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Citations sur Les mains du 'Che' (4)

Elle s'arrêta sur un passage, celui de l'analyse de la célèbre photo d'Alberto Korda, le lut à plusieurs reprises. « Tu la connais, bien sûr, cette image. Certains y voient une analogie avec le Christ, ou avec un Robin des bois moderne. Mais regarde bien les yeux de cet homme. Ils sont enragés, tragiques, terriblement sombres, pas seulement à cause de l'épaisseur de ses sourcils. Moi, j'y vois une forme de lucidité sur la nature humaine. Il sait déjà qu'il va être trahi par ses amis, que les ténèbres vont l'engloutir, un jour ou l'autre. Et il est prêt. On sent que la mort n'est pas son ennemie.»
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J'avais lu dans le magazine d'Iberia, consulté durant mon vol, que tel était bien l'objectif des organisateurs de l'Exposition [de Séville] : fêter les cinq cents ans de la découverte de l'Amérique, sous le signe de la modernité, de l'entrée de l'Europe dans le XXIe siècle. Christophe Colomb n'avait pas été le pire des conquérants, mais avant tout un explorateur, un défricheur, tout comme Magellan ou Amerigo Vespucci. Les chercheurs d'or, les sanguinaires, les massacreurs avaient débarqué après eux, et les cours d'eau, où ils croyaient trouver le métal précieux, s'étaient emplis de sang et de larmes. Je compris vite qu'à Séville l'heure était aux commémorations d'un monde triomphant, celui des vainqueurs.
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Vénissieux, 1980

Elle se faisait appeler Mila, pour gommer ses origines algériennes.
Djamila et son sourire de fée. Djamila et ses jambes de danseuse étoile. Djamila et sa voix douce comme une sonate de Bach. Pourquoi avait- elle disparu ?
Elle travaillait comme éducatrice dans un centre de réinsertion, dans la banlieue lyonnaise. Nous nous étions croisés dans une salle de la mairie, à l’occasion d’une réunion consacrée à une guerre des bandes de quartier, baptisée « Halte à la violence ». J’avais été envoyé là- bas par mon journal, Le
Point du jour, un quotidien communiste régional. À la fi n des années 1970, les banlieues découvraient avec stupeur les gangs ethniques. Il y avait les Italiens de Villeurbanne, les Maghrébins de Vénissieux, les Serbes de Tassin- la- Demi- Lune. Les mauvais garçons des années 1960, devenus employés de banque, commerçants ou petits fonctionnaires, avaient cédé leur place à cette nouvelle génération, plus dure, plus violente.
Pendant que les fonctionnaires égrenaient les chiffres des agressions et des règlements de comptes en tout genre, j’étais totalement concentré sur elle. Sur ses yeux. Ils étaient d’un vert émeraude quasi translucide. Elle paraissait s’ennuyer, au milieu d’exposés aux allures de procès- verbaux de police.
C’est là, dans cette ambiance d’agents municipaux, que j’ai fait sa connaissance. Dès les premiers instants, mon regard s’était attardé sur ses jambes, au fuselé magique. Elles semblaient totalement inadaptées à la chaise métallique sur laquelle la jeune femme était assise. Du fond de la salle où j’avais choisi de me réfugier, je pouvais concentrer mon attention sur cette déroutante incongruité : jamais l’expression « membre inférieur
» ne m’était apparue aussi inadaptée. À la différence du commun des mortels, Djamila, elle, n’avait que des membres « supérieurs ».
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Pays basque, 6 septembre 1984

Ce fut un orage mémorable. Un moment où l’on sent qu’une simple bourrasque peut vous transformer en fétu de paille. Seul face aux éléments déchaînés, je hurlais à la mort, les bras grands ouverts, en direction du large. Le ciel, zébré d’éclairs, grondait comme une armée en déroute. J’étais trempé de la tête aux pieds, malgré le ciré que je n’avais pas eu le courage
de retirer. Je m’approchais du naufrage libérateur. J’attendais la vague géante.
Ce jour- là, je m’étais posté sur la plage désertée par les touristes. La mer en furie rugissait, balayée par un vent surgi des abysses. J’étais enivré par la toute- puissance de cet ogre marin sentant l’algue et les embruns. Penché contre le parapet du chemin qui menait à la mer, grelottant, je cherchais encore une bonne raison de ne pas mettre fin à mes jours. Il fallait en finir. Me débarrasser de moi-même. M’éparpiller. Me diluer.
Retourner à l’état aqueux. Revenir aux origines. L’eau, la source de tout. L’horizon, d’un noir d’encre, semblait m’implorer de venir le rejoindre. Il réclamait sa pitance. J’étais prêt.
L’océan déchaîné poursuivait son assaut contre les falaises.
Au sud, les côtes espagnoles se couvraient d’une brume grisâtre, semblable à de la cendre de volcan. On ne voyait plus qu’à quelques mètres. Durant de longues minutes, persuadé de l’imminence de ma dernière heure, je me remémorai les quelques bonheurs que la vie m’avait accordés. L’un d’eux surpassait tous les autres.
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