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EAN : 9791097088569
214 pages
Editions Divergences (21/04/2023)
4.06/5   8 notes
Résumé :
Née dans l'expérience des conseils ouvriers (Russie 1917-Allemagne 1918-20), l'ultra-gauche historique oppose l'initiative de la base aux logiques de parti. Ce courant n'a cessé de se renouveler au contact de l'autonomie ouvrière italienne des années 70, des grèves, soulèvements et mouvements de jeunesse des années 80 à aujourd'hui, du féminisme, de l'écologie radicale, des gilets jaunes. À 70 ans, l'auteur, par ailleurs romancier et traducteur, a pour seule fierté ... >Voir plus
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Le Poulpe : La petite écuyère a cafté par Granotier

Le Poulpe

Sylvie Granotier

(8573)

199 tomes

Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Une histoire personnelle de l'ultra-gauche.
De Serge Quadrupani.

Comme les commentaires de plus de 3 lignes ne sont pas lu, commençons par la fin :
Courez acheter et lire l'Histoire Personnelle de Quadrupani.
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En premier lieu, nous ne somme pas trompés sur la « marchandise ». Il s'agit bien d'une histoire personnelle, même très personnelle et aussi courageuse.
En second lieu, il s'agit bien de la mal nommée « ultra-gauche » même si cette dénomination, outre le fait de ne pas être très vendeuse, me paraît peu appropriée. Communisme conseilliste me paraît plus signifiant et moins dépréciatif. On pourrait dire aussi la Gauche qui pense et qui agit, la vraie gauche.

Le livre s'ouvre sur deux ciattions que voici :
Même les rêves doivent lutter pour survivre
Et vous vous demandez: où sont passés tes rêves?
Et vous hochez la tête et vous vous dites: commeles années s'envolent vite
Et vous vous demandez encore: qu'as-tu donc fait de tes années?
Où as-tu enterré la meilleure part de toi? As-tu vécu ou non?

Dostoïevski, Les Nuits blanches.

La science sociale d'aujourd'hui est semblable à l'appareil productif de la société moderne:
tous y sont impliqués et en font usage, mais seuls les patrons en tirent profit.
On vous dit: vous ne pouvez pas le briser sans rejeter l'homme dans la barbarie.
Mais d'abord qui vous dit que nous tenions tellement à la civilisation de l'homme?

Mario Tronti, Ouvriers et Capital

Tout est dit mais le Tout reste à découvrir.
Dès le prologue , Quadrupani nous plonge dans le débat politique.
Puis il débute par la très belle « Lettre à un jeune révolutionnaire » qui décrit les deux moments fondateurs qui ont déterminés son engagement. Ces moments que nous avons tous vécu sont indispensables pour identifier, sinon ce que nous voulons, au moins ce que nous ne voulons pas..

Suit un long cours d'histoire sur 68 et l'après 68 mais surtout sur les débats sur l'histoire et les références nécessaires pour accomplir la révolution. Les conseillistes comme les léninistse et les trotskistes se réfèrent à Marx.. Les conseillistes en appellent plutôt au jeune Marx (les manuscrits de 1844, la Critique de Hegel et les thèses sur Feuerbach. Ils abhorrent Lénine, Trotski (les auteurs du coup d'état qui a réussi) ainsi que Staline et Mao bien évidemment. L'autre grande référence est Rosa Luxembourg du parti social démocrate allemand (la révolution qui a raté).
Cette importance donnée à Marx influent énormément sur le contenu des débats et des écrits produits par la petite bande de militants dans la revue confidentielle Spartacus .
Le point fondamental qui sépare les conseillistes des léninistes repose sur le fait que la révolution ne sera effectuée que par le prolétariat. Il n'y a pas besoin d'avant garde d'intellectuels bourgeois qui leur enseignera comment faire.
La discussion est approfondie au travers de références multiples et variées, de Kautski à Lafargue qui commence à ébranler la référence et la valeur travail avec son droit à la paresse.
L'autre question fondamentale, la disparition de l'état (et de sa police), sans doute conçue comme une évidence, n'est pas discutée.
Puis, soudainement, Quadruppani revient sur sa vie privée d'adolescent monté à Paris. Il déballe, presque sereinement, et surtout sans aucune haine ce qu'il a subi. Une claque !

Et on passe à autre chose, la vie dévorante de militant. Les débats, les idées, Socialisme et Barbarie, Castoriadis (cité deux fois), les situs et bien d'autres .
Le bouquin alterne ainsi les références politiques, les évènements et les engagements, les écrits ainsi que les rencontre, les joies et les déboires personnels.

Ainsi il écrit : « Le communisme a besoin de ce qui nous pousse à l'empathie pour quiconque refuse l'écrasement. le «règne de la liberté », tel que le définit Karl Marx, a besoin de la résistance aux despotismes. Réduire cette dernière à une «lutte pour les libertés bourgeoises » est un réflexe idéologique d'ultragauche avec lequel il m'a été vital de rompre. ».
Il répète plusieurs fois « un réflexe idéologique d'ultragauche avec lequel il m'a été vital de rompre. ».
Nous cheminons avec lui sur toutes les luttes importantes qui ont émaillées ses vies d'écrivain, de traducteur et de militant.
Il critique, s'auto-critique souvent, prend de la distance jusqu'à devenir un « compagnon de route ».
Il est à Notre Dame des Landes.
Il n'a rien lâché depuis sa « Lettre à un jeune révolutionnaire ».
Je ne cite pas sa très belle conclusion. Acheter le livre.


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Sous la plume de Serge Quadruppani, l'histoire de l'ultragauche se dévoile avec une nuance et une érudition qui ne peuvent qu'évoquer le cheminement tortueux de l'homme au sein des idéologies qui ont animé le siècle passé. Les profondeurs de ce livre dépassent de loin le simple récit politique. Il est le reflet d'une âme, l'histoire personnelle de l'auteur.

Le terme "gauchiste", comme nous le révèle l'auteur, trouve ses origines dans la rhétorique de Lénine, décidé à discréditer ceux qui s'écartaient de son interprétation du communisme. Aujourd'hui, ce mot a été dévoyé, réquisitionné par la droite pour caricaturer grossièrement toute la gauche. C'est là l'ironie du langage : un terme né d'une lutte interne à la gauche est désormais l'arme favorite de ses adversaires.

Mais là où Quadruppani excelle, c'est lorsqu'il plonge dans les méandres de sa propre expérience. Ses souvenirs de Mai 68, décrits avec une lucidité acérée, dressent le portrait d'une époque où la libération sexuelle s'est parfois faite au détriment du consentement. Cette époque, vantée comme une période de libération, semble avoir été une chaîne pour beaucoup, en particulier pour les femmes.

Enfin, le constat le plus mordant de l'ouvrage est peut-être la déperdition d'énergie constatée au sein même des groupuscules d'extrême gauche. Des années 60 à 2010, ces factions semblent avoir consacré davantage de temps à des querelles intestines qu'à la critique du capitalisme. À cet égard, l'analogie avec certains youtubeurs actuels, plus occupés à s'écharper entre eux qu'à éduquer ou éclairer, est frappante.

L'ouvrage laisse, je dois l'avouer, une impression d'amertume. L'intelligence, cette flamme précieuse, semble souvent gaspillée en vaines polémiques, en combats stériles. À la manière d'un Goya dépeignant les horreurs de la guerre, Quadruppani nous montre les travers, les déceptions, les illusions perdues de l'ultragauche. Une fresque à la fois sombre et édifiante.
Lien : https://tsuvadra.blog/2023/0..
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Une histoire personnelle de l'ultragauche, entre théorie et récit
Une histoire personnelle de l'ultragauche. — Il s'agira donc ici de tracer non pas tant l'Histoire de ce mouvement politique qu'une histoire. Une parmi d'autres, parallèle à la multitude qui existe. Une histoire qui se voudra donc personnelle, entrant en lien avec celui qui nous la conte, depuis une perspective qui lui est propre. Aussi fastidieuses que soient ces précautions d'usage, elles demeurent nécessaires. Elles nous renseignent sur ce qui nous semble être la meilleure manière d'appréhender cet ouvrage : avant tout comme un récit. Celui d'un militant et d'un écrivain se situant dans la lignée de Jean-Patrick Manchette, notamment.

À travers un récit parfaitement subjectif, je voudrais aussi faire sentir comment des positions théoriques peuvent se traduire par des choix existentiels – au risque que les premières apparaissent ensuite comme des justifications a posteriori des secondes, qui seraient en fait des bifurcations aux motivations bien plus obscures que ne voudraient le faire croire les trompettes de la radicalité.
Serge Quadruppani, Une histoire personnelle de l'ultragauche, p.13.

De la littérature d'idée
En filigrane de cette histoire personnelle de l'ultragauche, transparaît la question du statut de la littérature. Quels rapports peut entretenir la littérature avec la lutte politique ? de quelles manières et dans quelles conditions la littérature peut révéler son potentiel émancipateur ? Autant de questions qui nous touchent du côté de Litteralutte.

Théorie vs récit

Cet enjeu, à la fois littéraire et politique, est posé dès les premières pages de l'ouvrage. Par le choix assumé de l'auteur de ne pas nous livrer un « énoncé détaché de ses conditions de production »[p.11]. Affirmant ainsi sa position. Un choix est prolongé par le fait que Serge Quadrupanni intègre à cette histoire personnelle ses écrits journalistiques, citant tour à tour les essais ou les romans publiés ici ou là. Manière de souligner que l'écriture en tant que telle et sous toutes ses formes fait partie intégrante de cette histoire. La littérature (dans son sens le plus large) constituant une des voies vers l'émancipation et la fin de l'exploitation capitaliste. On peut seulement regretter que cet enjeu ne soit abordé de manière explicite qu'en fin d'ouvrage :

… j'avais lu ce que les anarchistes ont toujours produit de mieux sur le plan théorique : le récit, autobiographique ou pas, de leurs vies1. Jules Vallès, Alexandre Marius Jacob, Rirette Maîtrejean, Georges Darien, Alexandre Berkman, Louise Michel, Emma Goldmann, Errico Malatesta, Michel Bakounine et tant d'autres n'ont pas contribué au projet marxien d'ancrer dans une objectivité socio-économique l'avenir révolutionnaire, et n'ont pas pu saisir ce que cette tentative, tout en échouant largement, apportait en termes d'approfondissement des mécanismes d'exploitation et d'aliénation.
Serge Quaruppani, Une histoire personnelle de l'ultragauche, p.182.

Serge Quadruppani voit juste ici. À travers les figures qu'il cite, il ouvre à une (re)définition d'une littérature éminemment politique. Et plus particulièrement la place qui pourrait être accordée à cette dernière dans le cadre d'une lutte politique émancipatrice. Quelques rappels et autres contextualisations historiques sont nécessaires. C'est avec le XIXe siècle, en France, que s'est constitué le concept de littérature tel que nous l'entendons aujourd'hui. Regroupant la fameuse triade : poésie, théâtre, roman. Les essais, les écritures théoriques et scientifiques, à partir de ce même siècle, ont progressivement cessé d'être considérés comme littéraires. de ce point de vue, le XIXe siècle fait figure de charnière. On a commencé à y distinguer des écritures à portée esthétique qu'on appellera donc « littérature ». de l'autre, tout un ensemble d'écritures qui relèveraient du domaine de la pensée.

La suite sur https://www.litteralutte.com/une-histoire-personnelle-de-lultragauche-entre-theorie-et-recit/


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Des abus sexuels subis à 14 ans dans la "liberté tous azimuts" de 68 aux considérations et positionnements concernant le 49-3 pour la réforme des retraites, c'est 50 ans de la vie d'un homme pour qui détruire la société capitaliste a toujours été, est et sera toujours l'essence de sa révolte et de ses espoirs. Pour celles et ceux qui portent un peu de cette révolte dans les tripes, même parfois bien recouvert par le confort destructeur du bien-être bourgeois les jours de givre devant la cheminée, c'est une lecture indispensable et vivifiante. Pour les autres, comme disait Hara-Kiri à la belle époque : qu'ils crèvent !
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
L'ANTI-TRAVAIL
Démantèlement de la puissance ouvrière et en particulier de ses forteresses usinières par la sous-traitance, l'automation, la délocalisation, la multiplication des statuts et la précarisation : la restructuration des appareils productifs nationaux lancée pour répondre à la combativité prolétarienne des années 1960-1970, accélérée par les contre-réformes thatchéro-reaganiennes mises à la sauce française par Mitterrand et ses successeurs, a rendu hégémonique l'idée que l'Emploi était le soleil unique autour duquel devaient tourner nos vies. Les gouvernants n'ont eu de cesse de répéter que c'était et serait toujours leur préoccupation centrale, tandis qu'ils continuaient de prendre des décisions qui rejetaient des masses croissantes de gouvernés hors du marché de la force de travail. Relancé comme un slogan électoral par Sarkozy, le thème de la «valeur travail » est encore repris en boucle par les politiciens adeptes de la crapuleuse tactique du «
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La technique, en devenant technologie, s'est entièrement centrée sur ce projet: mettre tout le réel au travail. Les animaux et les plantes, les atomes et les bactéries, l'air, l'eau et le soleil, et les humains, et leurs émotions, et leur attention, et leurs cellules, l'intimité de leurs organes... Tout cela a été toujours davantage soumis à la nécessité d'extraire à chaque fois plus de plus-value au profit du capital. On ne nouera pas une nouvelle alliance avec les plantes et les bêtes sans mettre fin à l'exploitation, sans remettre en cause la dynamique d'un développement technologique désormais inséparable - car il est son seul, et illusoire, espoir - du développement capitaliste. S'il y a un trou de souris par lequel l'humanité peut encore échapper à la catastrophe qui vient, c'est par là qu'on peut le trouver: dans la destruction de l'exploitation capitaliste et la sortie de sa civilisation.

Fin
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Autour de Mai, il y eut au sein des sociétés occidentales, dans une mêlée contradictoire avec les mouvements de la jeunesse et des travailleurs, une immense et magnifique envie collective de rupture des freins sociaux et de renversement de toutes les lois, dont nous n'aurons fini d'épuiser la richesse qu'au jour où nous aurons commencé à la réaliser. Pour cela, il faudra nous débarrasser définitivement de sa récupération, ce gluant hédonisme post-soixante-huitard porté par les fractions les plus bruyantes de la classe moyenne intellectuelle, qui s'est montrée de fait si complaisante envers des mâles abuseurs détenteurs de capital symbolique. Il nous faudra aussi en finir avec les angles morts de l'élan collectif de libération des carcans de l'ordre moral: l'impérialisme du désir, l'absence d'attention à la question du consentement et aux phénomènes d'emprise, la confusion.
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Considérer les guerres modernes, celle de 39-45 comme celle d'Ukraine, uniquement sous l'angle de la lutte des classes, c'est s'aveugler sur toutes leurs autres dimensions, nullement rabattables sur les intérêts du capital et ceux du prolétariat. C'est aussi s'interdire des choix éthiques, indispensables pour quiconque revendique une révolution à titre humain. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des trotskistes et des anarchistes français ont choisi de rester fermement arrimés au rejet des guerres impérialistes et au slogan de Liebknecht, et ont refusé de prendre parti entre Rockefeller et Krupp. L'ennui, c'est que le camp allemand n'était pas seulement celui de Krupp, mais aussi celui du nazisme, c'est-à-dire d'un totalitarisme génocidaire.
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«Coincée », "frigide", et l'inusable «mal baisée », que j'ai encore entendu récemment dans la bouche d'un vieux soixante-huitard: la domination masculine version libérée avait tout un vocabulaire à sa disposition pour convaincre les femmes qu'il valait mieux passer à la casserole sans faire trop d'histoire.
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Videos de Serge Quadruppani (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Serge Quadruppani
Certains personnages ont la vie dure, traversant les années comme si auteurs et lecteurs ne pouvaient pas les quitter. Harry bosch, le fameux détective de L.A., est de ceux-là, créé en 1992 par Michael Connelly. Deux ans plus tard, Andrea Camilleri donnait naissance à son fameux commissaire sicilien Montalbano. Que deviennent-ils ? Leurs nouvelles aventures, qui viennent de paraître, valent-elles encore le coup ? Quant à Don Winslow, l'auteur de la fameuse trilogie La griffe du chien, il publie un recueil de six novellas dont deux remettent en scène les héros de ses plus anciens romans. Alors ? On a lu, on vous dit tout.
Incendie nocturne de Michael Connelly, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Robert Pépin, éd. Calmann-Lévy. Le manège des erreurs d'Andrea Camilleri, traduit de l'italien (Sicile) par Serge Quadruppani, éd. Fleuve noir. Le prix de la vengeance de Don Winslow, traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Isabelle Maillet, éd. Harper Collins. Vous avez aimé cette vidéo ? Abonnez-vous à notre chaîne YouTube : https://www.youtube.com/channel/¤££¤36Abonnez-vous20¤££¤4fHZHvJdM38HA?sub_confirmation=1
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