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Critique de umezzu


Ce livre est le deuxième tome d'une série sur l'Allemagne de l'après seconde guerre mondiale, dans laquelle l'écrivain allemand Cay Rademacher dresse un portrait saisissant des conséquences des bombardements alliés sur Hambourg et d'années de domination nazie.

Hambourg 1947, les forces d'occupation britanniques ne craignent plus vraiment la résurgence de velléités guerrières de la part des Allemands et se contentent de gérer la pénurie, et le marché noir qui en découle. Restent quelques zones interdites, comme l'est le port de la ville hanséatique et particulièrement le chantier naval Blohm + Voss, qui est progressivement démantelé. C'est là qu'un gamin est retrouvé assassiné, déposé sur une bombe n'ayant pas explosé dans un hangar abandonné.

L'inspecteur Frank Stave va tenter d'identifier la victime. Tâche difficile : des milliers d'enfants laissés à eux-mêmes, pour certains originaires des ex-territoires de l'Est du troisième Reich, hantent les immeubles détruits, pillent dans les gravats, ou courent après les trains amenant du charbon en ville, pour en retirer quelques poignées du précieux combustible. Personne ne semble s'intéresser à ce jeune. Sauf peut-être une gamine de quatorze ans, violée par les Russes, et qui survit en se prostituant dans la gare centrale.

La situation décrite par Rademacher, entièrement basée sur des faits réels, est désespérante. Les habitants manquent de tout, aucune amélioration n'est en vue, et les profiteurs du marché noir sont ceux qui s'en sortent le mieux. Malgré les procédures dénazification, les certificats de non collaboration (les certificats Perzil) blanchissent l'activité d'ex-nazis, recyclés dans les services de police.

Dans ce marasme, la vie personnelle de Stave part à vau l'eau. Lui qui pensait avoir trouvé une nouvelle compagne et espérait le retour de son fils, engagé volontaire sur le front russe, et depuis détenu en Sibérie, voit ses projets s'effondrer. Son fils est bien de retour, marqué par ses mois de détention, mais la difficulté des relations avec ce jeune homme convaincu par le nazisme reste là. Et il est difficile d'envisager un avenir avec une amie, dont il ne connaît pas le passé, et dont il ne sait qu'une seule chose : elle est déjà mariée...

Ce roman se divise en deux parties. En premier lieu, une longue analyse par Stave de sa situation, de celle de ses compatriotes, et le constat de perspectives bien noires. La ville a beau être quasiment entièrement détruite, les nouvelles autorités constituées d'hommes neufs, n'ayant pas frayé avec les nazis, il est difficile d'essayer de se reconstruire. Chacun porte ses malheurs passés, ses morts et ses cicatrices.

Puis, dans un deuxième temps, les chapitres finaux reviennent à l'enquête. L'entrain revient avec la chasse à l'auteur des faits. le duo entre le lieutenant britannique MacDonald et Stave permet quelques dialogues savoureux et leur entente conduit à quelques scènes d'action qui emportent la fin de l'ouvrage.

Ce qui en résulte est un livre qui n'entre que très partiellement dans la catégorie roman policier, et constitue plutôt un témoignage romancé de l'époque. L'histoire tournant largement autour de la situation de Stave, il semble indispensable d'avoir lu L'assassin des ruines pour pleinement comprendre les ressorts de la pensée de l'inspecteur. le tout forme incontestablement une description prenante d'une époque complexe pour la population civile du nord de l'Allemagne.
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