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EAN : 9782070765386
304 pages
Gallimard (02/03/2006)
3.69/5   447 notes
Résumé :
Loin devant les villas sur la digue, elle se tenait accroupie, les genoux au menton, en plein vent, sur le sable humide de la marée.
Elle pouvait passer des heures devant les vagues, dans le vacarme, engloutie dans leur rythme comme dans l'étendue grise, de plus en plus bruyante et immense, de la mer.
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Critiques, Analyses et Avis (57) Voir plus Ajouter une critique
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sur 447 notes
Ann, grande musicienne, torturée par la vie entre un père qui l'a très tôt abandonnée et une mère anxiogène qui ne cesse d'attendre son mari en vain, décide de tout quitter. Son boulot, son homme, sa maison, jusqu'à oublier qui elle était jusqu'à lors. Elle donne peu de raisons à ce besoin obsessionnel de tout quitter, elle ne peut, elle ne veut, elle se tait. Elle change de look, teint ses cheveux, s'habille différemment, et s'en va rejoindre la petite île d'Ischia en Italie du sud. Là-bas, Ann renaît. Sa métamorphose s'opère dans les courbes de la nature aride, dans la berceuse de la mer. Elle tombe amoureuse de la villa de la vieille Amalia. Au début revêche, la vieille dame s'attache à Ann quand celle-ci en pleures lui demande de cesser de lui crier dessus comme sa mère en avait l'habitude. Amalia accepte de lui vendre la villa.
C'est une villa qui surplombe la mer, délabrée certes comme la vie d'Ann, le sentier pour y parvenir est semé d'embûches comme la vie d'Ann. Mais Ann est en amour. Elle s'y sent si bien. Elle plante des citronniers, elle va se baigner tous les jours dans la mer.

Après une première partie vaseuse auprès d'une héroïne mal dans sa peau et dans sa vie, c'est une très belle renaissance dans sa seconde partie. le soleil est omniprésent, le bonheur et la liberté sont palpables, les pages sourient de bon coeur. Il y a aussi de belles rencontres qui attendent Ann. Un docteur et sa fille Magdalena. La petite de deux ans est en totale admiration devant la pianiste. Ann va lui apprendre à entendre les sons, tous les sons, celui du vent, des vagues, des oiseaux, du silence qui ensemble forment un temps au temps.

Un très beau roman méditerranéen dans lequel je me suis sentie bien là-bas à Ischia qui est toute même une des plus belles régions de l'Italie avec sa côte almafitaine. Un roman doux sur la renaissance d'une femme éprise de liberté.
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L'auteur nous raconte dans ce livre, la souffrance d'une femme Ann Hidden musicienne, passionnée de piano, mais ne produisant plus sur scène, passionnées également d'oeuvres anciennes qu'elle retranscrit à sa manière. C'est une artiste, torturée par la vie, les abandons : son père est parti alors qu'elle était enfant, juste après la mort de son petit frère, et sa mère a passé sa vie à attendre son retour. Il n'a jamais donné de nouvelles.
Après l'échec de sa relation avec Thomas elle fuit, décide mener une autre vie, change la couleur de ses cheveux, sa façon de s'habiller, elle est devenue une autre.
Quand elle tombe amoureuse de la belle villa ancienne creusée dans le rocher qui surplombe la mer, elle s'installe. le chemin qui mène à la maison est raide, parfois impraticable mais la villa semble se mériter. Elle l'aima avant de penser qu'on pût aimer d'amour un lieu dans l'espace.
Elle se replonge dans la musique, les oeuvres anciennes toujours, devient amie avec la famille propriétaire de la maison, en particulier Amalia.

D'autres personnes vont entrer dans sa vie, Leonhardt, Magdalena, sa fille
La natation occupe une grande place dans sa vie, avant elle nageait en piscine, là elle a la mer pour elle toute seule. Elle l'explore physiquement, tactilement comme les touches du piano. Elle écoute sa musique, parfois même son vacarme : Elle pouvait passer des heures devant les vagues, dans le vacarme, engloutie dans leur rythme comme dans l'étendue grise, de plus en plus bruyante et immense, de la mer.

Mais un nouveau drame va se produire et elle prendra encore la fuite.

Pascal Quignard raconte les blessures de l'amour, de la petite fille abandonnée par son père, puis par l'homme qui partageait sa vie, les blessures de l'amitié que ce soit Georges, ou les autres personnes, Léonhardt, Charles Giulia, Magdalena… et comment on peut aimer une maison tout autant qu'un être humain : Elle aimait de façon passionnée la maison de zia Amalia, la terrasse, la baie, la mer. Elle avait envie de disparaître dans ce qu'elle aimait… Mais ce n'était plus un homme qu'elle aimait ainsi. C'était une maison qui l'appelait à la rejoindre. C'était une paroi de montagne où elle cherchait à s'accrocher.

Il nous raconte la solitude de l'être humain, de la souffrance que l'on cache en soi et qui entraîne bien des fêlures, dans le fond du coeur et du corps. Est-ce la bonne solution de fuir, de disparaître quand on souffre ? Ann a le don de couper les liens presque chirurgicalement. Sa personnalité se transforme chaque fois qu'elle fuit, elle change de lieu mais aussi de vêtements.

C'est difficile de parler d'un tel livre, il est tellement puissant dans son message et son écriture qu'on en reste abasourdi, assourdi, sans voix.
J'avais bien aimé « Tous les matins du monde » et « terrasse à Rome » de Pascal Quignard et la magie a encore marché. J'ai tourné la dernière page hier soir et je suis encore toute hébétée, remuée car l'auteur fait réfléchir.

Un livre plutôt sombre, une héroïne qu'on n'aimerait pas trop avoir comme copine, tant elle nous dérange, mais qui fascine par sa liberté, sa façon de tout abandonner, de tourner la page, de recommencer ailleurs (qui n'en n'a pas rêvé un jour ou l'autre?), des personnages attachants. mais quelle belle prestation.
Note : 9/10
Challenge ABC

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Ann Hidden plaque tout après la trahison de l‘être aimé, pire elle efface tout jusqu'à changer d'identité. Mais peut-on disparaitre totalement ? Première incursion dans l'univers de Pascal Quignard. Peur de ne pas apprécier un auteur reconnu, de ne pas être à la hauteur. Et puis « Villa Amalia » m'a semblé être le roman pour entrouvrir la porte. Questionnements sur l'amour, fuir pour ne plus souffrir, pour se réinventer, direction vers le soleil, la lumière en guise de thérapie. Une histoire qui s'installe doucement, une petite musique qui vient triturer nos neurones, le roman de Quignard est joliment agréable. Une première rencontre donc pleine de promesse !!!
Benoit Jacquot l'a adapté fidèlement au cinéma avec une Isabelle Huppert envoutante et un Jean-Hughes Anglade tout en nuance.
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Premier livre de cet auteur que j'ouvre, et c'est une très belle surprise. Je ne pensais pas qu'un tel ouvrage puisse me happer encore moins m'émouvoir! Et pourtant les deux se sont produit... C'est un très beau portrait de femme compositrice, qui, entre deux gestes de vengeance et entre deux deuils, parvient à reconstruire une vie et une oeuvre. Entre le soleil d'Italie et la pluie de Bourgogne, c'est un très bel hymne à la nature et à la résilience. Mais c'est surtout un style!
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L'histoire commence de la façon la plus romanesque qui soit: une femme observe au milieu d'un laurier l'homme qu'elle aime en embrasser une autre pendant qu'un passant la reconnaît pour son amie d'enfance. Puis Quignard se prend -Qui l'eût cru?- pour Alexandre Dumas et son héroïne se venge de l'infidèle avec plus de cruauté encore que Monte-Christo n'a fait rendre gorge à ceux qui l'ont trahi.
Avec plus de cruauté car cette vengeance est trop excessive pour n'être pas suspecte. La répudiation du compagnon volage vise à effacer toute leur vie commune; Ann fait disparaître le lieu où ils ont vécu et gomme par là-même sa propre vie: telle Médée qui, pour faire souffrir l'amant infidèle, s'arrache à elle-même ce qu'elle avait de plus précieux.
(Bon, bien sûr, le compagnon, on s'en doutait quelque peu, paie aussi pour papa qui des années auparavant a abandonné et l'épouse et la petite fille).
Ann disparaît, parcourt l'Europe et, un jour, atteint le paradis où elle s'installe.
Ann a cru à sa propre renaissance, elle a pensé pouvoir tout gagner puisqu'elle s'était dépouillée de tout. Mais cette fuite intransigeante est permise grâce à l'amitié et à un confortable compte en banque. En fait, tu n'es qu'une enfant gâtée, semble dire Quignard à son héroïne. Contrairement à ce que tu crois, tu n'as encore rien perdu. Mais cela va venir.
Et cela vient effectivement. le malheur et la solitude. le renoncement. Et au bout du bout la réconciliation avec le père. Et la musique, la création qui est possible, non pas parce que la souffrance nourrirait l'art et qu'il faudrait l'appeler de ses voeux en bon romantique masochiste, mais parce que le deuil rend humble et humain et que l'art vient plus naturellement aux humbles qu'aux orgueilleux.
Bref, c'est Quignard tel qu'on l'aime, qui nous fait la leçon en bon janséniste contemporain.
Mais je préfère tout de même ses essais à ses romans.
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Citations et extraits (175) Voir plus Ajouter une citation
Tous les amants ont peur. Elle avait terriblement peur de ne pas convenir à la maison. Elle eut peur de ne pas savoir s'y prendre en lançant les travaux. Peur d'en altérer la force. Peur de rompre un équilibre. Peur aussi d'être déçue. Peur de ne pas être aussi heureuse qu'elle pensait qu'elle allait l'être quand elle avait découvert la villa pour la première fois.
Le printemps balaya la peur.
Ce furent les grands jasmins sauvages.
Ce furent les buissons de roses.
Ce furent les anémones sans nombre, aux couleurs si profondes, aux beautés de soie.
Ce furent les pavots.
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- (...) C'est terrible de manger tout seul. Tu ne peux pas savoir.
- C'est faux. J'ai toujours aimé manger seule, au calme, dans un coin de fenêtre.
- Je déteste cela.
- J'aime bien.
- On mange trop vite.
- Pas moi.
On est regardé.
- C'est vrai qu'on est regardée et que ce n'est pas ce qu'il y a de plus agréable. Mais manger seule, c'est pour moi un vrai plaisir.
- Je ne suis pas du tout d'accord avec toi. C'est à cause du silence que c'est moins bon. On ne peut pas exprimer ce qu'on éprouve en goûtant, en dégustant, en mâchant, en buvant. Je souffre tellement de manger seul. Tu mangerais avec moi ?
Il était suppliant. Cela lui fut aussitôt insupportable. Elle posa sa main sur son bras. Elle dit ferment :
- Un autre soir, Georges.
Ils traversèrent le jardin. Il cherchait dans sa veste son portefeuille.
- Ma carte, mon numéro de téléphone...
- Tu me les as déjà donnés.
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Abritée dans la roche, la villa dominait entièrement la mer.
A partir de la terrasse, la vue était infinie.
Au premier plan, à gauche, Capri, la pointe de Sorrente. Puis c'était l'eau à perte de vue. Dès qu'elle regardait elle ne pouvait plus bouger. Ce n'était pas un paysage, mais quelqu'un. Non pas un homme, ni un dieu bien sûr, mais un être.
Un regard singulier.
Quelqu'un. Un visage précis et indicible.
Elle enquêta pour découvrir les propriétaires de cette maison longue, étroite, déserte, qui surmontait la mer au sud-est - ou au moins en connaître l'histoire.
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Elle se retourna une dernière fois pour contempler la mer violente prise dans le lin brodé des rideaux des fenêtres.
Brodés un à un par sa mère dans la solitude.
Elle ouvrit les battants de la fenêtre.
Le bruit assourdissant de l'océan envahit le salon. sa mère avait vécu dans le bruit sans fin de l'océan toute sa vie. Sa vie de mère abandonnée par son petit garçon. Sa vie de femme délaissée par son époux. Et tout le restant de ses jours éloignée de sa fille.
Ann, angoissée, regardait les pieds des hortensias dans le reste d'écume, le grand escalier qui descendait en tournant sur la plage.
Les vagues de la nuit avaient rendu les marches toutes luisantes en se retirant.
Le sable était devenu aussi marron que les feuilles des arbres.
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(Par la suite) il lui expliqua qu'il s'était installé ici pour quelques jours, afin de ranger. Il avait décidé de vendre le pavillon où sa mère avait vécu seule après son remariage. Il ne souhaitait pas en avoir la charge plus longtemps. Il n'aimait pas cette ville. C'était un hasard miraculeux que cette rencontre à Choisy-le-Roi, pour peu qu'il y réfléchît. Quarante ans passent, un ange passe, une âme monte au ciel, une femme surgit sur un trottoir et plonge son visage dans les feuilles d'un laurier, le fantôme de soeur Marguerite se glisse tout à coup dans l'espace.
- Et deux fantômes boivent du thé ensemble, conclut-elle.
- Le thé de maman est bon, tu ne trouves pas?
- Georges, vous ne pouvez pas savoir combien ce que vous dites est vrai : je suis une femme devenue un fantôme.
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Vidéo de Pascal Quignard
L'auteur Pascal Quignard a bâti une oeuvre érudite et sensible. Avec "Compléments à la théorie sexuelle et sur l'amour", il poursuit sa réflexion sur la sexualité et la relation amoureuse et nous parle d'art, de masochisme, ou encore de sirènes... Il est l'invité de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Visuel de la vignette : Les Amants / René Magritte
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