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Critique de Soukiang


Cachez-vous des cadavres dans votre placard ?
N'avez-vous jamais eu cette impression de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de votre tête ?

A partir d'un prologue à vous glacer le sang, ce thriller va vous faire mordre la poussière graduellement, au point d'en ressentir toutes les effluves nauséabondes, comme ces eaux usées qui serpentent dans les caniveaux, vous en retiendrez votre respiration, il est crucial de vous mettre dans cette zone de non retour, une histoire qui continuera à titiller vos neurones bien après le mot FIN, ne serions-nous pas des pantins manipulés par des puissances obscures ?

Ce qui importe dans les thrillers est ce point de rupture des personnages avec leur environnement familier, désarticulés ou poussés dans leur limite, il n'existe aucun moyen de prévoir jusqu'où l'être humain peut défier l'entendement, parfois cela peut être ... pire que la mort !

Après avoir découvert la plume de l'auteur niçois avec L'âme au fond et Kirsten, un recueil de nouvelles et un roman dans le registre de l'horreur et du fantastique qui restent encore prégnant dans ma mémoire de lecteur accro au genre, en attendant de découvrir Les initiés (en collaboration avec Frédéric Livyns et édité chez Sema), il me tardait de replonger dans l'univers particulier de Sebastien Prudhomme-Asnar avec un pur thriller, que je qualifierai d'alternative en l'espèce, c'est d'ailleurs le slogan de l'éditeur Éditions Underground, l'alternative littéraire, une couverture signée Julien Lesne qui vous convie dans une dimension spéciale, celle de tous les possibles et de tous les excès, bienvenue en enfer !

3

Fort de références culturelles cinématographiques (Saw, Une nuit en enfer, Evid Dead ...), cette histoire est de celle qui transcende le simple pitch de départ, un huis-clos dans lequel des personnages se retrouvent emprisonnés sans savoir encore qu'ils sont tombés dans un piège machiavélique, l'ambiance vire rapidement au cauchemar absolu, chacun cherche encore à comprendre comment ils en sont arrivés là, cette sensation étouffante d'évoluer dans cette promiscuité grandit au fur et à mesure des révélations du cadeau empoisonné, définitivement anxiogène, développer les états d'âme et les raisons d'être laissent à penser qu'un maître se cache derrière tout le scénario macabre à l'oeuvre, l'atmosphère malsaine et poisseuse se transforme en une boîte prête à déflagrer tout azimut, sans concession et remise de peine, la narration implique des sentiments paradoxaux face à la peur et à l'inconnu, un style qui se joue des personnages entre violence extrême et l'humour noir, ce froid sinueux gouttant dans vos veines succède une forme de jubilation, reste que tout devient nauséeux et suffisamment percutant pour tourner les pages avec une curiosité avide.

2

Ce n'est pas le protagoniste borderline, ex-flic et désormais enquêteur privé, qui contredira l'expression "Ne jamais se fier aux apparences", jamais les rebondissements ne jaillissent d'une pichenette par hasard, pour Tobias D'hordain, tourmenté par un passé nébuleux, loin d'une mission de routine, s'il est le fer de lance de ce récit diabolique, entre un suspense alliant phases en staccato et crescendo, la musique a une place importante dans la tonalité de l'écriture, ne pas hésiter à se reporter, en parallèle à la lecture, à la Track list figurant en fin de livre pour s'imprégner de ces plages sonores, de AC/DC à Marylin Manson en passant par Metallica ou Janis Joplin, la musicalité des riffs en exergue et la pertinence des titres choisis n'est pas fortuite pour comprendre les différentes thématiques, de la responsabilité parentale à la culpabilité, de ces démons intérieurs empoisonnant l'âme au poids des décisions, les regrets devront attendre encore un peu avant de se trouver une place au coeur de certains personnages, en proie à une faim insatiable ou vénale, les sentiments libérateurs en gestation suscite l'envie d'éprouver une certaine empathie plutôt que le dégoût et la malsaine attirance, chacun scrutera ce besoin de confidences, comme si l'urgence de la situation faisait se précipiter le moment irréversible.

1

Entre Gunfight survitaminés et courses-poursuites digne des meilleurs séquences du genre, la générosité des détails écrase quelque peu des situations rocambolesques ou tirés par les cheveux, la plume de l'auteur a clairement évolué depuis ses premiers écrits, là où le style épuré laissait transpirer son amour pour la littérature de genre (horreur, fantastique ...), cette nouvelle direction est toujours un pari risqué, J.K. Rowling ne s'y est pas trompée en clamant "Tout est possible si vous avez assez d'audace", autant le dire clairement, Pire que la mort est un page-turner qui oscille entre effroi d'un monde à la dérive et un plaisir viscéral de lecture , découvrir une galerie de personnages ambivalents dans leur chair et état d'âme, tous plus captivant les uns que les autres, c'est l'avantage du roman de creuser en profondeur le champ sémantique et de réflexions, perte de contrôle et lucidité à toute épreuve, la peur de la vérité impliquant une responsabilité à affronter ses erreurs, passé et présent se mêlent dans une joute scabreuse pour tirer son épingle du jeu, l'action frénétique flirte avec les frontières de la mort, la vie devient le siège de la citadelle contre laquelle chacun cherchera à en affaiblir les prémices, étouffer l'oeuf avant qu'il n'éclot pour le meilleur mais surtout le pire !

0

La souffrance de l'être humain est proportionnel aux actes délictueux qu'il aura laissé dans son sillage, serait-il possible d'en mesurer la portée à l'échelle de l'univers, défricher un terrain pour semer de nouvelles graines aura-t-il le même effet que de chercher plutôt à en comprendre la source du mal, couper les jambes n'empêche pas de continuer à avancer autrement, il est des ramifications qui dépassent la logique des choses, le hasard ne naît-il pas d'une puissance divine, cette feuille morte qui tombe de l'arbre, le nuage qui traverse votre champ de vision ne cache-t-il pas une autre réalité ?

-1

Si vous cherchez à sortir de votre espace confortable de lecture, si vous survivez à cette expérience sensorielle, en apnée, peut-être alors entendrez-vous la petite voix intérieure vous invitant à faire le grand plongeon dans le tourbillon de la vie et de ... la mort ?
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