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Critique de Tandarica


Voici un livre atypique. Sa noirceur n'a d'égal que la quête d'absolu qui y est renfermée. Je souhaite commencer par la préface signée Hélène Cixous, dont voici un extrait : « Mais j'avais sous les yeux le mince volume de la passion-selon-Zoë, en personne, au moment de la mue. En ce printemps-là, à Paris, Zoë ne pense qu'à écrire, elle nourrit sa ténuité insatiable d'un pêle-mêle de livres. Il arrive que je sois tentée de trier le bon grain de l'ivraie, mais le signifiant est plus fort que tout, l'ivraie et aussi lis vrai, et Zoë avale bien et mal également, dans une de-hiérarchisation que commande le désir. L'amer est aussi son miel. » Très érudite, Hélène Cixous est ici surtout délicate et juste envers cette « brillante chercheuse-fureteuse chinoise qui suivait à la course [s]es séminaires au CIPH (Collège international de philosophie) » et tout comme la traductrice Emmanuelle Péchenart qui éclaire notre lanterne grâce à une note finale, elle entend elle aussi, « saluer Zoë, ultra vivante ».
Une autre remarque préliminaire pour rappeler le caractère éminemment fragmentaire du texte annoncé par un avertissement au lecteur en ces termes : « Si ce livre est publié un jour, les gens qui auront occasion de le lire pourront commencer par n'importe laquelle de lettres qui le constituent. Il n'y a pas de continuité nécessaire entre elles, si ce n'est celle des dates auxquelles elles ont été écrites. »
J'ai, pour ma part, choisi la lecture linéaire. Je vais surprendre en disant qu'on est aussi amené à rire tout au long de cette lecture, comme lorsque dans la septième lettre du 2 mai 1995, en marge du débat télévisé entre Jacques Chirac et Lionel Jospin on lit : « Xu, je suis une artiste, voilà ce à quoi j'aspire, parvenir à l'excellence dans mon art (comme ce que j'ai lu dans les yeux de CHIRAC à la télévision, je suis sûre qu'il a longtemps travaillé ce regard et cette maîtrise du dirigeant, d'ailleurs, c'est probablement depuis son plus jeune âge qu'il ne cesse de tendre intérieurement vers l'objectif qu'il s'est fixé dans la vie). Dans mes réalisations, je vais explorer les profondeurs de l'existence, appréhender l'humain de la vie et la vie, parvenir à les exprimer à travers mes recherches et ma création artistiques. Rien de ce que je réaliserai en dehors de cela n'est important, si une de mes oeuvres peut atteindre l'objectif auquel je ne cesse de tendre intérieurement depuis le début de mon cheminement artistique, alors je n'aurais pas vécu en vain. » (p. 76-77) Et plus loin, p. 84-85 « ce sentiment d'une souillure que j'ai vécue de l'intérieur tandis que je m'effondrais, j'espère vraiment pouvoir l'exprimer dans un roman, d'une manière aussi hautement symbolique que Kôbô Abe dans La face d'un autre, ce serait vraiment le couronnement de l'amour que tu m'as porté. »
La narratrice, Zoë, a beau avoir le coeur brisé, sa lucidité et son envie de s'en sortir (ou plutôt « d'y arriver », selon ses propres mots) sont admirables et la lecture de ce livre qui s'apparente aussi à un journal intime offre de belles surprises sur le Paris de 1995 ou les films de Theo Angelopoulos (voire le cinéma en général) pour ne donner que quelques exemples.
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