Citations sur Les Ravissantes (13)
–Par où me faut-il commencer ?
–Il y a cette phrase que dit le roi dans Les Aventures d’Alice au pays des merveilles : « Commencez au commencement et continuez jusqu’à ce que vous arriviez à la fin, ensuite, arrêtez-vous. » Je pense que cette méthode a fait ses preuves.
Il travaillait pour un journal de Tucson et se trouvait là par hasard, de passage pour le week-end. Les journalistes raffolaient de ce genre d’histoires auxquelles toute la population pouvait s’identifier. Ils aimaient susciter la peur, la propager, l’exacerber, ils aimaient aussi jouer les enquêteurs, évoquer des pistes auxquelles personne n’avait pensé, en inventer des grotesques, des improbables, confectionner à la lueur de leurs néons des titres racoleurs pour la une du lendemain matin.
Denise, Susan et Eva, trois femmes, trois vies, et la même rage de se battre et de vaincre. Voilà pourquoi ils devraient tous comprendre aujourd’hui qu’elles n’abandonneraient pas, qu’une femme qui s’est levée ne se remet jamais à genoux.
Les réussites professionnelles, là aussi lorsqu’il y en avait tant on mettait de bâtons dans les roues des femmes, demeuraient invisibles au regard du grand public. On avait à peine parlé des sept milles Américaines ayant servi au Vietnam, la majorité comme infirmières, peut-être parce que la guerre était un jeu d’hommes et que l’image de la soignante en blouse blanche avait toujours été plus un fantasme dans l’esprit masculin qu’une vraie profession.
Il est vrai, la domination de l’homme était universelle et le rôle féminin était si peu considéré qu’une femme ne pouvait faire la une des journaux qu’en donnant naissance à des quintuplés. On passait sous silence tout exploit sportif féminin, lorsque toutefois il put y en avoir, tant il était compliqué pour une femme de participer à quelque épreuve que ce fut.
(…) il jeta un coup d’œil distrait à la rue à travers la fenêtre. Une femme était plantée sur le trottoir, regardant son caniche en train de se soulager dans le carré d’herbe où était fixé le panneau « BUREAU DU SHÉRIF ». Ne se sachant pas observée, elle le laissait faire. Le policier se demanda si elle aurait fait de même si elle l’avait vu derrière la fenêtre. Un philosophe grec, il y a très longtemps, avait démontré que l’homme devenait mauvais à partir du moment où il ne se savait pas observé. Deux mille ans après, ses paroles étaient toujours d’actualité.
Nous n'avons pas besoin d'argent. Votre société, qui repose sur le dollar, a prouvé sa faiblesse. Nous nous auto-suffisons. Nous produisons des fruits et des légumes, nous avons des chèvres, nous fabriquons du fromage dont nous vendons le surplus au marché, nous troquons, nous offrons notre art, des céramiques, des bibelots que je bénis, moyennant une obole. Se contenter de ce que l'on a est le chemin le plus court vers la sagesse, Shérif. Faites l'amour, pas les magasins...
[...] À la fois heureux d’avoir la solution à cette éprouvante enquête et soucieux de son dénouement cocasse.
[...] – J’ai entendu dire qu’il s’y passait des choses étranges, continua Denise d’une voix douce mais ferme. On parle d’orgies, de rites sataniques. Vous avez vu ce qui est arrivé avec la secte de Charles Manson il y a quelques années ?
[...] Il se sentait dépassé par les événements, il ne contrôlait plus rien. Cette ville était devenue une cocotte-minute qui menaçait d’exploser à tout moment.