AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Une histoire personnelle de l'ultragauche (7)

La technique, en devenant technologie, s'est entièrement centrée sur ce projet: mettre tout le réel au travail. Les animaux et les plantes, les atomes et les bactéries, l'air, l'eau et le soleil, et les humains, et leurs émotions, et leur attention, et leurs cellules, l'intimité de leurs organes... Tout cela a été toujours davantage soumis à la nécessité d'extraire à chaque fois plus de plus-value au profit du capital. On ne nouera pas une nouvelle alliance avec les plantes et les bêtes sans mettre fin à l'exploitation, sans remettre en cause la dynamique d'un développement technologique désormais inséparable - car il est son seul, et illusoire, espoir - du développement capitaliste. S'il y a un trou de souris par lequel l'humanité peut encore échapper à la catastrophe qui vient, c'est par là qu'on peut le trouver: dans la destruction de l'exploitation capitaliste et la sortie de sa civilisation.

Fin
Commenter  J’apprécie          20
«Coincée », "frigide", et l'inusable «mal baisée », que j'ai encore entendu récemment dans la bouche d'un vieux soixante-huitard: la domination masculine version libérée avait tout un vocabulaire à sa disposition pour convaincre les femmes qu'il valait mieux passer à la casserole sans faire trop d'histoire.
Commenter  J’apprécie          20
L'ANTI-TRAVAIL
Démantèlement de la puissance ouvrière et en particulier de ses forteresses usinières par la sous-traitance, l'automation, la délocalisation, la multiplication des statuts et la précarisation : la restructuration des appareils productifs nationaux lancée pour répondre à la combativité prolétarienne des années 1960-1970, accélérée par les contre-réformes thatchéro-reaganiennes mises à la sauce française par Mitterrand et ses successeurs, a rendu hégémonique l'idée que l'Emploi était le soleil unique autour duquel devaient tourner nos vies. Les gouvernants n'ont eu de cesse de répéter que c'était et serait toujours leur préoccupation centrale, tandis qu'ils continuaient de prendre des décisions qui rejetaient des masses croissantes de gouvernés hors du marché de la force de travail. Relancé comme un slogan électoral par Sarkozy, le thème de la «valeur travail » est encore repris en boucle par les politiciens adeptes de la crapuleuse tactique du «
Commenter  J’apprécie          20
Autour de Mai, il y eut au sein des sociétés occidentales, dans une mêlée contradictoire avec les mouvements de la jeunesse et des travailleurs, une immense et magnifique envie collective de rupture des freins sociaux et de renversement de toutes les lois, dont nous n'aurons fini d'épuiser la richesse qu'au jour où nous aurons commencé à la réaliser. Pour cela, il faudra nous débarrasser définitivement de sa récupération, ce gluant hédonisme post-soixante-huitard porté par les fractions les plus bruyantes de la classe moyenne intellectuelle, qui s'est montrée de fait si complaisante envers des mâles abuseurs détenteurs de capital symbolique. Il nous faudra aussi en finir avec les angles morts de l'élan collectif de libération des carcans de l'ordre moral: l'impérialisme du désir, l'absence d'attention à la question du consentement et aux phénomènes d'emprise, la confusion.
Commenter  J’apprécie          10
Considérer les guerres modernes, celle de 39-45 comme celle d'Ukraine, uniquement sous l'angle de la lutte des classes, c'est s'aveugler sur toutes leurs autres dimensions, nullement rabattables sur les intérêts du capital et ceux du prolétariat. C'est aussi s'interdire des choix éthiques, indispensables pour quiconque revendique une révolution à titre humain. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des trotskistes et des anarchistes français ont choisi de rester fermement arrimés au rejet des guerres impérialistes et au slogan de Liebknecht, et ont refusé de prendre parti entre Rockefeller et Krupp. L'ennui, c'est que le camp allemand n'était pas seulement celui de Krupp, mais aussi celui du nazisme, c'est-à-dire d'un totalitarisme génocidaire.
Commenter  J’apprécie          10
Le communisme a besoin de ce qui nous pousse à l'empathie pour quiconque refuse l'écrasement. Le «règne de la liberté », tel que le définit Karl Marx, a besoin de la résistance aux despotismes. Réduire cette dernière à une «
Commenter  J’apprécie          10
Prendre le contrepied des discours dominants a toujours été le réflexe conditionné de la critique anticapitaliste radicale (…). Conditionnés par une opposition séculaire aux mensonges du stalinisme et des démocraties parlementaires, qui dominaient l’opinion publique, nous avions facilement tendance, face à ce qui était généralement admis, à le remettre en doute. Or ce qui est généralement admis n’est pas toujours faux : nous aurions dû garder en tête cette vérité première avant de nous attaquer aux représentations dominantes des camps de concentration, comme d’ailleurs à celles de la sexualité.
Serge Quadruppani, Une histoire personnelle de l’ultragauche, pp.147-148.
Commenter  J’apprécie          00




    Lecteurs (18) Voir plus




    {* *}