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Critique de Marti94


Livre au format très agréable mais dommage que l'intérêt du sujet soit inversement proportionnel à celui de l'écriture !
Parce qu'avec ce portrait d'artiste Sophie Pujas tenait un excellent sujet mais je n'ai pas accroché à sa façon d'écrire. Portant, j'avais commencé la lecture de « Ce qu'il reste de nuit - Lokiss, un portrait » très motivée.

Tout d'abord, je trouve que le titre n'est pas approprié alors que le sous-titre donne parfaitement le ton. Car c'est l'histoire de Vincent Elka, graffeur qui a participé à la naissance du street-art en France.
Vincent Elka a choisi un nom d'artiste en référence à la nouvelle de Prosper Mérimée « Lokis » à laquelle il a ajouté un S pour faire américain, ce qui donne Lokiss. Ça ne commence donc pas très bien car la nouvelle de Mérimée n'est pas très joyeuse. Il s'agit de la dernière nouvelle parue du vivant de l'écrivain français mort en 1870. Elle raconte une histoire monstrueuse, celle d'un être issu du viol d'une femme par un ours. Et Lokis, qui signifie littéralement « le lécheur » en lituanien d'où vient la légende originelle, est le terme ordinairement employé pour désigner l'ours.

Mais ce qui est beaucoup plus intéressant, c'est que dans les années 80, encore tout jeune et issu d'un milieu ouvert aux arts (et pas défavorisé), il va s'approprier quelques murs du quartier de la Chapelle à Paris pour commencer à bomber. Bien sûr il n'est pas tout seul mais il y est.
Il commence par les Graffitis, inspiré par le développement du mouvement aux Etats-Unis où il se rend. Il va découvrir un style de vie, défend son territoire (murs, tunnels, trains de banlieue …) et s'habitue à voler son matériel, car cela fait partie du jeu.
Puis, il passe de la bombe au rouleau. Et ainsi de suite, il n'aura de cesse d'essayer de nouveaux outils, de nouvelles formes, de nouveaux supports : inox, métal, bois, verre, matières qu'il entrelace.
Il va vivre dans les Cévennes puis revient à Paris. Dans les années 90, jusqu'à aujourd'hui, Lokiss devient un artiste pluridisciplinaire qui a élargi sa palette aux arts visuels, numériques et à la sculpture.
Mais Lokiss revendique un certain « vandalisme » indispensable à l'expression de la rébellion artistique car, pour lui, le graffiti se construit dans la transgression. Sophie Pujas précise qu'il n'est pas là pour faire beau, ni pour plaire. le portrait qu'elle fait de Lokiss est d'abord celui d'un artiste marginal, dépressif et pas très sympathique.

J'ai trouvé ce livre difficile à lire en raison du style. C'est le genre d'écriture qui ne me plait pas: une succession de phrases « toutes faites » qui parfois ne veulent rien dire pour moi car je ne les comprends pas.
Voilà des exemples pour illustrer mon propos : « La beauté est un rapt qui laisse l'âme à merci » page 36 ou « Toute beauté est promise au rapt brutal du réel, en instance de disparition » page 63.
Bien sûr je parle pour moi et je regrette d'avoir eu cette impression car je me sentais concernée par le sujet ayant vécu la période décrite : les années 80 à Paris. J'ai vécu les réactions de rejet de cet art nouveau qui ne me déplaisait pas mais aussi les excès et dégradations de certains tagueurs, autre forme d'expression.
J'ai lu quelque part que « Sophie Pujas essaie de faire fuser les mots et les phrases avec la même énergie que la peinture sort des bombes. » Je ne doute pas de sa sincérité mais je l'ai pas ressenti.

J'ai également trouvé dommage qu'il n'ait pas plus de photos de murs. Il n'y en a que deux qui montrent très bien l'influence de Sonia Delaunay et qui sont très beaux. Les six autres photos sont celles d'oeuvres récentes.

Ce livre m'a été offert par les éditions Buchet Chastel dans le cadre d'une opération masse critique. Je les remercie.


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