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Critique de mimo26


Un polar chilien déjà ce n'est pas banal, un polar chilien qui est le deuxième d'une série après « les rues de Santiago » au titre un peu passe-partout et qui semble avoir une côte élevée auprès des amateurs de polar, cela semble assez irréel et en même temps assez jouissif car il sort chez Asphalte et pour ce qui est des polars sud-américains intelligents, vous pouvez leur faire confiance. Et je ne peux que me joindre au choeur des louanges tant ce roman, garanti, c'est de la bonne came.

Une quatrième de couverture particulièrement réussie ne vous indiquant que le début des problèmes de Santiago Quiñones qui en verra des vertes et des pas mûres dans un court roman particulièrement explosif mais pas seulement parce que s'il a tout d'un hardboiled, il présente bien d'autres aspects positifs qui en font autre chose qu'un petit polar où ça défouraille à tout va.

Grâce au talent de Boris Quercia, on a ici un héros particulièrement intéressant car malgré les clichés habituels sur les policiers déglingués à moitié défoncés, on a néanmoins quelqu'un de terriblement humain, de lamentablement humain aussi. Santiago se défonce, a des jugements peu sûrs, perturbés par la coke qu'il s'enfile, ne sait plus vraiment où il en est dans sa vie amoureuse, n'hésite pas à baisouiller si l'occasion se présente quitte à le regretter après, pense de façon très émotive à ses parents, veut aider autrui mais doute aussi énormément et souffre de la mort de son partenaire dans une capitale chilienne qui ne semble pas être une destination de villégiature à privilégier. C'est ce côté faillible de Santiago qui crée une sorte de paranoïa tout au long de l'histoire. Santiago se montrant sympathique, on tremble pour lui qui donne l'impression de tomber de Charybde en Scylla et ceci, quoi qu'il fasse. Il m'a fait un peu penser à Milogradovitch dans « La Danse de l'Ours » de James Crumley qui connait lui aussi des moments de terreur incontrôlables dans des situations qui le dépassent.

En 200 pages bien souvent vitriolées (les lecteurs hommes vont sûrement se sentir visés, agressés), on a une histoire particulièrement bien montée, passionnante où n'est conté que l'essentiel pour offrir, comme dans le bouillant premier chapitre, certains tableaux apocalyptiques de première bourre mais aussi des passages plus intimistes très troublants, magnifiques malgré ou grâce à leur tristesse ou mélancolie. Beaucoup ont déjà dit avec justesse le bien qu'ils pensaient de ce roman et… je confirme, c'est très, très bien mais je m'en doutais un peu car j'avais déjà été bien époustouflé par « basse saison » de Saccommano chez Asphalte qui est une maison d'édition, on ne le dira jamais assez, offrant toute l'Amérique latine et hispanophone version macadam dangereux dans des histoires bien noires et très pointues pour qui s'intéresse à cette partie du monde et bien sûr, à ce genre de littérature. Franchement, je n'imagine pas un quelconque vrai amateur de polars ne pas trouver ici son bonheur tout en découvrant un Chili bien mal en point si on juge la corruption et la criminalité. Ceci dit, dans quel pays la corruption est-elle absente? Elle est visible et médiocre dans les pays pauvres, souvent invisible et particulièrement rémunératrice dans les pays riches.

Un grand polar. Faut pas le rater celui-là!
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