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Critique de brumaire


Comment la France, sortie victorieuse de la terrible Première guerre mondiale , a pu en vingt ans se désagréger jusqu'à l'inconséquence. Comment , avec ce que tous les autres pays considéraient comme la plus puissante armée du monde, a t-elle pu s'écrouler en un mois de combat en mai 1940. Ce sont à ces questions que tente de répondre " L'impardonnable défaite".
C'est un livre cruel pour un amoureux (un peu masochiste) de son pays. Certes "Qui aime bien châtie bien" , mais la lecture de ce livre est une invite constante à la hargne et à la colère contre les "élites". Loin de moi de tomber dans le populisme , genre : "tous pourris , tous des traîtres....on a été vendus...etc. ). Mais dans ce genre de livres où le pamphlet n'est jamais loin (Quétel pointe l'irénisme de quelques historiens prêts à dédouaner, tout ensemble, les politiques, les militaires et le peuple -bref , le désastre de 1940 est juste le fruit du hasard et de la malchance....) , la règle du jeu c'est de chercher des responsables et de pointer des décisions et des choix . C'est ainsi que l'histoire se fait . Notre pays , étant dans ces années cruciales , ni une dictature fasciste , ni une "démocratie populaire" , juste une République démocratique où le peuple élit ses représentants à l'Assemblée nationale, c'est la moindre des choses d'étudier leurs décisions et leurs choix. C'est aussi l'occasion pour l'historien de s'interroger sur les fonctionnements, où plutôt les dysfonctionnements, des institutions : en premier lieu l'armée , mais aussi les partis politiques.
Ce livre n'est pas le premier , loin de là , à essayer de comprendre la catastrophe de mai 40. le plus connu est bien sûr " l''étrange défaite" de Marc Bloch , mais à lire la bibliographie donnée à la fin du livre , les documents consacrés à cette période sont pléthore.
Le livre de Claude Quétel , un des plus récents, a le mérite d'appeler un chat un chat.
Il pointe d'une plume implacable les causes ,partagées certes, qui ont amené le pays à la défaite.
En vrac , la mesquinerie d'une classe politique plus occupée du jeu parlementaire que de redresser le pays, une armée , et plus particulièrement l'Etat-Major , en retard d'une guerre , des grands-patrons d'un égoïsme sidérant - Louis Renault refusant en 1939 de construire des chars à Billancourt - des partis politiques sclérosés , un peuple français majoritairement pacifiste ( mais comment le lui reprocher vu la saignée des 1 500 000 morts de 14 ) , et bien sûr, ce qui ne fera pas plaisir à la gauche, le Front Populaire et les grèves qui s'ensuivirent ; même si l'auteur ne croit pas que ces évènements à eux seuls aient pu être la cause principale de l'effondrement de 1940.
Aux yeux de Quétel peu d'hommes politiques, encore moins de militaires , ont été à la hauteur de la situation. La plupart se sont trompé sur la vraie nature du régime hitlérien, et quand il était encore temps de réagir par la force (en avril 1936 quand Hitler remilitarise la rive gauche du Rhin ) , l'impéritie du Quai d'Orsay, tout acquis aux anglais, a fait capoter une bonne occasion de donner un coup d'arrêt aux menées hitlériennes.
On aimerait donner d'autres exemples sidérants, tant ils sont nombreux, qui montrent la déliquescence du pays au moment de la déclaration de guerre. Un parmi tant d'autres et qui m'a fait rire -jaune- : Alors que les allemands sont déjà à Paris et que Gouvernement erre sur les routes en direction de Bordeaux, Pétain insiste, dans un conseil des ministres improvisé, pour que l'on développe , dans les plus bref délais bien sûr , ....les pigeons-voyageurs ! Claude Quétel rappelle que Guderian dirigeait ses panzers dans une voiture découverte hérissée d'antennes radio , avec à l'arrière des chiffreurs en ligne directe avec Berlin. Pendant ce temps là l' armée française déroulait encore les fils interminables des téléphones de campagne...comme en 14.
L ' impardonnable défaite s'arrête à l'armistice. Voulu par une majorité de français et par la presque totalité de la classe politique. Seule une poignée d'entre-eux ont sauvé l'honneur . De Gaulle bien sûr, et les quelques politiques qui ont embarqué sur le Massalia , même si parmi ceux-ci , quelques-uns peuvent être tenu pour avoir une part de responsabilité dans les évènements. Mais Claude Quétel, afin que l'on puisse boire le calice jusqu'à la lie , nous donne à voir comment l'Angleterre a réagi à l'agression d'Hitler. Là-bas le pays ne fait qu'un . Churchill lui a pourtant promis du sang et des larmes. C'est toute la différence avec la France qui au même moment commence à battre sa coulpe , encouragée par Pétain, Laval et consorts, c'est à dire par tout ce que la classe politique compte de plus conservateurs : expions cher concitoyens toutes ces années de jouissance et de permissivité ; on connaît la chanson ! cette antienne destinée autant à fonder le nouvel état "national" , qu'à exonérer l'armée de toute responsabilité dans la défaite.
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