
Par conséquent, il fait oeuvre de témoignage avant tout et comme pas mal de ses « amis » ou « congénères » ou « compatriotes » ou… Et il me semble que nous récepteurs nous devons absolument les non seulement entendre, pour le moins, mais surtout les écouter.
La première oeuvre de Prilépine que j'ai découvert était l'archipel des Solovki.
Je ne savais pas et je ne sais toujours pas si c'est la première, la deuxième , ou autre, pour ma part, en tant que lectrice, je m'en fiche. Il est sûr que Zakhar veut reconstruire quelque chose qui a été détruit dans l'histoire, la sienne, et que pour l'instant il parle de destruction, de mort, de massacre, de sacrifices.
Pathologies est justement le sujet de ces maladies russes. Faire la guerre. On ne sait pas pour quoi (l'espace est volontaire, il ne s'agit pas de la cause mais du but). Mais on la fait. Sans sens. Un bout de territoire ? non sûrement pas. Une ressource (eau, pétrole, uranium ou plus), non plus. Alors ? aucune réponse. C'est comme la jalousie qui s'empare soudain du héros (protagoniste plutôt). Il devient jaloux de sa douce Dacha. Pourquoi ? Il est jaloux des amants passés. Passés. Comme la Russie ? Qui ne supporterait pas l'indépendance des anciens satellites de l'ex-URSS ?
La guerre. Prilépine ne fait aucun cadeau. Toutes les pires images d'une guerre fin XXème siècle sont décrites, dans toutes leurs dimensions, leurs couleurs, leurs odeurs, leurs mouvements. Parfois, la bouillie peut paraître intolérable. Mais. Qu'est-ce qui n'est pas supportable ? le récit ? La réalité qui a fait qu'il y avait plus tard ce récit ?
Certes, la fin m'a paru un peu hollywoodienne, pour un Prilépine qui nous exhorte à abandonner le visionnage des films américains et de préférer la lecture (là-dessus je suis d'accord avec lui), mais la fin de son livre est construit comme les pires films américains sur la guerre du Vietnam.
Alors, soit c'était involontaire, alors, bon, je passe, après tout, nul n'est parfait,
Soit c'était volontaire, mais un petit élément signalant l'ironie aurait été le bienvenu.
Conclusion, le style du livre est alerte, phrases courtes, précises, pas de chichis. Des horreurs, des atrocités, mais c'est la guerre, les bisounours, les feel good, c'est pas la vie, ouh ouh on se réveille, le monde est fait d'horreurs, de crimes abominables et pourtant, les hommes si faibles soient-ils sont capables de gestes fraternels. Il me semble que c'est le message que Prilépine a tenté d'inscrire dans cette oeuvre.
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