Tahiti, c'est l'éloquente démonstration de l'existence de l'impressionnisme dans la nature.
Les obus ont asphyxié les couleurs, tétanisé les cœurs. J'arrête de peindre et ne reprendrai que quand cette saloperie de guerre sera finie…
- Vous savez, je ne suis pas un peintre réaliste. Même si je suis plus proche de la réalité que les tableaux de Gaugin. Gaugin, vous connaissez ?
- Jamais entendu parler !
Ouvrez bien les yeux ! Ce ne sont pas les tupapau de ces pauvres indigènes qui font peur, mais la violence des civilisés ! Et la dépravation des femelles !
C'est pendant l'enfer qu'on fait le ménage.
Ma peinture voit constamment des choses que votre appareil [photographique] ne pourra jamais voir, non plus.
Après l'espadon braisé aux patates douces, voici mon poulet coco. Cette fois, c'est au fafa.
Tahiti s'embrase. Papette ainsi envoyée sur un bûcher par des tortionnaires de passage, c'est terrible ! il faut que je l'écrire parce que… parce que j'ai peur ! Je ne sais pas pourquoi, mais ici à Tahiti, la guerre est plus indécente qu'ailleurs. Pire, elle est obscène.
Ne pas nier, ce n'est pas avouer !
Heureuses vahinés qu'on n'enferme pas dans des bureaux, et qui vaquent et qui dansent, sauf la nuit où leurs âmes s'effarouchent, je les envie souvent…