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Critique de Wyoming


Un roman où la nostalgie, les erreurs du passé, la tentative de fuir tout cet ensemble pesant pour une femme à l'approche de la cinquantaine sont exprimés par Pascal Quignard avec poésie, par touches et, si l'héroïne est musicienne, j'ai eu davantage la perception d'admirer des toiles impressionnistes plutôt que d'écouter des sonates. Musique et peinture m'ont semblé être les piliers de cette histoire et elles auraient toutes deux manqué si l'auteur s'en était tenu à une simple narration de faits de vies.

Car, lorsqu'on arrive vers le terme du roman, on a bien la sensation d'avoir exploré avec plus ou moins de profondeur plusieurs vies : celle d'Eliane alias Ann ou Anna, celle de sa mère, celle de Thomas, de Georges, de Leo, de Giulia, de Magdelena et celle d'Amalia, la vraie détentrice de la sagesse et de l'acceptation des aléas du temps, comme de ceux de la mer qu'il s'agisse de la Bretagne ou de la mer Tyrhénienne.

Par moments, essentiellement dans les première et deuxième parties, ce livre m'en a rappelé un autre écrit par Jean-Paul Kauffmann, après sa libération, "La maison du retour". Ici, Ann quitte méthodiquement une maison parisienne pour s'attacher à une autre, perchée dans les collines de la belle île d'Ischia au large de la baie de Naples. Elle voulait la solitude et ce désir s'est finalement peu à peu transformé en l'acceptation d'autres rencontres avec leur cortège d'instants de bonheur et de malheur.

Les dialogues, quelquefois frisant l'absurde, m'ont paru très percutants, traduisant parfaitement les déroutes intérieures de quasiment tous les protagonistes, de la mère enfermée dans la solitude voulue de sa propre mort, à la fille qui sera finalement torturée à vie avec la musique pour unique échappatoire.

Sur la fin, la présence du père et la réapparition du mari quitté m'ont paru superflues, n'apportant finalement guère plus que d'autre détresses à toutes celles des différents protagonistes.

Le choix du titre est parfait car il est le nom de la maison et celui de sa propriétaire, la seule qui a finalement assumé sa vie avec ses joies et ses peines.
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