- Elle est parfaite pour toi, mon pote. Antipathique, vulgaire...
- Folle à lier, je termine en souriant.
- Parfaite, c'est ce que je te dis !
- Elle a quoi Lois ? m'interroge Adam en observant son manège chaotique.
- Le mec qui est arrivé avec la soeur de Cart, c'est son ex.
- Celui qui l'a jetée à la rue comme une merde du jour au lendemain ?
- Celui-là même.
- Est ce que Lois va vomir ? intervient Lewis en nous rejoignant. Pourquoi elle tire cette tronche ?
Adam se penche à son oreille, et Lewis tourne la tête vers le fameux Kirk.
- Lui ? Il a intégré l'équipe, je le reconnais. Il tire pas trop mal, mais il court comme un pachyderme.
- Vous parlez de quoi, tout les trois ? demande Donovan en nous rejoignant. Tu veux un coup de main Lois ?
Elle agite sa main devant elle avant de ramener les trois piles de verres contre sa poitrine. Elle fonce à la cuisine, dépose tout près de l'évier et s'agrippe au plan de travail.
- Qu'est-ce que tu lui as encore fait, Lane ? me demande Don.
- Pour une fois, je n'ai rien à voir là-dedans.
- L'ex de Lois s'est pointé au bras de Juliet.
- Et ?
- Et c'est pas gentil ! précise Lewis en secouant la tête.
Je lance le premier après avoir éteint les lumières. A la moitié, Loïs est déjà endormie. Alors, on le relance le lendemain soir, et ainsi de suite les jours suivants. Elle ne tient jamais jusqu’à la fin, et la trilogie nous prend près d’une semaine. Idem pour Le Hobbit. Et c’est comme ça que, sans vraiment que j’en ai conscience, deux semaines s’écoulent. Je ne lui avais pas donné de délai précis, mais Lois aurait dû quitter mon appart depuis longtemps. Je devrais la rappeler à l’ordre, mais je ne dis rien et elle non plus. Je vois bien le regard de Carter chaque fois qu’il l’aperçoit chez moi, mais il a la présence d’esprit de ne pas commenter. Le temps file encore, octobre passe et rien ne change. Hormis peut-être une chose. Elle me tient toujours tête quand je la cherche, et je l’envoie inlassablement bouler, mais une espèce de complicité bizarre s’est instaurée entre nous. C’est ma première pote fille et ce n’est pas si chiant que ça, tout compte fait.
Bref, j’ai pris l’habitude flippante de la voir potasser, dormir, râler ou manger sur mon canapé et je ne suis plus si pressé de la voir déguerpir.
Je passe les dix minutes suivantes à fixer mon canapé en faisant défiler toutes les scènes dans lesquelles Lois m’a fait préférer sa présence à ma solitude.
"J'ai eu le temps de m'imaginer avec elle, de fantasmer sur ce qu'on ferait, de craindre d'avoir tout perdu. Un temps infiniment long qui rend mes baisers affamés et mes caresses pressées. Mais l'impatience de l'embrasser et de la toucher se mue déjà en un truc beaucoup plus profond, à la hauteur de ces sentiments que j'apprends à apprivoiser.
C'est dingue, comment ai-je pu attendre autant avant d'être prêt à l'aimer ?" (p.457)
- J'occupe déjà une bonne partie de ton espace vital, Lane. Alors, pourquoi est-ce que tu ne m'ignores pas à l'université ?
- Ça t'énerve ?
- Oui !
- Tu as ta réponse !
— Je n’ai vraiment pas envie de venir.
— C’est mon anniversaire, et j’ai besoin de toi pour les courses. On a un accord, tu te souviens ?
— Tu me fais du chantage ? je m’offusque en voyant clair dans son jeu.
— Voiture, il se contente de rétorquer.
Je me mords la langue et fais défiler mes options en moins d’une seconde. Rapide, puisque je n’en ai aucune.
— J’ai une condition ! je concède en trottinant derrière lui. Tu n’évoques pas notre… cohabitation temporaire. Sous aucun prétexte.
— Tu t’occuperas du bar.
— Connard
— Pardon ?
— J’ai rien dit.
- Lois Lane, mec. Tu pouvais pas lutter
Lois Lane, mec. Tu pouvais pas lutter, m'assène
Adam en haussant les epaules.
— Il est vivant ! s’écrie Lewis.
J’ouvre lentement les paupières et repère tout de suite mes amis en cercle autour de moi. Ils me jaugent comme si j’étais à poil, au centre d’un pentagramme tracé avec du sang de poulet.