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Critique de BillDOE


Le temps s'est écoulé et de nombreuses années sont passées lorsque le narrateur après de longs séjours en province pour se soigner est de retour sur Paris. Il constate que mal grès la guerre, l'effervescence de la vie parisienne est toujours aussi présente et que les salons sont toujours le lieu incontournable où se rassemblent toute la mondanité d'une société bourgeoise et aristocratique du faubourg Saint-Germain. Pour « en être », il faut fréquenter ceux de madame Verdurin et de madame Bontemps. Il est de bon ton à ces occasions, de se montrer patriote et seul monsieur de Charlus affiche sa germanophilie. Ce dernier s'est rendu anonymement propriétaire d'un lupanar qu'il a laissé en gérance à Jupien et où il se livre sans retenue à ses plaisirs coupables et sadomasochistes. le narrateur se désespère de trouver l'inspiration qui lui fera réaliser son oeuvre littéraire. Il se rend à une soirée donnée par le prince de Guermantes où les souvenirs le submergent.
« de même que le jour où j'avais trempé la madeleine dans l'infusion chaude, au sein de l'endroit où je me trouvais, que cet endroit fût, comme ce jour-là, ma chambre de Paris, ou comme aujourd'hui, en ce moment, la bibliothèque du prince de Guermantes, un peu avant, la cour de son hôtel, il y avait eu en moi, irradiant une petite zone autour de moi, une sensation (goût de la madeleine trempée, bruit métallique, sensation du pas) qui était commune à cet endroit où je me trouvais et aussi à un autre endroit (chambre de ma tante Octave, wagon du chemin de fer, baptistère de Saint-Marc). »
Alors qu'il pénètre dans la grande salle, il découvre une noble assistance déguisée. Il pense être à une soirée costumée mais ce n'est que lorsqu'il s'approche des participants qu'il se rend compte que ce n'est qu'un effet pervers du temps qui les a vieilli et considérablement abîmés. Ce qu'il prenait pour travestissements et pastiches ne sont que le produit du travail du temps.
Le jeu de ses réminiscences et de ce passé qui se fait présent est une révélation pour son projet d'écriture.
« … Je m'apercevais que ce livre essentiel, le seul livre vrai, un grand écrivain n'a pas, dans le sens courant, à l'inventer puisqu'il existe déjà en chacun de nous, mais à le traduire. le devoir et la tâche d'un écrivain sont ceux d'un traducteur. »
Par la suite, il est victime d'une attaque cérébrale.
« le temps retrouvé » est le septième et dernier tome de la monumentale oeuvre de Marcel Proust « à la recherche du temps perdu » (3000 pages). il est en quelque sorte la synthèse de la réflexion de l'auteur, la partie de son oeuvre où il met le plus de lui-même. Ecrit avec la précieuse aide de sa gouvernante et confidente Célestine Albaret qui veillera Proust jusqu'à sa mort, il parait à titre posthume, comme les deux tomes précédents. Marcel Proust n'aura plus l'énergie pour remanier son texte une énième fois, le compléter de ses fameuses paperoles qui rendirent fou Bernard Grasset à l'époque de « du côté de chez Swann ». Auparavant, Marcel Proust avait présenté son manuscrit à Gallimard, mais André Gide faisant parti du comité éditorial avait refusé de le publier (y voit-on là la crainte de Gide que Proust aurait pu lui faire de l'ombre ?). Ce n'est qu'en 1916 que Gaston Gallimard dépêchera Gide pour qu'il acquière les droits sur l'oeuvre de Proust et l'éditera dans son intégralité.
La « recherche du temps perdu », le « temps retrouvé » sont ce recueil de souvenirs qui tapissent le nouvel horizon qui nous fait face alors que nous sommes dos à la mort.
Editions Gallimard, 331 pages.
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