Tout le monde a déjà entendu le nom de
Sully Prudhomme (normal, c'est le tout premier
Prix Nobel de littérature), et pourtant tout le monde l'a bizarrement oublié. Qui même le lit encore de nos jours ?
Pour faire connaissance avec lui, j'avais choisi un recueil court (sauf que je ne pensais pas qu'il serait court à ce point, bref), intitulé Impressions de la guerre et publié e 1872. Donc après la guerre de 1870, qui fut suivie d'une famine à Paris et de la révolte des Communards. C'est pas rien, comme sujet ! Je me disais par conséquent que ces
poèmes de
Sully Prudhomme devaient recéler une noirceur inévitable.
Peut-être suis-je trop influencée par les arts plastiques, notamment par la série de gravures C'est la guerre ! de Vallotton, par les oeuvres d'
Otto Dix ou encore de Goya... En tout cas, la déception était au rendez-vous. Non seulement parce que je n'ai pas trouvé dans ces
poèmes un souffle qu'on s'attendrait à sentir dans de telles circonstances, mais aussi à cause du style, extrêmement académique. Il faut bien avoir en tête que, rien qu'en France,
Baudelaire, Mallarmé,
Verlaine et
Rimbaud (dont je ne suis pas plus fan que ça, d'ailleurs) avaient bouleversé la poésie et ses codes dans la seconde moitié du XIXème siècle (on peut au moins leur reconnaître ça, même si on ne les adule pas). Or, voilà un
Sully Prudhomme au style suranné, classicisant, académique... Je vais peut-être m'arrêter là pour les épithètes. Évidemment, Nobel avait donné des tas de directives qui ne mettaient pas forcément les qualités littéraires du lauréat en première ligne pour l'obtention du titre.
Non pas que ce soit mauvais. C'est bien écrit, ce serait sottise de le nier. Mais la lourdeur patriotique m'a, en sus du style, un peu rebutée. Et la brièveté du recueil me semble un frein à un développement plus riche du sujet de la guerre. Cela dit, il y a quelque chose d'intéressant dans ces
poèmes : c'est l'alternance de la vision de la nature et de celle de l'humanité. Nature vue comme presque cruelle, car elle continue sa vie sans se soucier des malheurs des hommes, ou au contraire première victime de la guerre et des hommes, les arbres sevrant de bois de chauffage au lieu de peupler les forêts. C'est là ce qui m'a interpellée, malgré la forme assez consensuelle de cette poésie.
À voir si d'autres recueils confirmeront cette première approche, ou l'atténueront.
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