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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà un livre que j'ai vraiment beaucoup aimé. C'est l'histoire d'une disparition d'enfant, certes, mais c'est bien davantage. C'est une histoire qui se passe dans le sud profond des Etats-Unis, une histoire de racisme, de misère, l'histoire de femmes mal traitées qui tentent de se débrouiller entre l'ignorance sur la sexualité, le non accès à l'avortement en cas de grossesse non désirée, les séquelles laissées par une disparition d'enfant sur ceux qui restent, tant de choses qui pourraient, qui devraient, faire partie du passé et pourtant... qui menacent bien de revenir en force. C'est un roman noir, mais tellement plus que cela... Un vrai coup de coeur .
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A White Forest, dans le delta du Mississipi, il existe une carrière abandonnée réputée hantée, qui attire irrésistiblement la jeunesse. Bien que cela soit formellement interdit par leur père, Willet, Bert et Pansy aiment venir y nager, jusqu'à ce jour d'orage, où Pansy disparait.
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A première vue, le roman de Tiffany Quay Tyson s'apparente à un thriller classique. Seulement il n'en est rien ! Ce roman profond et intense, passionnant par bien des aspects, est aussi le récit d'une histoire familiale.
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Je me suis plongée avec délectation dans cette atmosphère envoûtante où légendes et malédictions se confondent avec la réalité. S'il est vrai que les lieux ont une mémoire, alors la carrière interdite a emmagasiné assez de malheurs et de morts pour émettre de mauvaises vibrations pour les siècles à venir. D'ailleurs, n'est-elle pas peuplée de fantômes avides, à moins que ce ne soit le diable en personne, en quête d'une âme innocente à dévorer ? Comme celle de Pansy, par exemple.
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Qu'est-il donc arrivé à la petite fille de six ans ce jour d'orage ? Une question qui n'aura de cesse de ronger Willet et Bert, dont le seul souhait, dès lors, est de retrouver leur petite soeur. Car Pansy est le soleil de la maison, et surtout de leurs parents. Celle qui, arrivée à l'improviste, a soudain monopolisé leur amour et leur attention. Il faut dire que cette enfant est dotée d'un fort tempérament et qu'elle est très intelligente.
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Sa disparition sonne le glas de la famille. Alors que les jours passent et que l'enquête peine à avancer, la mère sombre dans une profonde dépression et une autodestruction à peine voilée. Un comportement qui m'a fendu le coeur, d'autant plus terrible pour les enfants qui restent.
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Je me suis attachée sans détour au personnage de Bert, forte et volontaire, dévouée envers cette mère pour qui, depuis ce jour fatidique, elle est devenue invisible. Elle persiste dans ses recherches, et elle est prête à explorer toutes les pistes, toutes les théories.
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J'ai aimé suivre Bert et Willet dans leur quête de vérité, dans leur acharnement à comprendre, peut-être pour effacer une culpabilité trop dévastatrice, celle d'avoir échoué dans leur rôle d'aînés. Une quête qui va prendre sa source du côté paternel, vers leur oncle Chester mais surtout leur grand-mère Clem.
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J'ai aimé remonter l'histoire, découvrir petit-à-petit les liens entre toutes ces existences. Une histoire où le poids des secrets et des non-dits pèse inévitablement sur les générations suivantes, où l'autrice nous rappelle également une plus grande histoire, celle de la ségrégation et du racisme dans les états du sud, mais aussi de la condition féminine.
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Un profond sommeil est un thriller passionnant, qui m'a fait passer un excellent moment de lecture.
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Ma chronique est sur le blog.
Caroline - le murmure des âmes livres
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Un roman noir poignant et envoûtant.

« Les énigmes des Everglades n'étaient pas plus faciles à résoudre que celles de la carrière et des bois hantés. À la place des chênes, des pacaniers, et des frênes, on avait des palétuviers, des cyprès et des gommiers rouges, mais les ombres étaient identiques. La créature de mon enfance, n'importe quelle créature, pouvait se cacher entre ces arbres aussi facilement que chez nous. »

Mon flair ne m'a pas joué de mauvais tours cette fois. Je tiens là avec Un profond sommeil, ma pépite de la rentrée littéraire et sûrement une de mes plus belles lectures captivantes de cette année.

Un profond sommeil est profondément émouvant et terriblement envoûtant.

Vous savez que je suis très attachée à l'ambiance d'une histoire, ici je dirai qu'elle est omniprésente mais qu'elle est surtout en parfaite équilibre avec l'émotion palpable de Bert en quête de réponses sur la disparition de sa petite soeur Pansy.

« T'as pas la sensation que nos vies, c'est juste un paquet de questions sans réponses, Bert? »

Il ne s'agit pas d'un énième roman qui porte sur la disparition d'une enfant non,
Un profond sommeil traverse le temps et les époques, aborde la culpabilité, la dépression et le deuil, les durs choix que nous avons à faire mais que parfois nous ne faisons finalement pas.

J'ai été happée du début jusqu'à la fin, regrettant parfois de le lire trop vite, j'ai surligné des passages tellement évocateurs, ainsi que des descriptions aussi minimalistes que fascinantes.

Un profond sommeil a ce petit quelque chose que d'autres n'ont pas.

Du Mississippi aux eaux sombres et hostiles des Everglades nul doute que ce roman vous hantera longtemps.

Coup de coeur 🤍
Merci à @sonatine pour cette découverte.


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Ce livre est définitivement mon coup de coeur pour la rentrée littéraire 2022. C'est ensuite que vient la charge d'expliquer pourquoi ce roman est mon coup de coeur, et prévoir aussi certaines critiques qui me seraient adressées, que ce soit sur mon blog, ici ou que ce soit dans la vie. Oui, il m'arrive de recommander certains livres et après l'on me le reproche parce que les livres sont trop violents.
Mais à quoi le lecteur qui choisirait de lire ce livre pourrait-il s'attendre ? A un roman à l'eau de rose ? Il s'agit de la disparition d'un enfant, de la dépression profonde dans laquelle sombre la mère des trois enfants – aux yeux de sa fille Bert, leur mère a oublié qu'elle avait deux autres enfants et qu'eux aussi avaient besoin d'elle – et de la disparition de leur père. le mot « disparition » est à prendre au sens propre du terme, non en une manière d'adoucir la mort. Earl, le père des trois enfants, a disparu des radars. Bert savait que son père vivait de trafic, avec son propre frère comme complice. Elle savait qu'il partait pour une durée indéterminée, et justement, au moment où Pansy a disparu, il devait revenir prochainement, parce que ses absences avaient toujours une durée maximale. Alors oui, la présence des policiers n'est pas pour faciliter son retour, les soupçons non plus – peut-être ce père fuyant est-il pour quelque chose, même si tout allait bien dans cette famille.
La disparition de Pansy, c'est une disparition parmi d'autres disparitions d'enfants. Certaines seront élucidées, d'autres non, et il ne faut pas oublier que Pansy est blanche. Non, ce n'est pas anodin du tout dans le Mississippi du XXe siècle. Sa mère passera au journal télévisée, et je sais très bien que si elle avait été afro-américaine, jamais elle n'aurait été assise à la télévision, à côté d'une journaliste, jamais elle n'aurait pu adresser un appel au ravisseur.

Ce que j'ai aimé aussi dans ce roman, c'est qu'il nous renvoie à plusieurs époques. L'esclavage – et les maîtres qui ne comprennent pas le désir de liberté de ses esclaves qui leur doivent tout, y compris les coups qu'ils prennent quotidiennement, pour leur bien. La guerre de Sécession. Les guerres qui traversent le XXe siècle. Tous ses retours en arrière nous montrent le racisme. Il est des scènes qui sont absolument insoutenables à lire, des scènes qui me hantent encore, parce qu'il ne faut pas se leurrer : les actes atroces qui nous sont racontés sont encore possibles, puisqu'elles l'ont été. Et, quand vous aurez lu ces scènes, vous reviendrez en arrière, et vous comprendrez mieux d'autres faits contés dans ce récit.
Il est question aussi de la condition féminine dans ce roman. A une époque où le droit à l'avortement est remis en cause aux Etats-Unis, il est bon de rappeler que, quand il a été instauré (et même sans doute encore maintenant), il n'était pas forcément possible, quand on n'en avait pas les moyens, quand on était trop éloigné de tous les centres médicaux, quand on ne veut pas que cela se sache, de subir un avortement. Il n'existait alors que deux solutions : un avortement clandestin (ou comment se transmettre les adresses qu'une femme se devait de connaitre) ou l'adoption de l'enfant (en menant une grossesse la plus discrète possible). Il est question aussi de toutes les souffrances que les femmes ont tu, et elles sont très nombreuses dans ce roman. Qui les aurait écouté ? Et même en ce moment, où l'on parle de la libération de la parole, j'ai peur qu'on n'écoute pas toujours/pas vraiment les femmes, voire qu'on leur demande très vite de se taire à nouveau, pour ne surtout pas déranger.
Transmission, le mot est là, la grand-mère paternelle de Bert tient à lui transmettre tout ce qu'elle sait, tout ce qui ne sera pas forcément avouable non plus, et, au fil du temps, Bert en découvrira de plus en plus sur le passé de sa famille. La transmission est là aussi dans les prénoms de Roberta et de Willet, qui sont ceux de leurs grands-parents maternels, morts bien avant leur naissance. Bert déteste son prénom, ce que sa mère ne comprend pas, et ce que certains romanciers qui manquent d'imagination ne comprendraient pas non plus : je ne compte plus les oeuvres où l'on donne à la petite-fille le prénom de la grand-mère parce qu'on n'a pas pensé à un prénom – pour une fille. Cependant, ce choix prendra sens, fera sens dans le roman, puisque Bert vit son prénom comme un poids – et est heureuse quand un enfant reçoit un prénom juste « pour soi ». Et Bert, de s'interroger à son tour sur ce qu'elle souhaite transmettre, elle qui n'a jamais cessé de chercher sa soeur et de chercher son père, comme si les deux disparitions, qui ont eu lieu en même temps, était indissociable.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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🥀Chronique🥀

« Aucun ange n'est descendu me consoler. »

Personne n'est venu consoler ces deux enfants, Bert et Willet, personne pour leur expliquer, personne pour les étreindre, même pas un ange. Juste le monstre Culpabilité qui est venu les enserrer…Et il est tenace, lui, crois-moi. Même Un profond sommeil ne viendra pas à bout de, lui…Alors, ils essaient comme ils peuvent de s'en sortir, de quitter les lieux et les monstres, de se défaire de leurs racines, de leurs conditions, mais le sang est fort. Il sera le plus fort, parce qu'il en est ainsi, dans les histoires de famille, d'héritage, de transmissions. Il y a des secrets qui prennent naissance dans le sang, et on ne sait jamais sous quelle forme, ils vont empiéter, ressurgir, bousculer les écoulements des uns et des autres, qui ne cesse d'attendre, eux, une consolation descendue du ciel…

« J'ai donné toute ma colère au ciel nocturne, hurlant jusqu'à ce que ma voix ne soit qu'un gémissement. »

C'est vrai que c'est un drame familial, mais ce qui m'a vrillé de l'intérieur, c'est tous les fantômes de la condition féminine qui viennent déposer leurs douleurs dans ces pages. En ce moment sur les terres américaines, le climat politique et social est oppressant, alors peut-être que les femmes ont besoin d'aller se cacher dans les mangroves, parler aux déluges, se confondre avec la flotte, lancer des malédictions sur des trous d'eaux, se perdre dans les profondeurs fluviales, écouter le chant du Mississippi, nager vite, vers d'autres estuaires... Peut-être qu'il est nécessaire qu'elles viennent mêler à l'eau, l'encre et le sang, la parole et les monstres, pour qu'enfin, la voix des impuissantes soit entendue. Peut-être qu'il est l'heure de voir surgir des profondeurs, une voie de sororité…Toutes ces femmes qui disparaissent, subissent, souffrent, avortent, crient, aident, pleurent, meurent, au fond -de l'eau-, au fond, qui, les entend?!? La vérité est peut-être sur le point d'éclater…En tout cas, seul.e.s ceux qui seront prêt.e.s, verront l'éblouissement…

« Nous n'étions pas les seuls à avoir laissé un morceau de nous-mêmes dans ce lieu. »

Cette carrière de White Forest est peut-être maudite, ou dangereuse, étrangement attirante, hantée de toute évidence…Lieu de multiples drames, elle se raconte, dans les histoires de douleurs, de sang, de pleurs…Et finalement, c'est parce que la recherche de la vérité nous tient trop viscéralement, que la magie opère, que nous y laissons une part de nous, -un morceau de coeur en ce qui me concerne-, mais quelque chose qui reste, indéniablement, en ces eaux. Qu'importe les malédictions, l'aimantation est trop forte, le danger trop grisant, et si j'en reviens avec un regard flou, empli d'Un profond sommeil, je tiens une vérité entre mes mains: ce roman noir est sublime! SU-BLI-ME!
Lien : https://fairystelphique.word..
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White Forest, Mississippi, 1976. Willet, seize ans, Bert, quatorze ans et leur petite soeur Pansy, six ans, décident de se rendre à la carrière proche de chez eux pour se rafraîchir et nager un peu. Willet et Bert vont cueillir des mûres, pendant que Pansy reste dans l'eau. Ils s'éloignent de leur soeur et un orage éclate alors. Lorsque la pluie cesse, et qu'ils retournent récupérer Pansy, cette dernière demeure introuvable. Que s'est-il passé ?

Ce roman a été un coup de coeur monumental. J'ai été bouleversée par ce récit qui apporte son lot de surprises, que ce soit au niveau de l'intrigue comme au niveau de l'écriture. J'ai été captivée de bout en bout et je n'ai pas vu défiler les pages.

Je dois dire que je ne m'attendais pas forcément à ce genre d'intrigue. J'ai pensé que tout tournerait autour de la recherche de Pansy et q'une enquête en découlerait, mais en fait, ce roman, c'est davantage un récit d'atmosphère, servi par des personnages particulièrement bien dépeints et par une acuité rare de la part de l'auteure afin d'analyser les diverses émotions des personnages.

En filigrane, nous suivons l'histoire de la carrière. S'il est vrai que ces passages peuvent paraître déroutants de prime abord, ils sont néanmoins nécessaires pour comprendre cette histoire familiale dans son ensemble.

Même si ce n'est pas un roman d'enquête à proprement parler, rassurez-vous, l'auteure fournira toutes les explications aux divers mystères qui jalonnent ce récit. J'ai trouvé que toute l'intrigue reposait sur la force des personnages, en particulier Bert, puisque toute l'histoire est vue sous son point de vue.

La plume de l'auteure m'a beaucoup plu. Je l'ai trouvée tout en sensibilité. le récit est narré à la première personne, procédé très judicieux. L'histoire actuelle est entrecoupée de passages dans le passé à chaque chapitre.

Un roman qui a été un coup de coeur pour ma part, tant les personnages sont bien dépeints et portent l'histoire. Il s'agit davantage d'un roman d'atmosphère que d'un thriller et l'histoire avance peu à peu. À découvrir.
Lien : https://mavoixauchapitre.hom..
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